septembre 26, 2025

L’Incorrigible – Taillé pour Bébel

De : Philippe de Broca

Avec Jean-Paul Belmondo, Geneviève Bujold, Capucine, Julien Guiomar

Année : 1975

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

A peine sorti de prison, Victor Vauthier reprend le cours de ses activités illégales et retrouve rapidement son confort d’autrefois. Mais il tombe sous le charme de Marie-Charlotte Pontalec, une assistante sociale chargée de sa réinsertion. Dans le dos de la jeune femme, il prépare alors son prochain coup : voler un tableau d’une valeur inestimable.

Avis :

Le cinéma français a toujours regorgé d’acteurs charismatiques qui ont fait les beaux jours du septième art. On peut aisément citer Alain Delon, Gérard Depardieu ou encore Jean-Paul Belmondo, qui ont eu leur réalisateur fétiche, au point que certains d’entre eux écrivaient des scénarios en pensant directement à l’acteur en question. Et en ce qui concerne notre Bébel national, Philippe de Broca a eu un coup de foudre avec cet homme. Il l’a fait tourner dans L’Homme de Rio, Le Magnifique ou encore L’Incorrigible, film qui nous préoccupe entre ces lignes. Ecrit par un certain Michel Audiard, L’incorrigible est un film qui a été conçu spécialement pour le bagou de Jean-Paul Belmondo, avec un rôle sur-mesure, celui d’un voyou manipulateur au grand cœur. Cependant, cinquante ans plus tard, ce film vaut-il toujours le coup, ou a-t-il vieilli plus que de raison ?

Dès le départ, le film nous met dans le bain. On accueille un Bébel fringant qui sort de prison, et qui va directement dans le bar en face pour passer trois coups de fil et arnaquer quelques personnes en se faisant passer pour quelqu’un d’autre. Le ton est donné, ainsi que le rythme, puisque le démarrage est presque hystérique, aussi bien dans les dialogues qui n’arrêtent pas une seconde, que dans la gestuelle d’un Belmondo qui est en roue libre totale. Par la suite, il va papillonner à droite et à gauche, tenter d’escroquer quelques américains, puis il va retrouve celle que l’on pourrait croire être sa femme, mais ce n’est qu’une conquête parmi tant d’autres. D’ailleurs, par la suite, il file dans un pressing, où on comprend qu’il a une fille, et que la mère de cette dernière est toujours sous le charme de ce bellâtre.

« L’incorrigible est un film qui a été conçu spécialement pour le bagou de Jean-Paul Belmondo« 

Ce début se veut très humoristique avant de tomber dans quelque chose d’un peu plus pathétique. En effet, à la fin de cette journée, notre héros rentre véritablement chez lui, dans une roulotte minable, dans laquelle habite son mentor, celui qui lui a appris à faire tous les mauvais coups possibles. Un homme acariâtre, qui parle comme un livre, et qui vit comme un reclus. Philippe de Broca, derrière sa comédie, livre un portrait en deux teintes d’un homme joueur mais pas tant heureux que ça. C’est ce qui fait l’empathie que l’on peut avoir pour cet homme, qui n’est pas d’un voyou souriant, mais aussi un humain mal dans sa peau, et qui fait cela pour se sentir vivant. Bien entendu, il ne sera pas le seul personnage à avoir un aussi beau portrait, puisque l’arrivée de sa thérapeute pour sa réinsertion va changer la donne.

Le personnage interprété par Geneviève Bujold va avoir une belle évolution aussi. Très fermée au départ, la femme va se laisser charmer par ce type hystérique, qui court de partout, au point de découvrir une nouvelle vie avec lui, faite de spectacles, de musique et d’un franc lâcher-prise. On a vraiment l’image de la petite bourgeoise un peu coincée qui découvre un autre monde, plus coloré, plus chamarré, et qui va prendre du plaisir à s’ouvrir aux autres. L’actrice est parfaite dans ce rôle, et ce n’est pas pour rien que Philippe de Broca l’a choisi, elle avait déjà joué pour lui dans Le Roi de Cœur de 1966. Néanmoins, en ce qui concerne les autres personnages, on reste trop en superficie, et le film ne se contente que de ce couple, alors qu’il aurait pu aller plus loin, avec toutes les conquêtes de notre héros.

« un Belmondo en pleine forme. »

L’autre point un petit peu négatif concerne le rythme du film, qui s’essouffle un peu vers la fin. Si le début est tonitruant dans la présentation du personnage, et le jeu de séduction avec sa thérapeute, par la suite, les choses traînent un peu de la patte, notamment lors du cambriolage, qui est rocambolesque et manque de crédibilité. Philippe de Broca veut montrer que ces monte-en-l’air sont des bras cassés, mais pour cela, il fait appel à des gags visuels cartoonesques qui ne collent pas vraiment à l’image du film. Alors certes, certains moments sont drôles, mais sur la fin, entre la panne sexuelle de notre Dom Juan et la revente du tableau, avec un arnaqueur qui se fait arnaquer, on reste sur quelque chose de trop appuyé et d’un peu pénible. Ou tout du moins, il y avait de meilleurs choix à faire et à proposer.

Mais encore une fois, L’Incorrigible reste un film qui joue sur notre corde sensible, avec un Belmondo en pleine forme. Certains passages sont vraiment très drôles, surtout lorsqu’il joue sur un comique de répétition qui s’enchaîne. Le coup de la moustache dans les deux restaurants est vraiment hilarant. Il est d’ailleurs dommage qu’il y ait tant de flottement par moment, comme ce passage en travesti qui ne sert pas à grand-chose, car le film demeure vraiment excellent sur certaines séquences. Et puis il y a cette fin si maline, avec une jeune femme qui met le grappin sur notre héros, et ce dernier va vite se rendre compte dans quel guet-apens il s’est fourré. Un plan final très drôle, qui fait écho au personnage de Bébel, ce charmeur qui ne veut jamais se poser, enchaînant alors les conquêtes, et ne voulant pas être soumis aux désirs de quiconque.

Au final, L’Incorrigible demeure un film fort recommandable, qui n’a pas vraiment vieilli, que ce soit dans sa mise en scène ou encore dans ses tonalités, qui peuvent paraître un tantinet machiste, mais sans aucune méchanceté. Jean-Paul Belmondo trouve un rôle à sa démesure, il en fait des caisses, et prend un plaisir immense à jouer cet escroc qui n’utilise ni haine, ni violence. Il est formidablement bien accompagné d’une Geneviève Bujold resplendissante, qui va venir semer le trouble dans les sentiments de cet homme supposé insensible. Bref, il s’agit-là d’une sympathique comédie, pas la meilleure de Philippe de Broca, mais qui reste un petit bonbon acidulé.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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