avril 27, 2024

L’Homme Debout – Brizé au Féminin

De : Florence Vignon

Avec Zita Hanrot, Jacques Gamblin, Cédric Moreau, Tatiana Gousseff

Année : 2023

Pays : France

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

Pour décrocher un CDI dans l’entreprise de papier peint qui vient de l’engager, Clémence Alpharo, doit pousser Henri Giffard, VRP en fin de parcours, vers une retraite anticipée. Il faut rajeunir l’image de la petite boite. Mais Giffard refuse. Son travail semble être la seule chose qui donne encore un sens à sa vie. Coincée entre la perspective d’un avenir professionnel qui lui permettrait de fuir ses problèmes familiaux et l’affection inattendue qu’elle éprouve pour le VRP, Clémence va devoir choisir…

Avis :

Même si Florence Vignon réalise en 2023 son premier long-métrage, la réalisatrice est loin d’être une débutante et surtout une anonyme dans le paysage du cinéma français. Si au départ, elle débute en tant que comédienne, c’est avant tout l’écriture qui l’intéresse. C’est au milieu des années 90 qu’elle commence à coucher ses mots sur le papier, et très vite, elle va collaborer avec Stéphane Brizé, qui en plus de l’écriture sur « Le bleu des villes« , lui offre aussi le premier rôle de son film.

À partir de là, Florence Vignon travaille beaucoup, aidant ou écrivant des scénarios pour Nicolas Castro, Antoine Santana, Filippo Meneghetti, ou encore et surtout pour Stéphane Brizé. D’ailleurs, c’est avec lui qu’elle décroche en 2010 le César de la meilleure adaptation pour « Mademoiselle Chambon« .

Après des années à avoir écrit pour les autres, 2023 voit un nouveau cap à franchir dans la carrière de Florence Vignon, puisqu’elle passe cette fois-ci à la réalisation avec ce premier film, « L’homme debout« .

«  »L’homme debout » est un premier essai qui est intéressant. »

Typiquement dans la veine du cinéma social, « L’homme debout » est un premier essai qui est intéressant, puisque la jeune réalisatrice a décidé de s’aventurer dans le monde de l’entreprise, et plus particulièrement, elle y sonde le travail, le choc des générations, les pressions liées au monde du travail, ou encore les retraites. Bref, un film parfaitement dans l’air du temps, et même s’il ne marquera peut-être pas notre année de cinéma, il mérite toutefois qu’on s’y arrête, ne serait-ce que pour ce formidable Jacques Gamblin, et la complexité du rôle tenu par Zita Hanrot.

Clémence Alphoro vient de décrocher un CDI en tant que DRH dans une boite qui fait du papier peint. Enfin, elle est en période d’essai, et son patron lui fait clairement comprendre que son CDI ne tient qu’au départ d’Henri Giffard, un VRP qui a toutes ses annuités pour la retraite, mais ce dernier refuse de partir, voulant encore et toujours travailler. Mais bon, comme il faut rajeunir l’image de la boite, ce vieillard n’a plus rien à faire là. Après avoir rencontré cet Henri, Clémence se prend d’affection pour cet homme qui travaille à l’ancienne et qui a des principes, et surtout une envie de travailler. Partagée entre son avenir, la pression mise par son boss et celui de cet homme, Clémence commence lentement à se noyer…

Pour son premier film, on pourrait dire que Florence Vignon se pose comme une excellente successeure à la trilogie sur le monde du travail de son complice Stéphane Brizé. Peut-être moins rentre dedans que le réalisateur français, avec « L’homme debout« , la cinéaste livre un cinéma qui est tout aussi pertinent.

« Très bien ficelé, « L’homme debout » explore la politique du chic face à l’humain. »

« L’homme debout » est un film qui aborde le monde du travail, avec tout un tas de reliefs. Ici, la réalisatrice veut aussi bien parler de la pression liée au travail, que du jeunisme qu’on peut trouver dans certaines boites qui privilégie l’image à la compétence. La réalisatrice aborde aussi les départs en retraite, ou encore ces hommes et ces femmes qui ne veulent pas partir. Très bien ficelé, « L’homme debout » explore la politique du chic face à l’humain. Puis bien entendu, le film interroge les limites qu’on se pose, et les dilemmes entre vie professionnelle, vie de famille, sécurité de l’avenir via un emploi et conscience professionnelle.

Si parfois, on pourra reprocher au film de faire dans la caricature lorsqu’il aborde le patronat et sa déconnexion face à ses employés, derrière ça, on ne peut s’empêcher d’être pris dans cette histoire, par ses personnages, et surtout par tout ce que le film dénonce. À bien des arguments, et des scènes, « L’homme debout » décrit plutôt bien un côté de la société et du monde du travail. Seul relief avec lequel on sera moins convaincu, c’est toute la portée sur la situation familiale du personnage de Clémence. Sa brouille avec sa sœur, ses origines, ou encore cette fuite de chez elle… L’ensemble apparaît en trop et surtout, on peut se demander ce que cela vient faire là, car le récit n’en avait pas besoin, étant suffisamment riche et touchant comme cela. D’ailleurs, on enlèverait cette partie-là du film, que ça ne changerait rien à l’intrigue.

« Florence Vignon a choisi Jacques Gamblin et Zita Hanrot et les deux comédiens sont excellents. »

Pour donner vie à ce monde du travail, Florence Vignon a choisi Jacques Gamblin et Zita Hanrot et les deux comédiens sont excellents, dans des rôles opposés et en même temps pas si différents que cela. Touchant chacun à leur manière, même si le fil conducteur qui les unit est assez prévisible, on se laisse attraper et on n’aurait pas voulu que cela se finisse autrement.

Si « L’homme debout » n’est pas incroyable dans sa réalisation, n’ayant pas vraiment de quoi être marquant, sur son ensemble, le film est efficace. Florence Vignon fait simple, mais ça fonctionne et comme je le disais, on se laisse gentiment attraper par cette histoire et la façon que peut avoir la réalisatrice de la raconter.

Ainsi, cet « … homme debout » se pose comme un premier film intéressant à bien des égards. Se laissant regarder avec intérêt, « L’homme debout » se fait surtout attrayant dans ce qu’il raconte du monde du travail, et plus largement de notre société, et de la valeur des gens. Joliment tenu par Jacques Gamblin et Zita Hanrot, même si cet « … homme debout » ne marquera peut-être pas notre année de cinéma, on ne regrette pas de s’y être arrêté.

Note : 13/20

Par Cinéted

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