
Avis :
Fondé en 1997 sous le nom de Sleep of Right, puis de Ethereal avant de choisir Lacuna Coil en signant sur le label Century Media, les italiens se sont rapidement démarqués par leur musique qui oscille entre alternatif et gothique. Mettant en avant la sublime Cristina Scabbia et sa voix si particulière, le groupe cartonne avec des albums comme In a Reverie ou Unleashed Memories. Puis, petit à petit, le groupe a dérivé vers quelque chose de plus simpliste, délaissant l’ambiance pour plus d’efficacité, et certains ont lâché l’affaire. Des efforts comme Karmacode ou Delirium n’ont pas eu les grâces des critiques, mais aussi du public. Mais qu’importe, Lacuna Coil est toujours là, et fait office de figure de proue au métal italien, notamment grâce à son côté mainstream. Sleepless Empire est le dixième album du groupe, et il aura lui aussi du mal à sortir de la masse.
Dans sa globalité, on ne peut pas dire que l’album soit mauvais. Il s’agit d’un bon opus, assez solide sur sa durée et sur la plupart de ses morceaux. Marco Coti Zelati, le bassiste, est de plus en plus impliqué dans les choix de la formation, et il opte vraiment pour quelque chose de plus brut, de plus rentre-dedans, de plus violent, mais il en oublie aussi le côté mélancolique du groupe, cet aspect gothique qui en faisait tout le charme. Et cela se ressent dès l’ouverture avec The Siege. Cristina Scabbia chante relativement bien, mais on a tendance à entendre une réverbération qui gâche le plaisir immédiat. Oui, les riffs sont virulents, ça frappe fort, le growl apporté par Andrea Ferro donne plus d’épaisseur à l’ensemble, mais globalement, on est sur quelque chose de très simple, et simpliste. Il ne faut pas s’attendre à un solo, par exemple.
Oxygen va avoir les mêmes défauts. Le riff proposé est lourd, puissant, la rythmique est plaisante, mais on reste dans un tout-venant presque gênant. De plus, dans sa structure, on est vraiment sur quelque chose d’attendu et qui ne sort jamais de sa zone de confort. Le growl s’occupe des couplets, tandis que la chant clair féminin vient s’occuper des refrains. Rien de bien folichon, même si on peut noter une certaine efficacité, et une belle nervosité. Scarecrow souffre des mêmes symptômes, avec quelques éléments un peu plus modernes pour épaissir la sauce. C’est sympa, ça fait le taf le temps d’une écoute, mais c’est aussi surfait. Il manque une vraie ambiance, un truc en plus qui ferait sortir le morceau de la masse. Là, si ce n’est pas Lacuna Coil, ça pourrait être n’importe qui d’autre. Il manque cette identité qu’avait le groupe avant.

Gravity essaye de renouer un peu avec le glorieux passé. On y retrouve quelques violons, un break qui joue plus sur une ambiance un peu gothique, mais de façon générale, ça ne marche qu’à moitié, la faute à une structure simpliste au possible, et une sensation d’avoir entendu ce genre de musique une bonne centaine de fois. Et le pompon surviendra avec I Wish you Were Dead, qui est un titre bateau et bouche-trou qui n’amène rien du tout à la galette. Heureusement, Hosting the Shadow va bénéficier de la venue de Randy Blythe (Lamb of God) qui apportera un peu plus de violence via sa voix gutturale et profonde. De plus, les riffs sont un peu plus groovy dans ce titre, montrant bien que le groupe est capable de nous offrir autre chose. Bon, par contre, on retombe à chaque fois sur un refrain classique chanté par Cristina.
In Nomine Patris se révèle assez intéressant. L’introduction revient à quelque chose de gothique, le titre hurlé par Andrea Ferro fonctionne bien afin de lancer la machine, et globalement, c’est plutôt réussi. Puis Sleepless Empire déboule et on reste dans un truc un peu cliché, qui fonctionne bien, mais qui manque cruellement d’innovation. La basse claque bien, mais ce sera tout. C’est avec Sleep Paralysis que l’on va avoir droit au premier, et seul, solo de guitare, montrant un poil de technique. Certes, on n’écoute pas Lacuna Coil pour ça, mais tout de même, ça rajoute une belle plus-value. In the Mean Time, avec Ash Costello (New Years Day), continue son côté virulent, mais sans génie, et enfin, Never Dawn tente l’ambiance orientale pour ne rien en faire, revenant à quelque chose de percutant, mais qui manque d’originalité. Un bien triste constat…
Au final, Sleepless Empire, le dernier album de Lacuna Coil, n’est pas mauvais en soi, mais il reste totalement attendu et sans aucune surprise. Si le groupe fait le choix de riffs plus lourds et d’une violence accrue dans ses compos, on reste tout de même sur une musicalité déjà entendue des milliers de fois, et si ce n’était un groupe ayant déjà fait ses preuves auparavant, il resterait certainement dans la masse. Ce qui est décevant venant des italiens, même si le skeud fait le taf pendant quelques écoutes.
- 01. The Siege
- 02. Oxygen
- 03. Scarecrow
- 04. Gravity
- 05. I Wish you Were Dead
- 06. Hosting the Shadow feat Randy Blythe
- 07. In Nomine Patris
- 08. Sleepless Empire
- 09. Sleep Paralysis
- 10. In the Mean Time feat Ash Costello
- 11. Never Dawn
Note : 14/20
Par AqME