
Titre Original : The Locals
De : Greg Page
Avec John Barker, Dwayne Cameron, Paul Glover, Greg Page
Année : 2003
Pays : Nouvelle-Zélande
Genre : Horreur
Résumé :
Les deux amis Grant et Paul partent en week-end à la plage à la recherche de sexe, drogues et rock’n roll. Alors que la nuit tombe ils rencontrent deux charmantes jeunes filles, Lisa et Kelly, qui les invitent à une fête. Mais ils ont un accident de voiture, et vont devoir affronter les villageois du coin, qui n’ont pas spécialement l’air amicaux…
Avis :
S’il y a bien un pays qui nous a habitués à faire des œuvres transgressives et totalement loufoques, c’est la Nouvelle-Zélande. Outre les films de Peter Jackson comme Braindead ou Bad Taste, on peut aussi noter des itérations un peu plus récentes comme Black Sheep sorti en 2008, ou encore Housebound et Deathgasm. Mais comme tout pays qui possède une industrie cinématographique, certains longs-métrages sont moins intéressants que d’autres, ou tout du moins marquent moins les esprits. Ce fut le cas de Bad Trip (The Locals en version originale) de Greg Page. Datant de 2003, il ne sera visible en France que deux ans plus tard, lors du festival de Gerardmer, et malheureusement, il tombera un petit peu dans l’oubli, et après visionnage, on comprend aisément pourquoi. Car même si le film n’est pas mauvais en soi, il demeure trop brouillon, trop bordélique, et malheureusement joué avec les pieds.

Le début du film est très étrange. On y voit un homme avec carreaux qui essaye de déterrer un truc dans un champ, et qui va se faire poignarder à mort par un gars avec un manteau noir. On navigue en pleine campagne néo-zélandaise, et on sent que le milieu est très rural, pour ne pas dire archaïque. Après ce fait bizarre, on va suivre deux copains qui décident de partir faire du surf dans un endroit pas bien précis. Le but est de faire la fête, puisque l’un des deux vient de se faire larguer comme une vieille chaussette. Jusque-là, le film demeure très classique dans la présentation de ses personnages, avec deux pauvres types qui vont tomber au mauvais endroit, au mauvais moment. Là-dessus, il n’y a pas trop de doute, et on sent un effort pour donner de l’épaisseur à ces gus.
« un scénario qui grille trop rapidement ses cartes. »
Le problème, il va rapidement arriver quand la partie horreur commence. Comme d’habitude, les deux compères décident de passer par un raccourci symbolisé par un pont miteux qui était fermé à la circulation. Ils rencontrent alors deux nanas habillées comme dans les années 80, et pensant aller à une soirée à thèmes, ils décident de les suivre, mais ils font être témoins de plusieurs éléments étranges, dont un type au manteau noir qui égorge une fille dans une maison isolée. Dès lors, ils se font prendre en chasse. On comprend vite que le réalisateur essaye de faire prendre plusieurs pistes. On ne sait pas si ce sont des fantômes, des tueurs en série ou encore un groupuscule de fanatiques qui a envie de zigouiller quelques pécores. L’intention est louable, encore faut-il réussir à maintenir un suspens sur la longueur, ce qui n’est clairement pas le cas ici.
Le film n’arrive pas à passionner car il ne travaille pas assez autour de ses personnages principaux. Les deux types se séparent pour sauver leur vie, mais on reste trop souvent sur les mêmes schémas, avec une fuite en avant, quelques rencontres inopportunes, et un scénario qui grille trop rapidement ses cartes. Pour ne pas trop en dévoiler, on devine assez vite que les nanas ne sont pas costumées comme dans les années 80, et il va être question de jeux avec le temps qui passe. Là-dessus, Bad Trip se foire complètement avec des explications ubuesques qui démontrent toute la faiblesse de l’écriture. Et il va sans dire que les effets spéciaux sont assez nazes, ne permettant alors pas au film de briller un peu plus. En gros, il y a de l’idée, mais elles sont toutes mal amenées et mal gérées.
« Le film reste trop sage et manque de folie douce. »
Il ne faudra pas compter sur une mise en scène exemplaire. Le film est cheap, sans le sou, et cela se ressent sur les plans, le choix des lumières, ou encore quelques cadrages foireux. Encore une fois, il y a de bonnes idées, comme ce type qui prend feu en réparant sa voiture, mais l’ensemble reste trop ringard pour vraiment marquer. Et bien évidemment, les acteurs sont tous des calamités ambulantes. Si on peut reprocher le surjeu des deux personnages principaux, qui jouent avec les clichés (l’excité dévergondé et le timide qui vient de se faire plaquer), les personnages secondaires sont abominables. Des deux nanas grimées en années 80 aux vilains bad boys en voiture de sport en passant par le fermier mutique ou le tueur blafard, on navigue dans le grand n’importe quoi, et il n’est pas étonnant qu’aucun d’entre eux n’ait percé.
Et enfin, si le film a bien un gros défaut, c’est qu’il ne fait pas peur. Il est évident que si l’on ne ressent aucune empathie pour les protagonistes, il est difficile de craindre pour eux, mais si en plus l’histoire s’avère être rocambolesque, c’est encore pire. Le réalisateur n’arrive pas à créer d’attaches, et cela a pour conséquence de nous ennuyer et de ne jamais faire peur. De plus, le film n’est pas généreux en gore. La plupart des meurtres se déroulent hors-champs, et il n’y a pas de délire farfelu comme on a pu en avoir dans les films de Peter Jackson, ou d’autres productions plus récentes. Le film reste trop sage et manque de folie douce. Et pourtant, le scénario avait tous les ingrédients pour devenir un délire psychédélique dans la campagne néo-zélandaise, mais le réalisateur demeure trop sage.

Au final, Bad Trip est un film décevant. On sent qu’il possède un gros potentiel dans son histoire et dans son traitement, mais l’inexpérience du réalisateur saborde tout cela. Le film ne fait jamais peur, il n’est pas très drôle, et surtout, il demeure cheap à souhait, du jeu des acteurs jusqu’à sa réalisation. En fait, le film de Greg Page possède tous les ingrédients pour faire une bonne recette, mais la sauce ne prend jamais…
Note : 06/20
Par AqME