Titre Original : Small Time Crooks
De : Woody Allen
Avec Woody Allen, Tracey Ullman, Hugh Grant, Tony Darrow
Année: 2000
Pays: Etats-Unis
Genre: Comédie
Résumé:
Depuis sa sortie de prison, Ray Winkler a dû se contenter d’une succession de petits boulots. Mais ce malchanceux chronique, que ses compagnons de cellule appelaient par dérision « le Cerveau », voit toujours aussi grand. Il organise un casse avec l’aide de trois complices et de sa femme.
Celle-ci a pour mission de faire des cookies dans la pizzeria désaffectée, située à côté d’une banque et transformée à l’occasion en Sunset Cookies. Mais le succès de la cuisine de l’épouse de Ray amène bien trop de monde pour que le cambriolage se fasse dans la sérénité.
Avis:
L’infatigable Woody Allen… Les années 2000 viennent à peine de commencer que Woody Allen, après son très sympa « Accords et désaccords« , sort son deuxième film pour cette année. Après plus de trente années de carrière, à l’époque, plus de cinquante aujourd’hui et pas moins d’autant de films réalisés, on se demande encore où Woody Allen va chercher toute cette inspiration.
Pour ce deuxième cru 2000, Woody Allen quitte donc la musique et les accords d’un Sean Penn amoureux de Django Reinhardt pour encore une fois déplacer sa caméra dans sa ville de cœur, d’amour, New-York.
Avec « Escrocs, mais pas trop« , Woody Allen nous offre une bonne petite comédie, qui analyse les mœurs à travers le portrait de deux escrocs ringards, propulsés malgré eux dans un monde qui n’est clairement pas le leur. Cela donne donc naissance à de savoureux quiproquos, une critique aussi drôle que sévère de la bourgeoisie et le tout mené avec des dialogues piquants. Et si « Escrocs, mais pas trop » n’est pas un grand cru Allenien, il demeure un film sans prétention et très amusant, dans la veine de ce que Woody Allen sait bien faire.
Ray et Frenchie Winkler sont en couple depuis pas mal d’années déjà. Elle est esthéticienne, lui est un escroc à la petite semaine. Ray, dit le cerveau, vient d’avoir une idée hors norme, qui pourrait bien les rendre riches. Cette idée ? C’est le braquage d’une banque via un tunnel creusé depuis l’une des boutiques voisines. Le plan est simple, pour ne pas éveiller les soupçons, le couple et leurs associés devront louer la boutique à côté de la banque. Frenchie devra vendre des cookies afin de donner une couverture et les autres, pendant ce temps, vont creuser le tunnel. Le plan était parfait, mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est le talent de cuisinière de Frenchie, et l’engouement autour de ses cookies.
Petite satire fantaisiste aux dialogues percutants, « Escroc, mais pas trop » est un film devant lequel on s’amuse beaucoup, car il dégage une osmose tout à fait Allenienne et l’on sait que le réalisateur a pris plaisir à faire et incarner ce film.
« Escrocs, mais pas trop« , c’est tout d’abord une intrigue très bien vue, qui même si elle aura un ventre mou, arrive à nous amuser presque tout le temps.
La première partie du film est excellente, nous faisant découvrir un duo de cinéma hilarant d’amour et de vacherie incarné par un Woody Allen en très grande forme et une Tracey Ullman toujours aussi drôle. Cette première partie, c’est aussi une équipe de bras cassés, qui imagine et monte un braquage à l’ancienne fait à partir de tunnels dans le fin fond d’une cave. On s’amuse de l’évidence déconcertante que ce plan ne peut que mal se finir.
Et c’est là où Woody surprend avec un film qui bascule, et sa deuxième partie part dans quelque chose de plus critique, puisque nos deux escrocs et leur équipe font tous se retrouver très riche, malgré eux. Cette deuxième partie très bien vue, elle aussi, donne naissance à une belle et piquante critique de la bourgeoisie. Le snobisme (principalement incarné par un Hugh Grant délicieux) s’affronte à la ringardise. Woody Allen peint un milieu qui fait rêver, mais seulement de loin, car quand on l’infiltre, Woody en révèle un monde très superficiel. Un monde d’opportunisme, un monde de jugement, fermé sur lui-même et pour décrire cela, Woody Allen n’a pas son pareil. Entre des répliques cinglantes parfaitement écrites et balancées, et des personnages hauts en couleurs comme on les adore, Woody Allen nous gâte. Le réalisateur nous gâte particulièrement vers la fin de son film, qui après avoir évacué ce ventre mou, où notre intérêt est relâché, à cause de longueurs, un peu comme si le réalisateur cherchait comment meubler et épaissir son propos, il nous offre un très beau final. Un final au joli constat sans grande morale, mais qui résume bien sa pensée sur ce milieu. Un final qui résume aussi parfaitement ses personnages.
Sans être donc le meilleur film de Woody Allen, ce deuxième cru 2000 vaut le détour pour sa satire, pour sa critique, pour ses quiproquos, pour son duo d’acteurs, ou encore pour cet amour vache ou encore, et c’est peut-être le meilleur, pour ses dialogues percutants. Si le film est parfois un peu étiré en son milieu, Woody Allen est en pleine forme dans son écriture et certaines répliques valent à elles-seules le détour.
Note : 14/20
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Par Cinéted