
Titre Original : 1920 Bitwa Warszawska
De : Jerzy Hoffman
Avec Borys Szyc, Natasza Urbanska, Daniel Olbrychski, Adam Ferency
Année : 2011
Pays : Pologne
Genre : Guerre, Drame
Résumé :
En 1920, l’armée Russe envahit la Pologne pour s’emparer de sa capitale, Varsovie. Ola et Jan sont alors plongés au cœur de la bataille et tentent de survivre.
Avis :
Si les conflits mondiaux bénéficient d’une excellente visibilité sur le plan cinématographique, d’autres guerres demeurent délaissées. Cela tient autant à la méconnaissance historique du grand public qu’au faible nombre de productions qui souhaitent s’y atteler. Malgré son importance dans le paysage géopolitique des décennies suivantes, c’est le cas de la guerre russo-polonaise. Elle succède à la Première Guerre mondiale et s’intègre dans le contexte de la Révolution russe. Aussi, La Bataille de Varsovie peut constituer une occurrence intéressante pour mieux appréhender ce pan mésestimé de l’histoire, bien vite occulté par la montée du national-socialisme dans l’entre-deux-guerres.

En Pologne, le métrage de Jerzy Hoffman a tout du projet pharaonique. Afin d’avoir les moyens de ses ambitions, le réalisateur dispose d’un budget supérieur à 6 millions d’euros, faisant de son film l’un des plus chers de l’histoire du cinéma polonais. On compte également des centaines, sinon des milliers de figurants qui sont censés donner vie aux moments les plus épiques et violents du scénario. Sur le papier, La Bataille de Varsovie fleure bon avec les métrages d’antan où la démesure de la production suffisait à elle seule à impressionner le spectateur. Pourtant, l’entame laisse craindre le pire, et ce, dès les premières images.
« La réalisation pâtit également d’un cadrage approximatif »
Ce n’est pas l’approche documentaire avec des films d’archives qui interpelle, mais plutôt, la séquence d’ouverture dans le train. Les effets numériques sont hideux, tandis que les protagonistes sont prisonniers de fonds verts qui ont toutes les peines du monde à se stabiliser. Malgré les moyens déployés, le résultat demeure déplorable et se confirme à intervalles réguliers, au fil de l’intrigue. La partie du tournage en studio souffre de décors malingres et sans inspiration, sans compter des arrière-plans fauchés. Il aurait été plus judicieux d’effectuer des repérages pour proposer des environnements crédibles. Cela vaut aussi lors des passages en extérieur, sans relief pour mettre en avant la stratégie des belligérants.
La réalisation pâtit également d’un cadrage approximatif quand il est question d’exposer les affrontements, au demeurant rares. On a droit à des cris qui précèdent les tentatives de percées des lignes ennemies, de tristes explosions disséminées çà et là et des morts plus pathétiques que dramatiques. Exception faite d’une amputation et d’un soldat tenant ses entrailles, la violence est édulcorée au possible. Et ce ne sont pas les impacts de balles mal modélisés qui viendront infirmer ce constat. Sur le plan formel, il convient aussi d’évoquer une photographie souffreteuse qui, en toutes circonstances, privilégie des teintes verdâtres maladives. Un choix dénué de nuances et de pertinence.
« la reconstitution historique demeure brouillonne. »
Quant au récit, on assiste à une romance aux atours tragiques. Autant naïve que mielleuse, elle multiplie les clichés et les détours narratifs. En parallèle, la reconstitution historique demeure brouillonne. Un peu comme si on découvrait un cours accéléré par un interlocuteur qui n’entend rien à son sujet. À la décharge des scénaristes, le montage elliptique ne facilite pas le travail. L’enchaînement des séquences est souvent anarchique et peut renvoyer à des moments qui n’ont aucun rapport. On songe notamment à l’ultime affrontement où l’on alterne entre des plans urbains et d’autres en rase campagne. Il persiste un véritable problème de cohérence (et de cohésion) pour rendre le récit vraisemblable.

Au final, La Bataille de Varsovie est un film de guerre raté, doublé d’un drame tout aussi déplorable. Le métrage de Jerzy Hoffman s’avère un blockbuster polonais bancal qui affiche un résultat digne d’une série Z dans ses plus mauvais moments. L’ensemble se révèle également verbeux, sans pour autant se montrer intéressant ou intelligible dans la véracité des faits avancés. À cela s’ajoute une bande-son qui ne donne jamais le ton, ainsi qu’une interprétation fluctuante. Mention spéciale aux acteurs qui incarnent Lénine et Staline pour parfaire un tableau caricatural. Une œuvre pompeuse et larmoyante, dénuée de tout affect émotionnel ou d’attraits narratifs.
Note : 07/20
Par Dante