janvier 17, 2025

Stage Fright – Quand Horreur et Comédie Musicale Essayent de Faire Bon ménage

De : Jerome Sable

Avec Allie MacDonald, Douglas Smith, Meat Loaf, Minnie Driver

Année : 2014

Pays : Canada

Genre : Horreur, Musical, Comédie

Résumé :

Bien décidée à suivre les pas de sa mère, ancienne diva de Broadway, Camilla passe un casting et décroche un rôle dans une pièce. Mais les répétitions tournent vite au bain de sang.

Avis :

De temps à autre, on trouve dans le cinéma d’horreur des idées complètement incongrues. Par exemple, mélanger l’horreur à la comédie musicale. Ce n’est pas une chose nouvelle, et les exemples sont assez nombreux, avec notamment The Rocky Horror Show ou encore Phantom of the Paradise et La Petite Boutique des Horreurs. Mais de façon récente, c’est-à-dire depuis une bonne dizaine d’années, ce sous-genre est tombé en désuétude, et les exemples se comptent sur les doigts d’une main. On peut citer Anna et l’Apocalypse de 2017, avec ces zombies anglais, ou encore Stage Fright de 2014, film qui nous préoccupe entre ces lignes. Premier film pour Jerome Sable qui ne conclura jamais par la suite, Stage Fright épouse les codes du slasher et de la comédie musicale pour un résultat… étonnant.

Le début du film rentre dans le vif du sujet, avec une comédie musicale qui se joue devant nos yeux. A la fin du spectacle, la chanteuse star se fait zigouiller à coups de couteau. On se retrouve alors dix ans plus tard, avec la fille de cette chanteuse, qui travaille en tant que cuisinière dans un camp de vacances qui est dédié à la création d’une pièce de théâtre. Et comme par hasard, c’est l’opéra hanté qui est choisi, dernière pièce de la défunte mère. C’est alors que la jeune femme décide de suivre les pas de sa mère, et va auditionner pour avoir le rôle principal. En parallèle de la construction de cette pièce de théâtre, on va avoir droit à un type masqué qui déambule dans le camp, ne supporte pas cette adaptation, et va rapidement tuer qui passe à sa portée.

« Point de surprise ici, on est dans le slasher basique »

Point de surprise ici, on est dans le slasher basique, avec un tueur masqué, des crimes à l’arme blanche et une flopée de potentiels suspects. Cependant, la véritable surprise proviendra de l’idée de film musical, qui nous surprendra dès le départ, avec tout le camp qui se met à chanter en arrivant sur le camp. Le délire va jusqu’au bout, en mettant en avant une prestation scénique intéressante, et des paroles qui présentent les personnages, ainsi que leur envie de faire du théâtre et du chant. La séquence joue à fond la carte de la comédie, avec des paroles amusantes et des jeux de mots qui prêteront à sourire. Néanmoins, ce passage va vite montrer ses limites, car il est beaucoup trop long, et au bout d’un moment, on a du mal à y croire. Mais cette entrée en matière détonne et montre les ambitions du réalisateur.

Des ambitions qui seront malheureusement revues à la baisse lorsqu’il va falloir aller dans l’horreur. La préparation du spectacle, les relations entre les personnages, les antagonismes qui se forment, tout cela sent trop le réchauffé, et chaque protagoniste rentre dans les clichés du genre. On a l’héroïne timide qui se révèle, le frère jaloux, le metteur en scène scabreux et insistant, le machiniste homosexuel, l’acteur qui se découvre gay, bref, tout ce petit monde n’a pas l’ombre d’une originalité, et c’est bien dommage. Jusqu’au directeur du camp qui se montre très ambitieux, utilisant ses élèves pour se sortir d’une misère à la fois pécuniaire et personnelle. Et c’est là que réside l’un des principaux points faibles du film, son manque d’empathie envers les personnages, car aucune d’eux n’est vraiment agréable ou très intéressant à suivre.

« le film est assez gore dans ses crimes »

Il en ira de même avec le côté enquête de l’affaire. Si les suspects peuvent être nombreux, leur nombre va se réduire considérablement lorsque l’on va réfléchir deux minutes. Un seul personnage se montre vraiment insistant pour partir, ou tout du moins pour empêcher l’héroïne d’avoir le rôle principal. A partir de là, difficile d’avoir le moindre doute, et le réalisateur doit en être conscient, puisqu’il dévoile assez vite son tueur. Les raisons évoquées sont alors assez maigres, même si on peut comprendre certaines réactions, ou cette envie de buter tout le monde et de détester profondément cette pièce de théâtre, et plus loin, ce camp de création.

Cependant, le film se démarque tout de même par certains aspects, et en premier lieu, il faut parler de la musique. Si le côté comédie musicale est mis en avant via la pièce et les musiques d’opéra, le tout change lorsque l’on prend le point de vue du tueur, et on passe sur une musique métal. Si c’est très cliché en associant le métal à l’horreur, force est de constater que tout cela marche bien, et on rentre bien dans le délire, notamment sur le dernier tiers, lorsque le tueur sort vraiment une guitare et tape un solo avec un couteau dans les cordes.

Ensuite, il faut dire que le film est assez gore dans ses crimes, chose rare dans le slasher. La première victime se fait poignarder avec frénésie, finissant avec un couteau dans la bouche. Par la suite, on aura quelques plans dégueulasses sur un pied qui s’arrache, un type qui bouffe une ampoule, ou encore un mec qui va se faire ouvrir le ventre par une scie circulaire. Le film n’hésite pas à aller au bout des choses, et c’est assez réjouissant de voir cela, encore plus quand on voit qu’il y a des enfants qui jouent dedans. S’ils sont épargnés par le tueur, ils font partie de la clique et le côté gore n’était pas forcément attendu.

Au final, Stage Fright se pose comme un film inégal, qui essaye de composer avec deux genres presque antinomiques, la comédie musicale et le film d’horreur. Pour autant, si l’aspect musical surprend et peut dérouter, le côté horreur est très balisé et seul les aspects gores seront les bienvenus. Au milieu de tout cela, le casting se révèle convaincant, l’humour un peu lourdingue, et la mise en scène basique, ce qui révèle, in fine, de l’inégalité dans la gestion des genres et des ambitions. Pas mauvais donc, mais assez anecdotique.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.