avril 19, 2024

The Father

De : Florian Zeller

Avec Anthony Hopkins, Olivia Colman, Mark Gatiss, Imogen Poots

Année : 2021

Pays : Angleterre, France

Genre : Drame

Résumé :

THE FATHER raconte la trajectoire intérieure d’un homme de 81 ans, Anthony, dont la réalité se brise peu à peu sous nos yeux. Mais c’est aussi l’histoire d’Anne, sa fille, qui tente de l’accompagner dans un labyrinthe de questions sans réponses.

Avis :

Auteur prodige, Florian Zeller est l’un des metteurs en scène de théâtre les plus importants des années 2000. Débutant sa carrière en 2004 avec « L’autre« , Florian Zeller va très vite s’imposer dans le monde du théâtre, avec pratiquement une nouvelle pièce par an. Des pièces comme « La mère« , « La vérité« , « Le père » ou encore « Le fils » font des triomphes et sont repris un peu partout dans le monde. Intéressé évidemment par le cinéma, Florian Zeller avait déjà réalisé un court-métrage en 2008 avec Sara Forestier et Aurélien Wiik, ainsi qu’un documentaire, « Jacques Chancel, autoportrait des autres« . « The Father » est donc le premier film de Florian Zeller qui adapte en Angleterre l’une de ses pièces les plus connues. Une pièce qui d’ailleurs avait déjà connu une première adaptation avec le joli « Floride » de Phillipe Le Guay dont le père était tenu ici par Jean Rochefort dans son dernier rôle.

Triomphant dans plusieurs festivals, triomphant aux Oscars notamment avec une statuette pour Sir Anthony Hopkins et une autre pour Zeller lui-même dans la catégorie meilleur scénario adapté, « The Father » débarque dans nos salles et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce premier film est bien joli et vraiment intéressant, notamment dans la façon qu’il peut avoir de mettre en scène la confusion totale que peut ressentir une personne face à la maladie d’Alzheimer. Déroutant, touchant, original, « The Father« , même s’il n’est pas aussi bouleversant qu’on l’aurait aimé, reste un bon et beau moment de cinéma.

Anthony a quatre-vingt-un ans et il ne peut plus vivre seul. Enfin, ça, le vieil homme a bien du mal à l’accepter. C’est Anne, sa fille, qui s’occupe principalement de lui, car Anthony épuise toutes les aides à domicile qu’Anne a pu engager. Anne aimerait bien que son père puisse rester chez lui, mais au fur et à mesure que les mois passent, le vieil homme s’enfonce dans une sorte de labyrinthe de souvenirs et de confusions.

« The Father » est la deuxième adaptation cinématographique pour la pièce de Florian Zeller et cette fois-ci, c’est Zeller lui-même qui s’occupe de mettre en images ce qu’il a écrit pour les planches. Si Phillipe Le Guay avait livré un joli film avec « Floride« , les deux visions de cette même histoire n’auront pas grand-chose en commun, hormis la même colonne vertébrale finalement. Ainsi donc, nulle comparaison est possible entre les deux films (ce qui était ma crainte au départ).

Pour « The Father« , Florian Zeller a décidé de nous emmener dans la tête de son personnage. La maladie d’Alzheimer n’est pas un sujet neuf au cinéma, pas mal d’auteurs s’y sont intéressés, Zabou Breitman, Nicolas Boukhrief, Nick Cassavetes, Til Schweiger ou Richard Glatzer et Wash Westmoreland, pour ne citer qu’eux. Mais là où le film de Florian Zeller va changer la donne, c’est par le point de vue que le metteur en scène a décidé d’adopter. Un point de vue aussi radical qu’intéressant, car littéralement, avec ce film, on se glisse dans la tête d’un personnage malade. On se glisse dans les confusions, dans les changements, dans les oublis et s’il est vrai que ce choix, va apporter beaucoup de confusion justement dans le film, il va aussi apporter un regard assez neuf, qui ne cessera de piquer, notre intérêt, car un peu à l’image de son personnage, on essaiera de comprendre ce qui se passe sous nos yeux.

Cette brillante idée n’est pas facile, il faut bien le dire, et « The Father » demande une certaine attention, voire même une exigence, mais ça fait du bien de bousculer un peu les règles et les codes. Après, ce point de vue est si « poussé » que parfois, il faut dire qu’il peut avoir tendance à écraser le côté émotionnel du film. En quelque sorte, à force d’être perdu dans le labyrinthe d’un espoir, à force de vouloir comprendre ce qui se passe, il y a une tendance à être moins touché que ce qu’on l’on espérait. Dans un sens, « The Father« , à force d’audace, se fait moins touchant que « Floride« . Par contre, à contre sens, il se fait bien plus intéressant.

Derrière ça, il faut saluer la mise en scène de Florian Zeller, qui livre là un film certes compliqué à force de pertes de repères, mais qui est un film fort. Un film qui tient un montage brillant, qui finit par nous rattraper, nous recentrer, réunissant finalement les pièces de son puzzle, pour nous extirper de son personnage dans les derniers instants. Derniers instants qui sont d’ailleurs vraiment touchants, portés par un Anthony Hopkins magistral. Un Anthony Hopkins qui à quatre-vingt-trois ans arrive encore à surprendre, démontrant qu’il ne nous a pas encore tout dévoilé et qu’il est bel et bien là. Face à lui, Olivia Colman, Olivia Williams, Mark Gattis, Rufus Sewell, ou encore Imogen Poots sont excellents.

Ce premier film signé Florian Zeller se pose comme une bien belle réussite. Si on sera moins bouleversé que ce à quoi on s’attendait, « The Father » nous fait passer un moment de cinéma touchant, inhabituel et très intéressant, bousculant les codes établis pour parler de la maladie d’Alzheimer. D’ailleurs, il est probable que le film, au premier visionnage, ne nous a pas livré tous ses secrets (oui il y a un côté qui peut être sujet à interprétation), ce qui tombe très bien, puisqu’on pourra s’y replonger.

Note : 14/20

Par Cinéted

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