De : Veit Helmer
Avec Mathilde Irrmann, Nino Soselia, Niara Chichinadze, Zviad Papuashvili
Année : 2024
Pays : Allemagne, Géorgie
Genre : Romance
Résumé :
Dans les montagnes de Géorgie, un téléphérique relie un village à une petite ville dans la vallée. Deux jeunes femmes, Iva et Nino, y sont employées et leurs cabines se croisent une fois toutes les demi-heures, ce qui leur occasionne à chaque fois un moment de bonheur et de fête.
Avis :
Aujourd’hui, c’est en Allemagne que l’on part s’installer l’espace d’une séance de cinéma. L’Allemagne est un grand pays de cinéma sur lequel je m’arrête assez rarement, ce qui est dommage, car c’est un cinéma qui m’a souvent ébloui face au talent de ses auteurs. Veit Helmer est un réalisateur dont je n’avais jamais entendu parler avant de tomber sur la bande-annonce de « Gondola« , qui est alors son huitième long-métrage. Cinéaste ayant débuté à la fin des années 80, Veit Helmer s’est vite bâti une filmographie haute en couleurs. Pour s’en assurer, il n’y a qu’à faire un tour sur les synopsis de ses films, ou encore ses bandes-annonces, qui là, comme ça, donnent envie d’aller faire un tour dans le monde fantaisiste de son metteur en scène.
Et d’ailleurs, c’est en voyant la bande-annonce de « Gondola » que j’ai eu envie d’aller découvrir son dernier film en date, car cette dernière laissait présager un bout de cinéma unique. Un bout de cinéma dépaysant et plein de charme, chose que « Gondola » est. Enfin, du moins dans sa mise en scène et beaucoup de ses idées, car malheureusement, si le film a un charme certain, il se pose aussi comme une belle déception, car derrière le très bel écrin, se cache aussi un film répétitif, long, pas forcément très clair et crédible dans ce qu’il raconte, et plus loin encore, « Gondola » a même tendance à se faire agaçant. En cause, l’idée de ne jamais faire parler ses personnages, qui finalement ne se retrouvent qu’à glousser pour communiquer… Bref, cette séance de cinéma fut compliquée.
« »Gondola » est un film qui va tourner en rond. »
Quelque part en Géorgie, il y a une cabine téléphérique qui relie un petit village perdu dans la montagne à une petite ville dans la vallée. Toutes les demi-heures, les cabines de ce téléphérique se croisent et à leur bord se trouve Iva et Nino, deux jeunes femmes qui apprécient énormément ce monde où elles peuvent s’entrevoir. D’ailleurs, pour habiller leur quotidien monotone, elles s’inventent plein de jeux et de mise en scène, et ça, ça les rapproche irrémédiablement l’une de l’autre…
Et bien me voilà bien embêté à la sortie de « Gondola« , car le film de Veit Helmer se pose comme une comédie romantique pleine de fantaisie et de charme, mais fut aussi un moment de cinéma qui n’aura pas réussi à me charmer. Ou du moins, il n’aura pas réussi à me charmer autant que je l’aurais voulu, car il ne fait nul doute que « Gondola » propose tout un tas de scènes qui sont d’une poésie infinie, et au-delà de ça, qui sont comme des moments suspendus, offrant quelque chose que l’on n’a pas l’habitude de voir. D’ailleurs, d’emblée, dès que l’on entre dans le film, « Gondola » développe très vite ses charmes, et cette petite histoire entre deux femmes qui ne cessent de se croiser au gré des montées et descentes de leur cabine amuse.
Il faut dire que le ton, qui lorgne vers le burlesque, le charme de ces deux actrices, et avec ça, toutes les petites trouvailles pour se séduire, tout en s’amusant afin de peindre le quotidien de mille couleurs, c’est vraiment très chouette. Mais voilà, malheureusement, ce sentiment s’essouffle très vite, car « Gondola » est un film qui va tourner en rond, répétant inlassablement ses scènes. C’est vrai que de temps à autre, il y a une idée qui se fait plus amusante ou charmante qu’une autre, mais comme le film n’avance pas vraiment, on reste dans l’attente qu’il aille autre part, ce qui n’arrive pas.
« Au bout d’une heure vingt de gloussements pour ne rien dire, ça devient très vite agaçant. »
L’un des agacements avec ce film, c’est que l’idée de départ est terrible et amusante, mais Veit Helmer n’en fait rien de plus qu’un chassé-croisé donnant l’impression qu’il se repose totalement sur son idée, son concept, se disant que ça tiendra bien sur une heure vingt de film. Peut-être que ça aurait pu tenir, mais s’ajoute à ce concept l’idée d’un film entièrement muet, et c’est là que tout est abîmé, car il est difficile de nous faire croire à une romance, à une séduction ou la naissance d’une histoire entre deux personnages qui ne se disent absolument rien, passant leur temps à ricaner afin de tenir leur scène ensemble.
Si cette idée peut piquer l’intérêt au début, au bout d’une heure vingt de gloussements pour ne rien dire, ça devient très vite agaçant, d’autant plus que ces petits rires, comme le film est muet, se reportent sur tous les personnages, ce qui est épuisant. Puis comme je le disais, au-delà ça, ça ne tient pas la route. On dit souvent qu’un silence est parfois plus évocateur que de grands discours, mais là, cette idée ne fonctionne pas, tant au bout d’un moment, les personnages ont besoin de parler et le réalisateur leur interdit.
Au bout du compte, après le charme de la découverte et l’entrée dans ce monde où l’imagination est pleine de fantaisie, « Gondola » s’essouffle très vite et se pose comme un film qui ne fait que se répéter d’un bout à l’autre. Ajoutons à cela l’idée d’un film muet et finalement l’heure vingt passée dans les airs de la Géorgie se fait longue et agaçante, ce qui est terriblement dommage.
Note : 08/20
Par Cinéted