
De : Steve Miner
Avec William Katt, George Wendt, Richard Moll, Kay Lenz
Année : 1986
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Comédie
Résumé :
Auteur de romans d’horreur et vétéran de la Guerre du Vietnam, Roger Cobb s’installe dans une vieille demeure léguée par sa tante. Mais il est très vite poursuivi par une armée de fantômes dirigée par Ben, un ancien du Vietnam abandonné par Roger.
Avis :
Parmi les petits artisans des films d’horreur des années 80, Steve Miner a tenté de se faire une petite réputation, et cela dès le début de sa carrière. Il commence dès 1981 et 1982 avec les deux suites directes de Vendredi 13, qui s’avèrent être ce qu’elles sont, des suites opportunistes branlantes, mais qui bénéficient d’un fort capital sympathie. Poussé par cette envie de faire de petits films d’horreur à tendance comédie, il va alors se retrouver sous la direction de House en 1986, film produit par Sean S. Cunningham, qui n’est autre que le papa du premier Vendredi 13. Comédie horrifique qui plonge un écrivain dans une maison hantée, House fleure bon une époque révolue, insouciante, qui s’amuse avec les codes du genre, et n’hésite à aller vers le ridicule pour mieux nous faire rire ou nous faire peur.

On va donc suivre Roger Cobb, un écrivain à succès de romans d’horreur, qui va hériter de la maison de sa tante. Une grande baraque un peu gothique, dans laquelle il semble se passer des choses étranges. En manque d’inspiration pour écrire son futur roman qui doit être une autobiographie durant la guerre du Vietnam, Roger décide de s’isoler dans la grande maison pour trouver le calme et des idées. Mais des fantômes en ont décidé autrement, et petit à petit, la vie de Roger vire au cauchemar, et il doit trouver de l’aide pour survivre, ou encore démontrer qu’il ne sombre pas dans la folie douce. Le pitch est très simple, le film ne dépasse pas l’heure et demie, et il propose aussi un fond assez malin autour des traumas de la guerre du Vietnam, on peut donc clairement dire que House est un long-métrage intéressant.
« Steve Miner arrive à construire un personnage humain qui n’est pas détestable »
Comme tout bon film d’horreur des années 80 qui se respectent, House démarre avec un évènement sombre, la découverte de la tante pendue par un livreur. Par la suite, on plonge dans le quotidien morose de Roger Cobb, qui signe des autographes à un public hétéroclite, mais surtout peuplé de punks et de personnes un peu envahissantes. Ici, on va découvrir qu’il est séparé de sa femme, une actrice reconnue, et qu’il en souffre. Premier bon point, le scénario travaille son personnage principal en lui créant un contexte et une souffrance qui peut toucher n’importe qui. Durant le film, avec des cauchemars qui prendront place au sein de la maison, on va aussi découvrir qu’il avait un fils, et que ce dernier a disparu dans cette maison. Une fois de plus, le film épaissit le caractère de son protagoniste principal, pour lequel on va ressentir de l’empathie.
Une empathie qui va aller grandissante, puisque le type, malgré son succès, n’est pas hautain. Il parle avec son voisin envahissant, essaye de renouer des liens avec son ex-femme, et on va même voir en lui un père aimant qui, par la force des choses, va devoir garder un enfant qui n’est pas le sien. Steve Miner arrive à construire un personnage humain qui n’est pas détestable, et pour lequel on va ressentir des émotions. Il est juste dommage que les personnages secondaires soient si peu travaillés, à l’image de ce gentil voisin qui va aider Roger, ou encore à cette belle blonde qui n’est qu’une opportuniste usant de ses charmes pour faire garder son gosse. On peut aussi parler de son ex-femme, tiraillée par des sentiments contradictoires, et un métier d’actrice trop contraignant, mais malheureusement, elle reste trop discrète pour vraiment nous convaincre et s’imposer.
« les monstres ne font pas peur, ils font plutôt rire »
Bien sûr, la grande force de ce film, dans son scénario, réside dans le parallèle qui est fait entre les attaques de fantômes et les traumas de la guerre du Vietnam qu’explore l’auteur pour son nouveau roman. Il y a toujours une corrélation de faite, et le film essaye de symbolises ces traumatismes par le prisme d’une maison hantée et de monstres qui viennent titiller ce pauvre écrivain. On est loin du simple film d’horreur avec de vrais monstres qui veulent faire du mal. Ici, les monstres symbolisent un état mental défaillant, où les souvenirs font ressurgir des créatures du passé. Alors oui, c’est fait de manière assez grossière, et le scénario met de gros sabots pour mettre du fond à son intrigue, mais l’idée est là, et elle permet d’apporter une justification aux apparitions qui vaut ce qu’elle vaut.
Enfin, le dernier bon point de ce film, qui le rend très sympathique, ce sont bien évidemment les créatures qui peuplent la maison. Ici, on est dans du pur artisanat, du latex, des costumes ringards et grossiers, et pourtant, ça marche à fond la caisse. Le fait est que les monstres ne font pas peur, ils font plutôt rire, mais ils évoquent tellement Evil Dead dans leur apparence monstrueuse que forcément, on se languit presque d’en voir des nouveaux. Il faut ajouter à cela des répliques très drôles, et qui sont parfois devenues cultes, ou encore un final qui part un peu en eau de boudin, mais qui se veut être l’apex de ces traumatismes de guerre. Et la réalisation permet à ses monstres de réellement exister, malgré leur aspect grotesque. Sans recourir à des cuts successifs, la mise en scène arrive à trouver le juste milieu pour créer de la tension, et un humour régressif qui permet au film de devenir un vrai divertissement.

Au final, House est une comédie horrifique fortement sympathique, même si elle ne vole pas bien haut. On ne peut lui imputer cette volonté de mettre en avant un fond intéressant avec cette guerre du Vietnam qui a laissé des traces, ou encore de concrétiser tout ça avec des monstres grotesques et pourtant sans pitié. Si le film a quelque peu vieilli, il reste néanmoins un divertissement honnête, conscient de ce qu’il est, et qui ne cherche pas à faire dans le sensationnel, mais plutôt dans l’humour potache, et c’est tant mieux !
Note : 14/20
Par AqME