avril 20, 2024

Ghost Lab

De : Paween Purijitpanya

Avec Thanapob Leeratanakajorn, Paris Intarakomalyasut, Nuttanicha Dungwattanawanich

Année : 2021

Pays : Thaïlande

Genre : Thriller, Fantastique

Résumé :

Après avoir été témoins d’un phénomène paranormal dans leur hôpital, deux médecins deviennent obsédés par l’idée d’apporter la preuve scientifique de l’existence des fantômes.

Avis :

Sans distinction de nationalité ou de croyances, les phénomènes de hantise sont ancrés dans la culture populaire. Depuis l’avènement du spiritisme au XIXe siècle, le surnaturel interpelle et fascine, même s’il laisse les interrogations qu’il induit en suspens. Bien souvent, il s’agit d’une affaire d’interprétation, voire de perception. Le cinéma, comme la littérature, a tôt fait d’exploiter le sujet, proposant des œuvres à l’atmosphère travaillée, ainsi que moult productions opportunistes. En complément, on peut aussi évoquer les émissions télévisées, plus ou moins à vocation sensationnaliste, pour enquêter dans des lieux potentiellement hantés.

De prime abord, Ghost Lab semble être une sorte de syncrétisme de tout ce que l’on peut véhiculer sur les revenants et autres âmes en peine. Le pitch initial se penche sur l’obsession de deux internes où les manifestations paranormales se multiplient dans les couloirs de leur hôpital. Le fait de mener cette activité en parallèle de leur profession tend à se rapprocher du profil des chasseurs de fantômes qui se passionne pour la vie après la mort. Dès lors, on s’attend à des investigations pour découvrir l’origine de ces évènements. La première partie confirme cette impression. On joue alors sur des ficelles habituelles pour amalgamer un travail de fond et une communication sur le web ; ego et succès du sujet oblige.

« Certaines réparties confèrent à la comédie de bas étage, tandis que plusieurs passages jouent sur les ficelles éculées du mélodrame en filigrane de l’intrigue. »

Ainsi, on oscille entre une réalisation classique, des intermèdes en caméra subjective et des explications didactiques, façon journal de bord d’un vidéaste. L’idée n’est pas pour déplaire, mais présente déjà plusieurs maladresses. D’une part, l’alternance des techniques de mise en scène est assez déséquilibrée et guère fluide. D’autre part, les passages où les intéressés sont censés enquêter ne proposent rien de probant, encore moins d’inédit. Le matériel laisse à désirer, tandis que la vision infrarouge se contente d’exposer des couloirs déserts, des ombres fugaces ou des fauteuils roulants qui se déplacent sans l’aide de quiconque.

On assiste alors à un réel problème quand cette partie, guère effrayante ou immersive au demeurant, enchaîne les changements de ton sans véritable cohérence. Certaines réparties confèrent à la comédie de bas étage, tandis que plusieurs passages jouent sur les ficelles éculées du mélodrame en filigrane de l’intrigue. On songe au trauma de l’enfance d’un des protagonistes ou des soins palliatifs de la mère de son comparse. Certes, il s’agit de prétextes pour justifier leur intérêt pour le paranormal. Toutefois, ce mélange ne fonctionne pas et rappelle un autre métrage thaïlandais qui s’empêtrait dans les mêmes errances : Buppha Rahtree. Il y était question de maltraitances conjugales abordées avec gravité, puis avec une approche trop farfelue et délurée pour un tel sujet.

« L’obsession de la mort pousse à des dérives extrêmes, tandis que le rapport entre la vie et l’au-delà se joue sur des réactions colériques ou capricieuses. »

La seconde partie du film n’est pas plus convaincante avec un changement de registre. En effet, le récit délaisse les émissions web/TV sur les enquêtes paranormales pour se lancer dans un trip qui évoque L’Expérience interdite. L’obsession de la mort pousse à des dérives extrêmes, tandis que le rapport entre la vie et l’au-delà se joue sur des réactions colériques ou capricieuses. La communication via les nouvelles technologies, le témoignage du défunt quant à l’au-delà, l’hébétude et l’affliction des proches… Tout cela passe à la trappe pour un traitement inconsistant avec des confrontations clinquantes, particulièrement expansives pour s’appuyer sur les ficelles de l’horreur ou de l’épouvante.

Au final, Ghost Lab est une sorte de fourre-tout cinématographique qui s’égare dans tout ce qu’il entreprend. Le film de Paween Purijitpanya ne parvient guère à étayer une narration constante dans l’enchaînement des faits. Le potentiel d’exploration de l’hôpital n’est jamais avancé, tout comme l’atmosphère qui découle d’un tel lieu. Inutile d’évoquer la culture thaïlandaise, le rapport à l’au-delà ou la démarche scientifique qui s’ensuit. Ces aspects sont tout bonnement occultés. On regrette aussi des premières manifestations surnaturelles très explicites qui ne suscitent aucune émotion. À cela s’ajoute un contraste mal maîtrisé entre mélodrame, comédie, horreur et thriller. À mi-chemin entre L’Expérience interdite et Episode 50, il en ressort un film inabouti où le sujet subit les affres d’une réalisation et d’une progression capricieuses.

Note : 08/20

Par Dante

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