Avis :
Est-il encore besoin de présenter Green Day, groupe phare de la scène punk californienne, se formant à la fin des années 80 et trouvant le succès au milieu des années 90 avec leur album Dookie. Jouant constamment avec les codes du genre, et trouvant un juste équilibre entre Punk et Pop, Green Day a eu plusieurs baisses de régime avant de rebondir dans les années 2000 avec American Idiot, album qui se veut être un Opéra Punk. Par la suite, si le succès ne sera plus autant au rendez-vous, le trio américain reste une valeur sûre du Punk accessible et gentillet. Tellement gentillet même qu’il en devient une sorte d’égérie mainstream pour un genre qui ne demande qu’à rester underground. Mais qu’importe, Green Day se porte bien en porte-étendard d’un genre dont il ne garde qu’une petite flammèche au milieu d’un océan popisant.
Quatorzième album pour le groupe, Saviors arrive dans un contexte assez anodin. Le line-up ne change pas, l’humeur du groupe semble être au beau fixe, mais on peut tout de même noter un changement, celui du producteur. Green Day revient à Rob Cavallo, qui avait déjà produit des albums précédents, mais pas les deux derniers, qui ont été des échecs commerciaux, et accueilli par des critiques assez froides. De ce fait, on peut dire que le groupe tente de renouer avec son glorieux passé via cette galette, qui s’avère assez agréable, même si on retrouve les mêmes scories qu’auparavant, à savoir une sonorité trop Pop pour un groupe qui se revendique de la scène punk. Il suffit d’écouter le premier single pour s’en rendre compte.
The American Dream is Killing Me ressasse un sujet abordé mille fois par le groupe, critiquant alors le système américain, et la seule chose qui change un peu se trouve dans les sonorités irlandaises que l’on peut percevoir en introduction. Pour le reste, on est dans le tout-venant, et même si ce n’est pas désagréable, ça reste assez timide. On se réjouira plus facilement avec Look Ma, No Brains ! qui est très court mais bénéficie d’un élan Punk ensoleillé qui fait du bien et revient aux sources même du groupe. Puis arrive alors Bobby Sox, et même si les riffs s’avèrent assez lourds et puissants, on reste sur une musique simple et classique, qui bénéficiera tout de même d’un refrain nerveux et très catchy. Néanmoins, il n’y a pas de quoi se réveiller la nuit pour réécouter le truc.
One Eyed Bastard revient un petit peu à l’aspect punk des débuts, tout en essayant de ménager la chèvre et le chou pour rester dans les carcans d’un rock calibré. Chose que l’on retrouve avec Dilemma qui rejoint Bobby Sox dans le genre. Les deux titres sont construits de la même façon, avec un élan Pop-Rock assumé mais porté par une voix plus nerveuse sur les fins de refrains, et surtout, un riff un peu plus rugueux. Mais la structure reste simple et faite pour passer à la radio ou sur les chaînes de clips vidéo. Heureusement pour nous, si l’on cherche un peu du côté des titres qui n’ont pas bénéficié d’une mise en avant, on a quelques petits trucs sympathiques et agréables, à l’image de 1981 et sa jolie rapidité d’exécution. Puis Goodnight Adeline reste très simpliste mais fait amplement le taf au rayon des ballades efficaces.
Coma City sera un élan d’orgueil pour le groupe qui délivre un excellent morceau, donnant alors les pleins pouvoirs à Tré Cool sur la fin du titre, lui permettant de faire étalage de son talent derrière les fûts. Puis Corvette Summer se fera un petit plaisir en pur Rock chaleureux qui fait le taf lors des playlists de l’été. Suzie Chapstick demeurera néanmoins une déception dans le genre. Le titre est trop mou, et ne se décide jamais à être une ballade ou un truc vaguement Pop… Strange Days are Here to Stay tente le riff Punk des débuts, mais manque cruellement d’identité. Mais Living in the 20’s revient à quelque chose de court, concis et résolument Punk. On aurait aimé plus de titres de cet acabit. Father to a Son résonne comme la ballade sirupeuse de la galette. Saviors et Fancy Sauce n’arriveront pas à vraiment décoller.
Au final, Saviors, le dernier album en date de Green Day, n’est pas un album marquant des californiens. S’il fait suite à quelques échecs et se révèle bien mieux que les deux albums précédents, il reste tout de même un produit réchauffé et dont les attentes ne sont pas vraiment comblées. Si l’on retrouve une poignée de morceaux plaisants et relativement efficaces, on reste dans une zone de confort pour le groupe, qui essaye de satisfaire les fans de la première heure, tout comme les plus récents, mais cela ne marche pas forcément, et il manque un peu de fougue et de moments de sales gosses pour vraiment nous marquer. Le groupe s’est bien trop assagi…
- The American Dream is Killing Me
- Look Ma, No Brains !
- Bobby Sox
- One Eyed Bastard
- Dilemma
- 1981
- Goodnight Adeline
- Coma City
- Corvette Summer
- Suzie Chapstick
- Strange Days are Here to Stay
- Living in the 20’s
- Father to a Son
- Saviors
- Fancy Sauce
Note : 14/20
Par AqME