Armored Saint – Punching the Sky

Avis :

Un groupe peut-il survivre à plusieurs hiatus, à la mort d’un des membres fondateurs et à des side-projects de la part de tous les membres dudit groupe ? Il faut croire que oui, puisque c’est exactement ce qui est arrivé à Armored Saint, groupe américain de Heavy. Il est fondé en 1982 autour des frères Sandoval (guitare et batterie), mais va connaître une première séparation en 1992, après le décès du guitariste Dave Prichard et l’enregistrement de l’album Symbol of Salvation. Le bassiste Joey Vera décide alors de fonder un autre groupe, Fates Warning. On aurait pu croire que ça en était fini de Armored Saint, et pourtant, le groupe se reforme en 1999 pour une durée de quatre ans, et la sortie d’un seul album en 2000. 2006 marquera alors le retour en grâce de la formation quasi initiale.

Quasi parce qu’elle compte Jeff Duncan à la gratte, et il est arrivé en 1989, soit sept après les débuts du groupe. Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, Armored Saint semble plus en forme que jamais, et semble tenir la distance, avec une durée de vie qui dépasse leur plus longue présence. Alors oui, leur rythme de création est assez lent, puisqu’il faut compter un album tous les cinq ans, mais si on y trouve de la qualité, ce n’est pas vraiment un problème. Et c’est clairement le cas avec leur dernier bébé sorti en 2020, Punching the Sky. Jouant constamment entre les lignes, proposant un Heavy teinté de Métal Alternatif, avec quelques pointes qui peuvent évoquer du Faith no More, on peut dire que les soixantenaires en ont encore sous le pied, et démontrent un vrai talent créatif. Preuve en est avec le premier morceau, Standing on the Shoulders of Giants.

Long de plus de six minutes, le début laisse entendre de la cornemuse et un air irlandais avant de faire débouler les guitares pour un titre parfait, avec un refrain bien marqué et une mélodie qui reste un long moment en tête. Et il faut savoir que tout l’album va être de cet acabit, sinon une paire de titres un peu plus faibles. Mais ce n’est pas avec End of the Attention Span que l’on va être déçu, le groupe arguant une rythmique parfaite qui donne envie de bouger la nuque, avec un fond solide et percutant. Il est presque dommage que Bubble soit aussi transparent. Il s’agit d’un bon titre, mais il manque de mordant, et rentre dans la case des morceaux un peu moins bien de l’album. Après, ça reste une plage de qualité, et qui s’insère parfaitement dans la playlist.

Par la suite, le groupe va faire quelques titres un peu plus courts, mais tout aussi percutants que les premiers. My Jurisdiction balance une ligne de basse sublime pour aller vers un métal bien groovy et qui évoque parfaitement les Etats-Unis des années 80/90. Do Wrong to None sera du même acabit avec cette petite batterie qui permet ensuite de lancer un rythme bien dansant, avant de faire crier les grattes pour un résultat percutant qui vise un Thrash old school que l’on valide totalement. Quant à Lone Wolf, il va plus aller vers un Heavy trop classique, lui faisant manquer le coche du titre intéressant. Enfin, le morceau est tout de même plaisant, mais il manque d’énergie et de puissance. Depuis le début de l’album, le groupe nous avait habitué à bien mieux, et même si le morceau est agréable, il reste le point faible de cet opus.

Heureusement, le groupe se rattrape grandement avec Missile to Gun, un titre nerveux et très mélodique, qui fait écho au Heavy de la belle époque, avec en prime un solo qui fonctionne parfaitement. Le titre est très simple dans sa construction, mais il est vraiment très bien foutu, et reste un long moment en tête. Tout comme Fly on the Ointment, qui pour le coup part vers un délire à la Faith no More et nous accroche rapidement, notamment via un refrain addictif. Et on retrouve cet état d’esprit avec Bark, no Bite, qui fait aussi penser au groupe de Mike Patton. Unfair sera un titre assez différent, car il pourrait presque se poser comme une ballade. Si le morceau monte crescendo, il reste vraiment doux en rapport au reste et se veut assez touchant. Enfin, Never you Fret clôture l’album de façon bien Heavy et puissante.

Au final, Punching the Sky, le dernier effort d’Armored Saint, est une véritable réussite, et un savant mélange de Heavy et de Métal un peu avant-gardiste à la Faith no More, mais qui demeure accessible, et surtout hyper catchy. Ne possédant que peu de titres un peu plus faibles que les autres, l’ensemble de l’album demeure solide, entêtant, et d’une technique irréprochable, nous donnant alors l’espoir d’un futur album, tout aussi inspiré.

• Standing on the Shoulders of Giants
• End of the Attention Span
• Bubble
• My Jurisdiction
• Do Wrong to None
• Lone Wolf
• Missile to Gun
• Fly in the Ointment
• Bark, no Bite
• Unfair
• Never you Fret

Note : 17/20

Par AqME