avril 24, 2024

Jeanne du Barry – Maïwenn Académique

De : Maïwenn

Avec Maïwenn, Johnny Depp, Benjamin Lavernhe, Pierre Richard

Année : 2023

Pays : France, Angleterre

Genre : Historique, Drame, Romance

Résumé :

Jeanne Vaubernier, fille du peuple avide de s’élever socialement, met à profit ses charmes pour sortir de sa condition. Son amant le comte Du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, souhaite la présenter au Roi. Il organise la rencontre via l’entremise de l’influent duc de Richelieu. Celle-ci dépasse ses attentes : entre Louis XV et Jeanne, c’est le coup de foudre… Avec la courtisane, le Roi retrouve le goût de vivre – à tel point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Scandale : personne ne veut d’une fille des rues à la Cour.  

Avis :

Maïwenn est un personnage dans le paysage du cinéma français. Tout d’abord actrice qu’on a pu voir chez Luc Besson, Alexandre Aja, Claude Lelouch, ou encore les Larrieux, c’est en 2006 que Maïwenn fait une très belle entrée en tant que cinéaste avec le très personnel et dérangeant « Pardonnez-moi« . En un film étonnant, qui oscille entre le drame et le faux documentaire, Maïwenn étonne, intrigue et bouscule les codes. Depuis, Maïwenn a fait bien plus que confirmer, « Le bal des actrices« , « Polisse« , « Mon Roi » ou encore « ADN » construisent une filmographie qui ne ressemble à aucune autre, et à chaque fois le public est au rendez-vous.

Cela faisait une dizaine d’années que Maïwenn nourrissait l’envie de raconter Jeanne Du Barry, qu’elle considère comme une looseuse magnifique. Après s’être longtemps sentie illégitime pour s’engouffrer dans un film d’époque, Maïwenn franchit le cap et réalise le film dont elle rêve. On pourrait presque dire son film de rêve. Énorme sortie de la semaine, avec presque plus de neuf-cents salles, faisant l’ouverture du prestigieux Festival de Cannes, « Jeanne Du Barry » se pose comme une belle sortie. Certes, le film est très classique, mais derrière son côté académique, il y a cette spontanéité qu’on retrouve dans le cinéma de Maïwenn qui fait que même avec un film dont les roues entrent parfaitement dans les ornières, Maïwenn a ce petit quelque chose en plus qui fait que ce premier essai dans le cinéma d’époque, sans être un chef-d’œuvre, est une belle réussite.

«  »Jeanne Du Barry » a quelque chose de très classique. »

Jeanne Bécu est née d’un père prêtre et d’une mère cuisinière et elle était destinée n’être personne. Pourtant, au fil de sa vie et de ses expériences, elle va finir, au sein d’un bordel, par rencontrer le Vicomte Jean-Baptiste Du Barry, qui en tombera amoureux. En perpétuel manque d’argent, Monsieur Du Barry introduit Jeanne à la cour, dans l’espoir que le Roi la remarque, et c’est ce qui va se passer. De personne à courtisane, Jeanne finira par devenir la dernière favorite du Roi Louis XV.

Elle est forte quand même, Maïwenn. Trois ans après son « ADN« , la réalisatrice revient avec son projet le plus « grandiose », puisqu’elle se lance dans un film d’époque avec un Johnny Depp en américain de souche qui se retrouve à jouer en français, un Roi de France. On ajoutera à cela, qu’elle a pu tourner à Versailles même, dans les décors incroyables. S’en est suivi un tournage avec des frictions, et puis une première à Cannes… Bref, ce « Jeanne Du Barry » s’annonçait très intrigant et Maïwenn n’avait pas intérêt à se rater. Après sa superbe bande-annonce, le premier retour presse n’était pas si élogieux que cela, divisant les journalistes.

C’est vrai que pour un film de Maïwenn, « Jeanne Du Barry » a quelque chose de très classique, qu’on n’avait pas encore vu dans le cinéma de sa metteuse en scène. Que ce soit dans ses choix de mise en scène, dans la façon de raconter cette histoire et son personnage, Maïwenn ne prend pas vraiment de risque et raconte l’ascension de cette courtisane de manière très linéaire et sans grande folie ou émotion, même si on sera touché par cette histoire d’amour au final. Mais pourtant, derrière son côté académique, « Jeanne Du Barry » est un film qui, à bien des idées et des relations de personnage, qui s’inscrit bien dans le cinéma de Maïwenn.

« Il est très intéressant de suivre un personnage comme Jeanne Du Barry « s’infiltrer » à la cour. »

Comme je le disais plus haut, la première chose qui frappe, c’est la spontanéité dans le personnage incarné par Maïwenn. Sa Jeanne Du Barry est hors des codes de la cour, elle s’émerveille à chaque instant de cet endroit, et elle s’amuse de ces gens qui peuplent la cour, même si très vite, elle va être considérée comme une créature à abattre. De plus, on retrouve un côté documentaire, ou plutôt ultra documenté, que Maïwenn aime tant. Maïwenn nous emmène à la cour et ce film est un regard passionnant sur les us et coutumes de l’époque. Les traditions, le quotidien, les jalousies, les jugements, et il est très intéressant de suivre un personnage comme Jeanne Du Barry « s’infiltrer » à la cour, d’autant que Maïwenn fait exister tout un tas de personnages passionnants à suivre, comme par exemple les filles du Roi, redoutablement menées par une India Hair incroyable.

Puis derrière ça, Maïwenn offre de belles relations entre les personnages. Des relations touchantes et complices, notamment entre elle et le Roi divinement tenu par Johnny Depp. Il y a une belle alchimie qui se dégage d’eux, il y a beaucoup de tendresse, et même de l’humour, entre cette jeune femme qui est loin de l’image de la cour et ce Roi taciturne. Puis derrière ça encore, (et j’ai même envie de dire, surtout, car c’est peut-être la plus touchante des relations) Il y a l’attachement et les regards qui lient Jeanne avec le valet de chambre du Roi, merveilleusement campé par Benjamin Lavernhe. Tout comme d’ailleurs la réalisatrice pose une belle relation entre le Roi et son valet.

Bref, derrière sa réalisation parfaitement dans les clous, (quoi que les décors, les costumes, la photographie, ou encore la BO (un peu trop présente) sont magnifiques), « Jeanne du Barry » se pose donc comme un beau portrait, qui décrit avec précision l’ascension d’une femme du « peuple » vers les plus hautes sphères de la cour de France. Intéressant de bout en bout de film, malgré l’académisme de son film, j’ai aimé découvrir ce bout d’histoire, ce personnage, et plus largement, j’ai aimé de ce voyage de deux heures à Versailles. Bref, je le redis, elle est forte quand même, Maïwenn.

Note : 15/20

Par Cinéted

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