septembre 26, 2025

Maria – Ode à la Callas

De : Pablo Larrain

Avec Angelina Jolie, Pierfrancesco Favino, Alba Rohrwacher, Haluk Bilginer

Année : 2025

Pays : Etats-Unis, Chili, Italie, Allemagne

Genre : Biopic

Résumé :

La vie de la plus grande chanteuse d’opéra du monde, Maria Callas, lors de ses derniers jours, en 1977, à Paris.

Avis :

Venu du Chili, cela fait un peu plus d’une dizaine d’années que je suis la carrière de Pablo Larraín de près. Il faut dire que le premier film que j’ai vu du cinéaste, « No« , avait été une petite claque. Depuis, le réalisateur a su m’offrir un cinéma de qualité qui, même s’il a pu me décevoir, comme avec « Ema« , il a toujours réussi à insuffler à ses films quelque chose d’intéressant. Dans sa filmographie, on remarque que Pablo Larraín aime faire des portraits de personnages, et notamment de personnages féminins. Ainsi, après un film consacré à Jackie Kennedy, porté par Natalie Portman, puis un film consacré à Lady Diana Spencer, porté par une très étonnante Kristen Stewart, voici que le réalisateur s’attaque à une autre figure féminine, Maria Callas, transformant alors cette partie de film en une trilogie au féminin.

Retracer la vie de Maria Callas était ambitieux et « Maria » était l’un des films que j’attendais le plus pour ce mois de Février, car l’idée d’un nouveau portrait par le chilien me tentait énormément, et au-delà de ça, le film marque aussi le retour d’Angelina Jolie dans un cinéma d’auteur, chose que l’on n’avait pas vu depuis une bonne dizaine d’années. Film très esthétique, sans être un véritable biopic qui retrace la carrière de La Callas, Pablo Larraín livre un film très intéressant. Un film qui prend ses racines une semaine avant la mort de la chanteuse, nous racontant ses derniers instants, ses souvenirs, son corps malade, son emprisonnement dans le passé, son caractère, puis sa relation délicate avec ses domestiques. Aussi émotionnel qu’esthétiquement sublime, « Maria » est un joli, très joli, cru pour le réalisateur chilien, qui livre encore une fois un très beau portrait, porté par une actrice incroyable.

« Une dernière danse au crépuscule d’une vie »

16 Septembre 1977, Maria Callas est retrouvée morte dans son appartement parisien. Une semaine avant cela, son quotidien est partagé entre sorties programmées, espoir sans y croire de retour sur scène et de retrouver sa voix, interview accordée à un jeune journaliste, et des visites de son médecin. Une semaine avant son décès, au gré de ses promenades et de ses rencontres, La Callas se replonge aussi dans ses souvenirs, les souvenirs d’une vie flamboyante et unique.

Une dernière danse, c’est un peu l’idée qui me reste à la sortie du film de Pablo Larraín. Une dernière danse au crépuscule d’une vie, où dans ses derniers instants, celle-ci n’est que régie par des hallucinations et les regrets d’une gloire qui n’est plus, ou du moins un projecteur qui n’est plus braqué sur La Callas.

Écrit par Steven Knight, qui avait déjà écrit le « Spencer » de Pablo Larraín, « Maria » est une plongée dans l’intimité d’une star. Très beau et très triste dans ce qu’il raconte, « Maria » est un film qui peut avoir tendance à se répéter, car dans ces derniers instants de vie, la vie de la cantatrice se répétait, cachée dans son immense appartement parisien. Derrière le très beau portrait que le réalisateur dresse de La Callas, « Maria » est aussi un film qui aborde des thèmes comme la solitude, notamment après tellement de succès. Puis le film aborde les addictions aux médicaments, qui d’un côté, la gardent en vie, atténuant les douleurs, et de l’autre, la détruisent. Puis il y aura l’addiction à la célébrité, à cette gloire passée, à ces compliments qui se font de plus en plus rares.

«  »Maria » est un film qui jouit de l’immense interprétation d’Angelina Jolie« 

Puis après avoir tout vu et vécu, comment vivre avec une voix qui n’est quasiment plus là ? Autant de sujets et de questionnements que le film aborde avec beaucoup de pudeur, dressant le portait d’une femme finalement piégée dans son passé. Une femme qui ne fait pas de concession, qui refuse de prendre soin d’elle, qui refuse de vivre sans excès, et qui se refuse au deuil de son opéra, sa musique. « Maria« , c’est aussi un film qui jouit de l’immense interprétation d’une Angelina Jolie au-delà du sublime dans la peau de la cantatrice. Incroyable dès l’ouverture du film, avec ce plan sur son visage magnifique et captivant, Angelina Jolie fait un retour triomphal dans le cinéma d’auteur, offrant l’une de ses plus belles prestations. Une prestation d’autant plus forte que sur certains passages, c’est l’actrice elle-même qui chante, et elle peut se vanter de nous coller des frissons.

Ce que j’ai toujours apprécié aussi dans le cinéma de Pablo Larraín, c’est son idée d’une image de cinéma. Le réalisateur a toujours offert des films très esthétiques, qui ont toujours quelque chose à raconter, et ça, même lorsque ses images sont silencieuses, et là, « Maria » est un festival. Très bien construit, même s’il se fait parfois un peu longuet, « Maria » demeure d’une beauté renversante, se faisant de plus en plus touchant au fil des jours qui s’enchaînent, nous entraînant vers le funeste destin de la Callas. Construit entre flashbacks, hallucinations, pensées pleines de regrets, et un présent où l’on retiendra surtout la complicité attachante entre La Callas et ses deux domestiques, comme cette dernière partie de cartes, sublime et pleine de charme, de rires, et d’intimité, lorsque l’on met tout cela bout à bout, « Maria » se pose comme l’un des plus beaux films de son metteur en scène.

Ainsi donc, les derniers instants de la vie de la cantatrice grecque incarnée par Angelina Jolie se posent comme le film que j’attendais. Certes, parfois, c’est un peu long et ça a tendance à se répéter, mais au bout du compte, Pablo Larraín arrive à nous entraîner et à nous passionner avec le portrait de cette femme seule, qui vit avec le regret de sa voix et sa gloire passée, et ça, c’est on ne peut plus touchant.

Note : 15/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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