
Avis :
Comment se faire remarquer aujourd’hui quand on veut faire du métal, ou tout du moins quand il y a un peu de métal dans nos sonorités ? Visiblement, en ce moment, ce qui marche bien, c’est de mélanger les genres et d’apposer une certaine modernité dans les riffs. On peut évoquer le fourre-tout de Sleep Token, le côté Electro de Electric Callboy ou encore le mystère autour de President et son utilisation presque abusive du vocoder (ou autotune, tu coisis ce que tu veux). Parmi tous ces groupes, il y a en a un autre qui est sorti du lot, c’est Sleep Theory. Le groupe se fonde en 2019 autour de Cullen Moore qui, à la base, voulait faire un projet solo. Il est rapidement rejoint par le bassiste Paolo Vergara et les frères Pruitt qui s’occuperont de la guitare et de la batterie.
Jusque-là, il n’y a pas trop de surprise, on reste sur une formation classique. Mais Sleep Theory veut être un mélange de plein de choses, alliant les riffs, et parfois le chant crié, du Metalcore, avec un chant clair qui évoque le R’n’B et parfois des éléments plutôt modernes, avec quelques ajouts électro. Ce melting-pot peut sembler indigeste, et pour beaucoup de metalleux pur jus, ça l’est, mais force est de reconnaître que le succès public est bel et bien là, avec des millions d’écoutes sur les plateformes, et des millions de vues sur Youtube. Il n’en fallait pas plus pour lancer la hype Sleep Theory, et que le groupe envahisse un petit peu les réseaux sociaux. Ajoutons à cela une pléthore de clips pour un premier album, et la boucle est bouclée. Mais dans les faits, qu’est-ce que ça vaut vraiment ?
L’album débute avec LE tube Static, puisqu’il s’agit du morceau qui a fait connaître le groupe au « grand » public, et qui contient tous les éléments de la formation. On a un début prometteur, avec un chant crié de la part du guitariste, puis le premier couplet, perclus de vocoder, sera lancé par Cullen Moore. Le résultat se révèle grisant grâce à un bon rythme, et surtout un refrain qui reste un long moment en tête. On aura droit à un break percutant, qui lorgne vers le Metalcore, mais de façon globale, on reste sur un truc déjà entendu mille fois, et le mélange un peu Pop/R’n’B/Metalcore n’a rien de nouveau. C’est juste fait pour le tout public, avec une composition maline. Et cela se retrouve avec le titre suivant, Hourglass, qui est foutu exactement de la même manière, avec peut-être un peu plus de nervosité dans le chant.

En l’état, on reste sur quelque chose de convenu, et qui ne surprend pas, sinon celui de dériver petit à petit vers des éléments plus Pop. Etrangement, III et Fallout, qui sont les deux morceaux suivants, tentent de se faire plus virulents, avec la présence d’un duo basse/guitare plus lourd et plus gras. Néanmoins, c’est tellement surproduit, que l’on sait pertinemment qu’en live, ça ne peut pas fonctionner. Et pour un groupe qui se revendique un peu de la scène Métal, ça la fout mal. Et parfois, on a l’impression que le groupe oublie ses origines un peu nerveuses, notamment quand on lance Stuck in my Head, un titre plus Pop qu’autre chose, et qui a la chance d’avoir un refrain ultra catchy que l’on ne peut s’empêcher de chanter. Parce que d’un point de vue technique, c’est relativement pauvre, et il ne faudra pas s’attendre à un petit solo.
Le point clivant arrive avec Gravity, qui est tout simplement une ballade, avec des paroles sirupeuses. Alors ce n’est guère une surprise, le clip étant arrivé avec l’album, mais ça reste très timide, et surtout, on a la sensation d’avoir entendu cela des centaines de fois. Les choses ne s’arrangent pas avec Afterglow, qui peut se targuer d’un refrain plus percutant que les couplets, ainsi que d’une « orchestration » grandiloquente, mais l’ensemble manque cruellement d’originalité. Numb tente de renouer avec le côté nerveux du début, mais ça reste timide. Heureusement, Parasite propose un peu plus de chant crié, et remet la guitare au centre de nos préoccupations, mais ça reste du déjà entendu. Just a Mistake ressemble à du sous Linkin Park. Paralyzed propose un peu plus de verve. Puis Words are Worthless conclue très timidement l’ensemble, ne donnant pas forcément l’envie d’aller plus loin…
Au final, Afterglow, le premier album de Sleep Theory, n’est pas forcément un mauvais effort, mais il reste un disque assez banal, qui essaye de mélanger le Metalcore avec des éléments plus modernes, comme de l’Electro, de la Pop ou encore du R’n’B. L’intention est louable (et à la mode), mais malheureusement, les structures se répètent, il n’y a pas d’univers à proprement parlé, et on reste dans un carcan radiophonique prêt à cartonner sur les stations radiophoniques américaines. En l’état, si on peut y prendre du plaisir, on reste tout de même sur une musique déjà entendue, et qui manque cruellement de prise de risque…
- Static
- Hourglass
- III
- Fallout
- Stuck in my Head
- Gravity
- Afterglow
- Numb
- Parasite
- Just a Mistake
- Paralyzed
- Words are Worthless
Note : 12/20
Par AqME