avril 19, 2024

Le Fantôme de l’Opéra

Titre Original : The Phantom of the Opera

De: Terence Fisher

Avec Herbert Lom, Heather Sears, Michael Gough, Edward De Souza

Année: 1962

Pays: Angleterre, Etats-Unis

Genre: Horreur

Résumé:

En 1900, une malédiction semble frapper l’Opéra de Londres. Alors que les tragédies se succèdent, la rumeur de la présence d’un mystérieux fantôme orchestrant en coulisse les accidents enfle de plus en plus. Lors d’une première prestigieuse, son existence ne fait plus de doute quand Christine Charles, l’étoile montante de l’Opéra, est enlevée par le fantôme. Elle va découvrir les terribles secrets cachés sous le masque couvrant son terrifiant visage.

Avis:

Les adaptations littéraires au cinéma, il y en a quasiment toutes les semaines, sans même qu’on le sache. Car oui, même si des scénaristes vivent encore de leur métier, bien souvent, ils piquent des idées dans des bouquins. Mais cela ne date pas d’hier et Le Fantôme de l’Opéra en est la preuve vivante. Sorti en 1910 sous la forme d’un feuilleton dans le journal Le Gaulois, le roman de Gaston Leroux va vite se retrouver publié en roman. Et il ne faudra pas attendre très longtemps pour voir une première adaptation cinématographique. En effet, dès 1925, Rupert Julian en fait la première adaptation avec le sublime Lon Chaney. Il lancera alors une longue succession de remake au fur et à mesure des années, tant et si bien qu’aujourd’hui, nous avons six films qui portent le nom de Fantôme de l’Opéra et même Scooby-Doo le rencontre en 2013. Et certains réalisateurs s’y sont risqués, comme Dario Argento en 1998, Joel Schumacher en 2004 ou encore Terence Fisher en 1962. Et c’est sur cette dernière version que l’on va s’arrêter quelques instants.

Pourquoi? Premièrement parce que ce film est la troisième adaptation et qu’il vient de ressortir dans un joli bluray, issu du coffret collector 13 Cauchemars de la Hammer. Ensuite, parce que Terence Fisher est un réalisateur possédant une vraie patte graphique et qu’il apporter un petit plus à la mythologie du fantôme. Enfin, il s’agit peut-être de la meilleure version avec celle d’Arthur Lubin en 1943.

Le début du film est assez déroutant, car il part du principe que quasiment tout le monde connaît l’histoire de ce fantôme. En effet, plutôt que de nous raconter de but en blanc la présumée mort d’un compositeur se faisant voler son travail, Terence Fisher va entamer son histoire avec le fantôme errant déjà dans le théâtre et faisant peur lors de la première représentation. En faisant cela, le réalisateur évite la redite et va poser quelques personnages à la fois ambigus et parfois très imprégnés d’une aura. A titre d’exemple, on sait d’entrée de jeu que le personnage campé par Michael Gough est le salaud de première. Il est hautain, austère, égoïste et surtout égocentrique. A contrario, le personnage joué par Edward De Souza sera plus ambivalent, jouant constamment sur la tangente entre le gentleman charmeur et le salaud rendant coup pour coup. Bref, en n’insistant pas directement sur la naissance du fantôme, Terence Fisher va appuyer de nouveaux personnages et créer une atmosphère plus anxiogène.

Car c’est réellement le point fort du métrage, une ambiance délétère à la Hammer, mais aussi angoissante de par des personnages relativement sombres. Si on retrouvera bien évidemment le fantôme avec un masque pour le coup bien trouvé, il y a aura aussi une palette de personnages très intéressante. Le cinéaste semble éprouver un amour certain pour les laissés pour compte, les rebuts de notre société, et il les filme avec un certain amour. En effet, si on gratte derrière la crasse du chasseur de rats, on se rend compte que c’est un homme gentil et presque généreux mais un peu simplet. On se rend compte aussi que les femmes qui font les poubelles du théâtre sont prêtes à rendre service malgré leurs manières grossières. Tout est fait pour instaurer une ambiance d’insécurité, mais qui finalement ne viendra pas de ces personnages « pauvres », mais plutôt de la haute société, de ce compositeur jaloux, acariâtre, mais aussi manipulateur et machiavélique. Michael Gough incarne à merveille ce salopard de première. Et encore une fois, c’est là que le film gagne des points car il inverse les rôles de la société pour appuyer un sous-texte sociétal malin et malheureusement toujours d’actualité.

La mise en scène de Terence Fisher est relativement belle. Outre l’aspect très gothique avec de nombreuses ombres portées, on retiendra aussi la faculté du cinéaste à filmer avec une certaine grandiloquence les pièces d’opéra. Elles sont belles, elles sont dantesques, et elles alternent avec des phases plus intimistes, notamment lors de la découverte de l’antre du fantôme. Le seul reproche que l’on peut faire au film, c’est qu’il manque cruellement de rythme et de surprise. En effet, même si le démarrage est différent, l’image, dans son fond, est identique à toutes les autres et c’est bien dommage. Tout est relativement attendu et la peur ne sera pas au rendez-vous. A la fin, nous aurons même droit à l’explication du fantôme, avec son travail qui s’est fait voler. Il manque un petit grain de folie, car même si la mise en scène est belle et intéressante, il manque quelque chose pour rendre le film flamboyant. Alors oui, il nous reste tout de même la sublime fin, le chant délicieux de Heather Sears et les larmes du fantôme, magnifiquement interprété par Herbert Lom. Une fin tragique qui joue avec nos émotions.

Au final, Le Fantôme de l’Opéra version 1962 est l’une des meilleures versions du mythe. Terence Fisher soigne sa mise en scène pour imposer une vision très sociétale de la chose sans oublier de créer une atmosphère glauque et éthérée. Il en résulte donc un film intelligent, beau, qui certes manque de rythme, mais qui s’avère troublant par bien des aspects. Bref, une jolie réussite en somme.

Note: 15/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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