février 10, 2025

Sing Sing – Du Théâtre en Prison

De : Greg Kwedar

Avec Colman Domingo, Sean Dino Johnson, Clarence Maclin, Paul Raci

Année : 2025

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Incarcéré à la prison de Sing Sing pour un crime qu’il n’a pas commis, Divine G se consacre corps et âme à l’atelier théâtre réservé aux détenus. À la surprise générale, l’un des caïds du pénitencier, Divine Eye se présente aux auditions…

Avis :

Greg Kwedar est un producteur, scénariste et réalisateur américain qui vient de fêter cette année ses quarante ans. Débutant à la fin des années 2000, Greg Kwedar a suivi le parcours logique des jeunes réalisateurs, c’est-à-dire le court-métrage. Étant pratiquement à tous les postes, il enchaîne très vite les réalisations qui lui permettent une certaine visibilité. En sept ans, il va mettre en scène quatre courts, avant de réaliser en 2016 « Transpecos« , un film qui fera le tour des festivals. D’ailleurs, il avait été présenté au Festival de Deauville la même année.

« Transpecos » était un film qui s’était posé comme sympathique, avec certes des maladresses, mais il avait toutefois une intrigue et une ambiance qui savaient tenir son spectateur d’un bout à l’autre. Après huit ans d’absence, Greg Kwedar est de retour avec un second métrage, et cette fois-ci, il place sa caméra dans un centre d’incarcération pour s’intéresser aux lueurs d’espoir, et autant le dire, le réalisateur a appris pas mal pendant ses années de silence. Si le film est inégal, notamment dans le traitement de ses personnages, il n’en reste pas moins que « Sing Sing » est un beau film qui sait se faire intéressant et touchant.

«  »Sing Sing » est un beau film qui sait se faire intéressant et touchant. »

Incarcéré dans la prison de Sing Sing depuis une vingtaine d’années pour un crime qu’il n’a pas commis, Divine G a trouvé refuge dans la vie associative de la prison, et plus particulièrement au sein de son atelier théâtral. En fait, c’est là qu’il se sent utile et libre, en aidant des prisonniers à trouver leur chemin, et au-delà de ça, jouer un personnage avec un projet en dehors des murs. Alors que la dernière représentation du groupe fut un triomphe, il faut déjà penser à la prochaine, et qui dit nouvelle saison, dit de nouveaux « acteurs ». A la surprise générale, l’un des caïds de la prison, Divine Eye, se présente aux auditions…

Après les frontières du Mexique et ceux qui contrôlent ses allées et venues, voici que Greg Kwedar pose sa caméra dans les couloirs d’une prison pour y filmer sa lumière. « Sing Sing » se pose donc dans un genre que l’on connaît bien, le film carcéral. Le cinéma s’est toujours intéressé aux prisons et on pourrait croire, avec le nombre incalculable de films qui ont été faits, que le genre n’aurait plus rien de neuf à raconter, et si dans un sens, ce n’est pas faux, dans un autre, on peut dire que ce n’est pas vrai non plus, tout dépendra de son metteur en scène, de sa vision, et plus loin, de ses personnages et leurs acteurs qui les incarnent.

«  »Sing Sing » aborde la rédemption, l’espoir, la culture

Ici, si le film a un côté déjà-vu, il a aussi et surtout un côté très touchant dans le portrait qu’il va faire de ses personnages. « Sing Sing« , c’est donc un scénario qui situe son intrigue principalement pendant les cours de théâtre qu’il donne. Répétitions, et surtout discussions entre détenus sont de la partie.

Joliment écrit, si on regretta le côté « trop gentil » de ses détenus, au point qu’on peut se demander ce qu’ils font encore en prison, et plus loin pourquoi ils ont été incarcérés tant ces mecs sont vraiment sympas, on sera touché par l’espoir et la lumière qui ne cesse de les éclairer, afin de voir plus loin que les murs de la prison. Au travers de son scénario, « Sing Sing » aborde la rédemption, l’espoir, la culture, l’ouverture d’esprit via la culture, ou encore l’idée d’apprendre à se connaître et à se contrôler avec le théâtre. Si, parfois, les portraits que peint Greg Kwedar manquent de nuances, ils sont toutefois beaux, et surtout, ils sont touchants. Évidemment, le scénario s’intéressera plus particulièrement à deux de ces personnages, et si les ficelles tirées sont évidentes, ça n’empêche pas ces personnages de vivre, d’être vivants et d’être beaux.

Une beauté et une vie que l’on retrouve dans la mise en scène qui offre quelque chose que l’on n’a pas forcément l’habitude de voir dans des films de prison. Au beau milieu des ombres des couloirs, « Sing Sing » offre des moments de lumière superbes, des envolées pleines d’espoir, et des moments où chacun sera là pour l’autre, pour l’aider à sortir de l’ombre dans laquelle il s’enferme.

« Greg Kwedar a casté des acteurs parfaits pour les rôles. »

Après, face à l’ombre, il faut dire aussi que Greg Kwedar a casté des acteurs parfaits pour les rôles. Comme je le disais, si le film passe trop vite sur le part d’ombre, et même ne les aborde pas du tout, les relations et l’énergie entre ces personnes sont belles, et l’on se plaît à suivre, tout comme on se plaît finalement à être touché, par eux. Après, dans un autre sens, si on peut reprocher à Greg Kwedar de les rendre trop gentils, le fait de ne pas savoir ce qu’ils ont fait, et les montrer que pendant leur cours de théâtre, ça fait que l’on n’a pas de jugement sur eux et ce procédé les rend aussi touchants.

Ainsi donc, « Sing Sing » se pose comme un bon film intéressant et touchant. Joli moment de lumière posé dans l’ombre, Greg Kwedar livre un film de prison différent de ce que l’on a l’habitude de voir, alors même que l’on en connaît les codes par cœur. Bien mieux que « Transpecos« , même s’il est aussi très différent, « Sing Sing » met son réalisateur, et son acteur principal, superbe Colman Domingo, sous les feux de nos projecteurs cinéphiles, très intéressés.

Note : 14,5/20

Par Cinéted

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