Mickey & la Terre des Anciens

Auteurs : Denis-Pierre Filippi et Silvio Camboni

Editeur : Glénat

Genre : Aventure

Résumé :

Dans un monde où chacun vit sur de précaires lopins de terre flottants pouvant à tout moment être emportés par de violentes tempêtes, Mickey, maître cordier, a pour mission de tenir en place ces fragiles îles volantes. Sans cesse sollicité, son travail lui évite de trop penser à la perte récente de son ami Dingo. Jamais Mickey n’a été aussi seul et démuni. Il doit pourtant affronter le tyrannique seigneur Fantôme, voleur des terres des plus pauvres. Pour cela, il se réconcilie à contrecœur avec Minnie, un peu trop occupée à vainement rechercher un continent chimérique et s’allie à Pat Hibulaire, leader d’une guilde indépendante aux agissements douteux, qui lui cache toutefois une bien belle surprise.

Avis :

Dans l’association Glénat/Disney, on a pu lire du bon, du très bon, et du mauvais. Etonnement, lorsqu’il faut reprendre des classiques de la BD ou de la littérature, c’est souvent là que le bât blesse, avec des réécriture pataude et pas très intéressante. On peut citer Mickey Maltese ou encore la version de Moby Dick avec Picsou. Fort heureusement, certains auteurs se sont associés pour apporter leur pierre à l’édifice, et certains avaient de belles idées derrière la tête. Et il est difficile de ne pas citer Denis-Pierre Filippi et Silvio Camboni. Le duo nous avait enchanté avec Mickey et l’Océan Perdu, un récit steampunk d’une beauté sidérante, et qui prônait une belle aventure à destination des jeunes. Le duo récidive ici avec Mickey & la Terre des Anciens, qui n’est point une suite, mais bien un stand alone complet.

Ici, on est dans un univers unique et jamais vu. Le monde dans lequel évoluent les personnages est fait de blocs de terre flottant dans les airs, et ils sont soumis à des vents violents, voire à des dérives de blocs qui peuvent faire de gros dégâts. Mickey exerce le métier de cordier, c’est-à-dire qu’il fabrique des cordes pour relier les bouts de terre entre eux, afin d’éviter les dérives, ou les pertes de terrain. Son talent est très convoité, notamment par le Fantôme, un homme énigmatique qui vole des terres pour agrandir son royaume, cherchant à chaque fois des blocs avec des ressources indispensables. Minnie, quant à elle, vogue de blocs en blocs afin de retrouver des glyphes qui seraient la marque des anciens, promettant une terre promise qui ne vole pas. Les deux amoureux vont devoir alors lutter ensemble contre le Fantôme.

Très clairement, on évolue dans un univers unique, et vraiment bien fichu. Le problème, c’est qu’un one shot dans cet univers est assez frustrant, car on sent que tout n’est pas exploré par manque de place. On se retrouve donc avec une aventure qui pourrait paraître tronquée. D’ailleurs, le début nous raconte que Dingo a disparu dans un tourbillon, et que les deux personnages principaux ont perdu espoir de le retrouver, et cela leur pèse. On atterrit donc dans un monde qui a déjà une histoire, et c’est un peu dommage de ne pas avoir la genèse de cet univers. Alors cela n’empêche pas la compréhension de l’ensemble, ni même de prendre beaucoup de plaisir à la lecture, mais il aurait peut-être été plus judicieux d’étaler cela sur plusieurs tomes, et de pouvoir aborder plus de thèmes différents.

Car oui, malgré l’aventure et le rythme soutenu, on reste sur quelque chose d’assez basique, et qui manque un peu de profondeur, ou tout du moins de thèmes forts et marquants. Ici, les deux aventuriers vont tomber sur la guilde de Pat Hibulaire, et participer bien malgré eux à une guerre entre le Fantôme et Pat. Ils vont profiter de cette pagaille pour faire leurs recherches sur ce fameux continent perdu, et les choses se déroulent comme elles doivent se dérouler. C’est simple, il y est question d’amitié, de pugnacité pour trouver le graal, mais aussi d’abnégation, avec une fille plus courageuse que le garçon. Cependant, on sent que c’est à destination d’un public jeune, et il ne faut pas faire dans le compliqué, ou tout du moins dans quelque chose d’un peu plus sulfureux. Et c’est dommage, car il y avait matière à faire avec cette association de malfaiteurs.

Néanmoins, malgré cette petite faiblesse dans l’écriture, il faut saluer le travail sur l’univers et le lore, avec ces petits oiseaux intelligents, ce monde si particulier fait de blocs de pierres et toutes les référence que l’on peut y trouver, allant de Moebius à Jodorowsky (L’Incal), et piochant dans un imaginaire collectif qui peut faire référence à Avatar par exemple. Le dessin de Silvio Camboni est une dinguerie. La BD est tout simplement sublime, avec de grandes planches qui sont à tomber par terre, des décors à couper le souffle, et une précision qui est assez folle. De plus, on retrouve le style du dessinateur, mais il ne dénature jamais l’univers de Disney, se l’appropriant pleinement. Comme pour la BD précédente, l’auteur est impressionnant de maîtrise et talent, offrant une œuvre d’art à part entière.

Au final, Mickey & la Terre des Anciens est une bande-dessinée fort recommandable pour tous les âges, car chacun y trouvera son compte. Les enfants seront ravis de l’aventure vécue et des personnages de Disney qui auront fort à faire dans cet univers unique. Quant aux adultes, ils seront subjugués par les dessins extraordinaires de Silvio Camboni, qui fait étalage d’un talent sans pareil, et prouve par la même occasion qu’il est peut-être l’un des dessinateurs les plus doués de sa génération.

Note : 15/20

Par AqME