
Titre Original : Grindstone Road
De : Melanie Orr
Avec Fairuza Balk, Greg Bryk, Joan Gregson, Dylan Authors
Année : 2008
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Coupables de l’accident qui plongea leur fils dans un coma irréversible, Graham et Hannah ne supportent plus leur terrible fardeau. Avant de sombrer dans la folie, ils décident de s’isoler à la campagne. Ils ignorent que la vieille demeure qu’ils occupent renferme aussi ses secrets et que leurs nouveaux voisins ont des mœurs bien étranges.
Avis :
Bien gérer sa carrière n’est pas simple. De nombreuses actrices et acteurs ont eu du succès pendant un temps, pour ensuite tomber dans les affres de l’oubli et signer dans des productions minables pour payer quelques factures, et garder un certain train de vie. C’est triste, mais cela touche beaucoup les acteurs de films d’action, ou encore les actrices qui vieillissent, et qui n’ont pas le même traitement de faveur que les hommes. Exemple, Fairuza Balk. A la fin des années 90, elle cartonne dans des films fantastiques, comme Dangereuse Alliance ou L’Île du Docteur Moreau, puis elle obtient même un rôle dans American History X. Les années 2000 seront alors plus compliquées, avec des films qui auront moins de succès, voire même des téléfilms totalement grotesques, à l’image de ce The Neighbours. Thriller horrifique et fantastique, ce film signé Melanie Orr est un calvaire sur tous les plans.

Le long-métrage débute avec un accident de voiture duquel ressort une femme avec le visage ensanglanté, et au loin, on voit un enfant qui a été expulsé de la bagnole. Après ce crash, on retrouve la même femme dans une situation inconfortable, et on va apprendre qu’elle est responsable de l’accident, et que son fils est dans le coma. En pleine errance, elle retourne dans son quartier d’enfance, et décide, avec son mari, d’acheter une vieille baraque à reconstruire. Malheureusement pour eux, il se trouve que la maison est hantée, et lorsqu’ils vont demander de l’aide aux voisins, un couple de personnes âgées, ces derniers réagissent bizarrement. Bref, on retrouve tous les éléments éculés d’un film d’horreur basique avec un fantôme dans une baraque, qui veut juste faire passer un message pour pouvoir trouver le repos. Rien de novateur là-dedans.
« La mise en place est laborieuse et longue »
D’entrée de jeu, le film se fourvoie complètement dans sa présentation. La mise en place est laborieuse et longue, tout ça pour poser le contexte psychologique d’une femme qui se retrouve traumatisée à la suite d’un accident de voiture. On peut comprendre cette volonté de changer de vie, et d’acheter une nouvelle maison pour repartir à zéro, mais tout cela n’emmène rien de novateur, surtout quand la maison en question est une ruine qu’il faut rénover. Dès lors, le film se décide à présenter le mari, qui est quelqu’un de lambda, qui veut aider sa femme à se reconstruire. Là aussi, si le fait de présenter un personnage simple est louable, il lui manque quand même du charisme, ou une implication plus prégnante. Pour faire bref, le couple est totalement linéaire, et rien n’est fait pour les rendre plus empathique.
Bien entendu, il va falloir rajouter des éléments fantastiques au sein de cette maison pour cocher les cases du cahier des charges. Dès lors, la femme fait des cauchemars, a des visions autour d’un enfant mort qui vit dans cette maison. Elle tombe, se blesse, et ce sont les voisins qui viennent la soigner. Une façon alors de détourner notre attente, présentant le fantôme comme la menace, et les voisins comme les gardiens d’un secret sur cette vieille maison. Cependant, comme l’indique le titre français du film, ainsi que le synopsis, on se doute bien que ce couple de vieux n’est pas là pour faire joli, mais cache un lourd secret. Et c’est là qu’intervient le premier twist, lorsque « l’héroïne » découvre, au détour d’un cauchemar, qu’elle connait ce fantôme, que c’était un ami d’enfance, et qu’il a un lien avec le couple de vieux et la baraque.
« le film ne propose rien de vraiment terrifiant. »
Le fait est que pour arriver là, le film ne propose rien de vraiment terrifiant. On voit des cadres qui tombent, quelques apparitions fugaces au détour d’un miroir, mais il n’y a rien d’autre, et on s’ennuie fermement face à cette histoire que l’on connait par cœur. Bien évidemment, la fin s’emballe avec plusieurs éléments, comme le mari qui pense que sa femme devient folle, ou encore le pot aux roses qui est découvert, et une action qui prend de l’ampleur. Enfin, ça, c’est vite dit, car on est dans un téléfilm shooté de façon neurasthénique, et rien ne viendra nous faire sourciller, ou même créer une quelconque angoisse. C’est mou, ça joue constamment sur une chance inouïe, et on ne croit pas une seule seconde à tout ce qui se passe. Mais c’est aussi à l’image de cette histoire rocambolesque et de sa mise en scène.
The Neighbours manque cruellement d’intérêt, notamment dans ce qu’il raconte, et dans la façon dont il le raconte. Ici, le film veut aborder les coutumes archaïques, et les croyances religieuses rigides, au point de torturer et tuer son propre gosse. Mais c’est balancé à brûle-pourpoint, sans jamais approfondir ce sujet, et le mettre en corrélation avec la vie tumultueuse de ce couple qui tente de survivre au coma de leur progéniture. Le scénario met en parallèle cet enfant mort qui veut que justice soit faite et cet enfant dans le coma qui pourrait s’en sortir, mais on reste dans un discours maladroit, qui ne sait pas comment raconter cette liaison. De plus, il est très compliqué de croire à tout cela, tant c’est tiré par les cheveux, et monté de façon sporadique, avec notamment des séquences rêvées qui sont floutées et mal foutues.

Au final, The Neighbours est un très mauvais film d’horreur, et même en tant que téléfilm, ça reste une daube. L’histoire racontée est d’une platitude déconcertante, les acteurs sont complètement en roue libre, et on ne ressent aucune empathie pour qui que ce soit. Si on rajoute à ça une mise en scène catastrophique et une technique aux fraises, on obtient tous les ingrédients pour un film indigeste, qui ne fait jamais peur, et qui ne redorera pas le blason de Fairuza Balk, qui continue alors de s’enfoncer dans les méandres de l’oubli.
Note : 04/20
Par AqME
