De : Paul Thomas Anderson
Avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps, Lesley Manville, Harriet Sansom Harris
Année: 2018
Pays: Etats-Unis
Genre: Drame
Résumé:
Dans le Londres des années 50, juste après la guerre, le couturier de renom Reynolds Woodcock et sa sœur Cyril règnent sur le monde de la mode anglaise. Ils habillent aussi bien les familles royales que les stars de cinéma, les riches héritières ou le gratin de la haute société avec le style inimitable de la maison Woodcock. Les femmes vont et viennent dans la vie de ce célibataire aussi célèbre qu’endurci, lui servant à la fois de muses et de compagnes jusqu’au jour où la jeune et très déterminée Alma ne les supplante toutes pour y prendre une place centrale. Mais cet amour va bouleverser une routine jusque-là ordonnée et organisée au millimètre près.
Avis:
Paul Thomas Anderson est l’un des réalisateurs les plus intéressants de ces vingt dernières années. Jouissant d’une réputation folle, le réalisateur n’a cessé de surprendre et de s’assurer une place de choix dans le cœur des cinéphiles. Osant, essayant, sa filmographie est tout à fait passionnante et on peut aisément dire que chaque nouveau film signé Paul Thomas Anderson est une très bonne nouvelle et ça, même si on n’est pas sûr d’y adhérer. Oui, depuis 2010 et son chef d’œuvre ultime qu’est « There will be blood« , le cinéaste a pris un virage pour le moins « expérimental », qui a pu en laisser plus d’un sur le carreau.
Mais loin de son tripé « Inherent Vice« , et pile-poil dix ans après avoir fait tourner le légendaire Daniel Day-Lewis, Paul Thomas Anderson est de retour dans un cinéma plus classique. Un cinéma plus classique qui s’avère être d’une force et d’une élégance incroyable. Avec « Phantom Thread« , le cinéaste américain nous offre une histoire d’amour passionnante, ambiguë, très tendue et de plus en plus étincelante au fur et mesure que l’intrigue nous livre ses névroses et ses passions. Bref, si le réalisateur avait quelque peu pu décevoir, avec « Phantom Thread« , il ne fait pas que revenir au top, non, il revient aussi avec l’un de ses plus beaux films. Un film qui marque aussi la dernière composition hallucinante d’un Daniel Day-Lewis aujourd’hui retraité.
Londres, les années 50, Reynolds Woodcock est l’une des plus grandes figures de la mode britannique. Parmi sa clientèle, se bousculent les familles royales, les duchesses, les stars de cinéma ou les femmes les plus fortunées du monde. Les femmes dans la vie de Reynolds vont et viennent, mais il demeure un célibataire endurci. Mais un jour, il croise le regard d’Alma, une jeune serveuse. Fasciné et séduit, Reynolds va alors faire d’Alma sa maîtresse, sa muse, sa compagne, son employée. Et cet amour étrange et bel à la fois, va aussi être un puissant bouleversement dans la vie du couturier. Un amour qui va bientôt bousculer sa routine, comme jamais il ne l’aurait imaginé.
Remarquable, passionnant, fascinant, élégant, puissant, les mots manquent pour parler du dernier film de Paul Thomas Anderson. « Phantom Thread« , c’est un film d’une profonde richesse, qui ira bien plus loin que les névroses d’un couple. Écrit par Paul Thomas Anderson, ce huitième film pour le cinéaste est une sorte de petit best of, qui rassemble beaucoup de ses thèmes, tout en allant en explorer de nouveaux.
Tenu par un scénario intelligent et profond, « Phantom Thread » dans un premier lieu, c’est une histoire d’amour pas comme les autres. C’est une histoire d’amour et de fascination extrême entre ses deux personnages. Ce qui pourrait apparaître comme une rencontre et une relation basique, va peu à peu prendre une ampleur folle et devenir, au fil de l’intrigue, de plus en plus pesante, bousculant les codes et les habitudes.
Le réalisateur, à travers cette folle histoire, abordera aussi bien la passion amoureuse que le pouvoir du couple, sa stabilité, sa fragilité, ses incohérences et ses « je t’aime moi non plus ». Il y a quelque chose de pervers qui se dégage de cette relation. Quelque chose que le réalisateur sait magnifier, rendant cette relation belle et malsaine en même temps. Quelque chose qui nous accroche pour ne jamais nous laisser. D’ailleurs, on emporte « Phantom Thread » et ses personnages bien après la séance. Il faut dire qu’en plus d’avoir un scénario incroyable (qui ira s’aventurer aussi sur le terrain de la mode, du pouvoir de celle-ci, ou encore sur le pouvoir de création), le film est servi par un trio d’acteurs bouleversants. Daniel Day-Lewis qui tient ici son dernier rôle, mérite encore une fois tous les honneurs et « finit » sa carrière sur la plus belle des notes. Vicky Krieps qui a déjà une belle carrière (tournant aussi bien chez nous qu’en Allemagne et aux Etats-Unis) est une véritable révélation. D’une subtilité folle, d’un charisme certain, elle tient tête avec beaucoup de grâce à ce monstre qu’est Daniel Day-Lewis. Puis il ne faudrait pas oublier Lesley Manville, actrice britannique pas assez connue, qui tient là un rôle peut-être moins impressionnant que ses deux collègues, mais tout aussi fascinant.
Si le scénario est fascinant, riche et beau, « Phantom Thread« , c’est aussi une claque esthétique. Le film est incroyable dans tous ses aspects. Doté d’une mise en scène d’une très grande élégance, on remarquera le parfait travail du réalisateur, qui en plus de nous avoir concocté des plans merveilleux et des séquences prodigieuses sur l’univers de la mode, filmant la matière, les tissus, et les robes comme jamais au point d’être presque des personnages à eux seuls, arrive à nous entraîner dans une histoire d’amour aux portes d’un thriller. Magnifique, plus le film avance et plus il se tend et devient touchant.
« Phantom Thread » est donc une séance sans fausse note. C’est un moment de cinéma osé, loin de ce que nous sert d’ordinaire Hollywood. Un scénario prenant et passionnant, une mise en scène puissante, des acteurs brillants… Bref, que demander de plus ?
Note : 18/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=xH8wye72qFg[/youtube]
Par Cinéted