avril 26, 2024

Chronicle

De : Josh Trank

Avec Dane DeHaan, Alex Russell, Michael B. Jordan, Michael Kelly

Année : 2012

Pays : Etats-Unis

Genre : Fantastique

Résumé :

Après avoir été en contact avec une mystérieuse substance, trois lycéens se découvrent des super-pouvoirs. La chronique de leur vie qu’ils tenaient sur les réseaux sociaux n’a désormais plus rien d’ordinaire…
D’abord tentés d’utiliser leurs nouveaux pouvoirs pour jouer des tours à leurs proches, ils vont vite prendre la mesure de ce qui leur est possible. Leurs fabuleuses aptitudes les entraînent chaque jour un peu plus au-delà de tout ce qu’ils auraient pu imaginer. Leur sentiment de puissance et d’immortalité va rapidement les pousser à s’interroger sur les limites qu’ils doivent s’imposer… ou pas !

Avis :

Quand on veut faire un premier film, il est souvent compliqué de trouver du financement. C’est pour cela que des plateformes de crowdfunding se sont mises en place, afin d’offrir plus de chance aux nouveaux venus. Pour autant, avant que ce système ne soit mis en place, certains apprentis réalisateurs ont joué au plus malin en utilisant un procédé tout simple, le found-footage. Faux documentaire filmé caméra à l’épaule par l’un des protagonistes, le genre joue la carte de l’amateurisme et du document retrouvé pour tisser une histoire effrayante et mettre le spectateur au sein même du groupe à qui il arrive des bricoles. Si le genre est vieux comme le cinéma, Le Projet Blair Witch fut l’un des principaux acteurs de ce sous-genre, et Paranormal Activity a relancé la mode dans les années 2000. Chronicle fait partie de cette vague plus ou moins opportuniste.

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De l’idée

Le film prend place autour de la vie d’Andrew, un jeune lycéen qui n’a pas confiance en lui et qui a un quotidien difficile. Il décide de se filmer tout le temps car son père le tabasse et qu’à l’école, ce n’est pas la joie, se faisant souvent harceler. On va alors voir qu’il n’a qu’un seul ami, son cousin Matt, avec qui il partage ses journées. Un soir de fête, les deux cousins, accompagné par l’un de leur ami, Steve, découvrent un trou avec au fond une structure lumineuse étrange. Ils perdent connaissance et à leur réveil, ils ont des super-pouvoirs et peuvent faire ce qu’ils veulent. Pour Andrew, cela signifie une nouvelle vie, mais une succession d’échecs et un sort toujours sombre le font devenir encore plus instable qu’auparavant. Avec Chronicle, on est clairement dans un film de super-héros différent.

Josh Trank, alors illustre inconnu (et qui va être dégoûté d’Hollywood avec son film suivant, Les Fant4stiques), va créer une surprise pour l’époque. Volontairement sombre, Chronicle va pourtant essayer de mettre en avant des thématiques importantes, prenant tout le temps place durant l’adolescence, avec ce dur passage à l’âge adulte. Ici, Andrew se place comme une tête de turc, aussi bien chez lui qu’à son école. Le jeune homme ne trouve sa place nulle part et la mise en place du found-footage permet de souffrir avec lui. Le scénario est assez malin pour nous dire que la technique est mise en place pour protéger le « héros » des coups de son père, voyant dans l’enregistrement une façon de se protéger. Ce qui ne marchera pas. Le réalisateur arrive alors à créer du fond à son métrage, aussi bien dans le quotidien normal que fantastique des trois ados.

Mais des défauts

Ainsi donc, on va voir qu’avoir de super-pouvoirs ne rend pas forcément la vie plus douce. Les trois adolescents, dans leur insouciance, vont prendre des risques dans la vie de tous les jours, comme se prendre une balle de base-ball dans la tête, ou encore jouer au football américain dans les nuages, alors qu’un avion de ligne passe. Cette insouciance, elle va se retrouver sur scène, ors du spectacle de fin d’année, où le looser de l’école va faire un spectacle de magie impressionnant, débouchant alors vers une notoriété nouvelle et savoureuse. Qui ne durera qu’un temps. Le film met en avant les dérives de ces super-pouvoirs, causant la mort par accident, ou ne maîtrisant pas totalement ses excès de violence, jusqu’à faire très mal. Le métrage est aussi intelligent quand il démontre que de grands pouvoirs n’influent pas sur la mort et ses blessures.

Bref, Chronicle est un film qui a des thèmes importants, et qui essaye de les exploiter à son maximum, notamment lorsqu’il s’agit d’Andrew, principal narrateur de l’histoire. Malheureusement pour nous, le film a tout de même de gros défauts qui l’empêchent de vraiment décoller. En premier lieu, le film est très court, à peine une heure vingt, et il ne creuse pas assez les personnages secondaires, à l’image du cousin bienveillant qui débite des phrases de philosophes sans que cela est le moindre impact sur l’histoire. Il en va de même pour le meilleur ami, qui semble être superficiel, mais qui a un bon fond et qui va subir un revers injuste. Là aussi, le film va trop vite et manque d’émotions. Une émotion au rabais, même dans la romance un peu niaise qui va naître entre Matt, le cousin, et une camarade de classe qui filme aussi son quotidien.

Mal vieilli

Outre des moments qui vont trop vites et une absence totale d’émotions (même lorsque la mère du protagoniste meurt), Chronicle est un film qui accuse les affres du temps, alors qu’il n’a même pas dix ans. Même si le film veut beaucoup jouer sur des effets visuels sans faire appel au numérique, les trucages sont d’une laideur absolue. Le pire étant quand les trois types volent dans le ciel, donnant lieu à des moments ringards et sans intérêt esthétique. Même avec un budget serré, Josh Trank prouve qu’il n’est pas très à l’aise avec certains moments de son film, et cela se ressent fortement dans les moments héroïques, comme lorsqu’il faut sauver la jeune fille, à la toute fin du métrage. Ou encore avec un duel qui manque de punch et de mordant. Le cinéaste se piège dans son format qui empêche pour passage extraordinaire.

Au final, Chronicle est un film décevant et qui souffre déjà du temps qui passe. La prouesse technique vendu dans les passages dans le ciel ne tient plus la route aujourd’hui, montrant un film dépassé visuellement, et sans intérêt. Si l’histoire contient un fond intéressant et justifie bien l’emploi du found-footage, rien ne vient expliquer le montage, et surtout, le format montre ses limites quand il faut faire des moments épiques. Chronicle aura au moins permis de révéler deux acteurs, Dane DeHaan et Michael B. Jordan, mais son réalisateur aura une expérience amère par la suite, le privant d’un avenir prometteur.

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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