Avis :
Fondé en 2004 à Riverside aux Etats-Unis, Arkaik est un groupe de Technical Death Metal qui ne fait pas dans la dentelle. Enfin… il fait dans la dentelle quand il faut parler virtuosité technique et vitesse. Cependant, les américains ne sont pas là pour chanter fleurette et leur style fleure bon le sang, la sueur et l’envie d’en découdre. Pour autant, c’est aussi un groupe turbulent qui a perdu un bon nombre de musiciens dans son line-up. D’ailleurs, il ne reste que le chanteur comme membre d’origine, tout le reste du groupe s’étant fait la malle, sauf le guitariste qui partira cinq années avant de revenir. Bref, à l’heure où ces lignes sont écrites, le groupe est stable depuis 2018, ce qui pourrait presque tenir du miracle. Sauf que Nemethia date de 2017 et qu’à ce jour, il n’y a que le chanteur qui est conservé dans le line-up.
Frapper vite et fort
Difficile de savoir qui a participé à l’élaboration de cet album. Les quelques renseignements que l’on peut avoir, c’est que le chanteur s’est entouré d’un seul membre, Greg Paulson, qui a géré les grattes et la programmation de la basse. Quid du batteur ? On n’en sait rien, puisque le groupe a vu passer dans son staff pas moins de huit batteurs ! Bref, Nemethia semble être un album très particulier dans sa construction, et il l’est tout autant dans sa démarche artistique. Ici, le groupe (ou duo ?) ne cherche pas à faire quelque chose de lyrique ou de vraiment mélodique. Le but est de frapper vite et fort. Occultivation en est un exemple, où la vitesse prend le pas sur la mélodie, si ce n’est lors d’un solo qui va démontrer tous les talents du guitariste. On en prend plein la gueule.
Le schéma ne va pas vraiment changer avec Of Violence and Pestilence Born (en même temps, qui en doutait avec un titre pareil), si ce n’est cette volonté de placer une introduction instrumentale assez marquée pour donner plus de lyrisme et de grandiloquence à l’ensemble. Les violons sont de sortie, pas longtemps, certes, mais ils reviennent sur la fin, et cela donne une boucle infernale assez maline. On retrouve la même structure avec Order of Hierogon, mais les violons cèdent leur place à un piano, rajoutant alors une atmosphère particulière, presque vampirique. On pourrait presque croire que le groupe va s’assagir et proposer une ambiance malsaine, mais le naturel revient au galop, avec notamment un rythme dément ultra rapide. Un peu plus moderne, Futile State s’amuse à taper toujours plus fort, avec quelques insertions de voix-off venant, certainement, d’émissions télévisées.
Des interludes pour respirer
Pendant quasiment tout l’album, les américains s’évertuent à nous montrer un visage froid et clinique de leur musique. Arkaik délivre un Technical Death brutal et sauvage qui ne fait balancer des savates à tours de bras. The Eupnean Relic est là pour en attester, avec des ruptures de rythme qui permettent de relancer une machine bien huilée qui ne semble ne jamais vouloir s’arrêter. Telegnosis flirte parfois avec le mauvais goût, notamment dans son démarrage qui part à toute berzingue, oubliant un petit peu la mélodie, qui est assurée, de temps à autre, par des grattes plus ou moins aériennes. Nexion Stargate ira dans le même sens, caressant le fan de base dans le sens du poil. Ce n’est pas fin pour deux sous, mais ça fait le job et les parties techniques sont assez impressionnantes, notamment dans la rapidité d’exécution.
Fort heureusement pour nous, le groupe offre aussi deux interludes qui permettront de souffler un peu. En premier lieu, il y a Dweller on the Threshold. Si le concept de l’album parle de divinité et d’espace, on ressent une ambiance ésotérique forte dans ce titre. On a l’impression d’assister à la naissance d’un monstre tentaculaire sur une planète interdite, et l’ensemble est très organique. Cela renforce une atmosphère assez malsaine. Lifting Amnesia sera plus un prologue pour Telegnosis qu’autre chose, mais il gardera en son sein une particularité protéiforme assez sympathique, offrant un sens à ce que l’on écoute. La violence passe alors en arrière-plan et c’est tant mieux, du moins sur ce court laps de temps.
Au final, Nemethia est un bon opus de la part de Arkaik. Les fanas de Death Metal bien brutal, mais aussi très technique y trouveront leur compte. Il se dégage une certaine ambiance morbide de cet effort, même si parfois, on regrette des passages un peu trop violents qui délaissent la mélodie au profit de la rapidité d’exécution. Malgré ses difficultés à trouver un line-up stable, Arkaik fait le taf, et il le fait bien, du moins pour les aficionados du genre.
- Occultivation
- Of Violence and Pestilence Born
- Order of Hierogon
- Dweller on the Threshold
- Futile State
- The Eupnean Relic
- Lifting Amnesia
- Telegnosis
- Nexion Stargate
Note : 14/20
Par AqME