
Avis :
Evidemment, quand on évoque le Thrash Metal, on pense très rapidement aux américains et à leur Big Four (Metallica, Megadeth, Anthrax et Slayer pour les ignares), mais il ne faut pas oublier que l’Allemagne n’est pas en reste, avec quatre groupes qui ont marqué de leur empreinte ce genre-là, à savoir Kreator, Tankard, Destruction et Sodom. Existant depuis 1982, porté quasiment uniquement sur les épaules de Tom Angelripper, bassiste et chanteur, ce dernier groupe aura connu des univers différents avant de se stabiliser et de parler de la guerre. En effet, Sodom a voulu s’amuser avec une image satanique à ses débuts, jouant un style plus proche du Black/Speed que du Thrash, puis il a dérivé pour évoquer les conflits mondiaux, entre autres thématiques. Son plus gros succès demeure Agent Orange sorti en 1989, mais malgré de nombreux changements de line-up, le groupe a su rester actif.
Jusqu’à une annonce en Juin 2025 qui a fait frémir les fans de la première heure : le groupe entre en hiatus pour une durée indéterminée. Cela n’empêche pas les allemands de rester actif pour autant, puisque est sorti The Arsonist, le dernier album de la formation teutonne. Et après plusieurs écoutes, on peut aisément dire que la formation est en pleine forme, même si elle ne sort jamais du cadre du Thrash Metal classique. Ce dernier opus signe un joli retour, et démontre une belle fougue, surtout pour un leader qui accuse 62 balais au compteur, mais il lui manque quelques morceaux plus rentre-dedans pour vraiment nous satisfaire pleinement. L’album débute avec The Arsonist, une introduction instrumentale qui promet de belles choses, et quand résonne Battle of Harvest Moon, on entend bien que le groupe en a sous la semelle.
Le titre est bon, entrainant, et il donne envie de se lancer dans la suite, dans l’espoir d’entendre des choses de cet acabit, voire encore meilleur. Et Trigger Discipline va vraiment nous accrocher. Le morceau est assez court, mais il est percutant, les riffs sont puissants, et globalement, on en prend plein les tympans. D’ailleurs, il est difficile de ne pas comparer ce morceau avec un certain Slayer. Le titre suivant sera un peu décevant malgré un riff imparable. The Spirits That I Called manque de profondeur et d’épaisseur. On a un peu l’impression d’écouter un morceau bouche-trou pour compléter l’album. C’est bon, ça fait bouger les nuques, mais on reste sur un truc trop classique et simple pour nous embarquer pleinement. Et le constat sera un peu le même avec Witchhunter. Le morceau est bien fichu et les riffs démontrent une jeunesse retrouvée, mais il manque un truc.

Il est difficile de mettre des mots sur cette sensation, notamment parce que venant de Sodom, on avait sans doute des attentes trop élevées, et là, on est sur une musique bien fichue, hyper bien produite, mais qui ne sort pas vraiment du cadre Thrash connu. Heureusement, par la suite, les choses s’arrangent, avec notamment Scavenger qui peaufine son début avec une jolie introduction avant de balancer la sauce avec une basse qui est mieux mise en avant, donnant alors plus d’épaisseur à l’ensemble. Gun Without Groom va bénéficier d’une grosse batterie bien lourde, donnant alors un sentiment d’oppression dès le départ, ce qui fait un bien fou. Là, les compositions restent simples, mais elles ont une âme, et une certaine rondeur, ce qui leur permet de mieux exister dans nos esprits. Taphephobia rentre parfaitement dans cette catégorie, avec en prime un refrain entêtant à souhait.
Et la dernière partie de l’album va nous enchanter. Sane Insanity envoie le pâté et délivre une vitesse d’exécution assez incroyable. Puis A.W.T.F. permet au groupe de continuer son travail de sape avec une mélodie parfaite et un côté old school assumé qui fait bien plaisir. On prendra aussi énormément de plaisir à écouter Twilight Void, avec son introduction sombre et glauque. Le rythme syncopé imposé par les guitares est vraiment excellent, donnant alors un titre puissant et prenant. Il en ira de même avec Obliteration of the Aeons, qui aura un refrain ultra catchy et une superbe ambiance. Enfin, le groupe termine avec Return to God in Parts (vous savez, l’histoire de ce pauvre Morales qui a marché sur une mine), et c’est un bon coup de parpaing pour clôturer un album solide, qui n’a pas de coups de génie, mais qui fonctionne parfaitement.
Au final, The Arsonist, le dernier album de Sodom, est un effort très consistant de la part des allemands, qui montrent tout leur savoir-faire, et leur envie d’en découdre. Si on pourrait leur reprocher un manque de folie et une aptitude à ne pas sortir de leur zone de confort, il n’en demeure pas moins que cet album est massif et force le respect, surtout si on prend en compte l’âge du leader, qui n’a pas la langue dans sa poche. Bref, un bon album, même si on aurait aimé quelques coups d’éclat.
- The Arsonist
- Battle of Harvest Moon
- Trigger Discipline
- The Spirits That I Called
- Witchhunter
- Scavenger
- Gun Without Groom
- Taphephobia
- Sane Insanity
- A.W.T.F.
- Twilight Void
- Obliteration of the Aeons
- Return to God in Parts
Note : 15/20
Par AqME