
De : Abe Forsythe
Avec Lupita Nyong’o, Alexander England, Josh Gad, Diesel La Torraca
Année : 2019
Pays : Australie
Genre : Comédie, Horreur
Résumé :
Dave, musicien raté, égoïste et irresponsable, tombe sous le charme de l’institutrice de son neveu, Miss Caroline. Il se porte volontaire pour accompagner la classe lors d’une sortie éducative dans une ferme voisine. Non loin de là, un virus s’échappe d’un camp militaire et une épidémie de Zombies prolifère. Face à l’invasion, Miss Caroline décide de présenter la terrible menace aux enfants comme un jeu éducatif, pour ne pas les effrayer et protéger leur innocence. Dave voit ses plans s’éloigner et va devoir faire face à ses responsabilités…
Avis :
Que c’est compliqué de faire une comédie avec des zombies aujourd’hui. Il faut dire que l’on a la sensation d’avoir fait le tour de la question depuis belle lurette, avec des films qui ont pris rapidement les devants. On peut évoquer le côté ludique et festif d’un Bienvenue à Zombieland, l’aspect so british d’un Shaun of the Dead, ou encore le côté rétro d’un Fido. Tous ces films avaient une identité, et une volonté de faire rire en abordant des thèmes plutôt rigolos. Et on peut y ajouter quelques autres films plutôt sympathiques, qui ont lorgné du côté de la comédie romantique, comme Life After Beth ou encore Warm Bodies. Aujourd’hui, quand on veut s’attaquer à une comédie horrifique avec des zombies, il faut avoir les reins solides et un scénario en béton. Est-ce le cas de Little Monsters ? Pas vraiment, mais ce n’est pas une purge non plus.

Pour autant, l’entame du film est très compliquée. On y suit un couple qui passe son temps à s’engueuler, avec un jeune homme qui refuse de grandir et accumule les bourdes avec sa fiancée, jusqu’à la séparation. Vivotant dans l’espoir de percer avec son groupe de métal, il se réfugie chez sa sœur et va utiliser son neveu de cinq ans pour essayer de reconquérir son ex. Cela ne marche pas, et il se rabat alors sur la maîtresse de son neveu, et se décide à accompagner en sortie scolaire la classe pour draguer la professeure. Dans le même temps, un laboratoire militaire, situé à côté du camp de la sortie, libère une horde de zombies. Bref, rien de bien neuf à se mettre sous le collier, et ce n’est pas le fait de suivre une classe de maternelle qui va y changer quoi que ce soit.
« on aurait pu croire que Little Monsters allait se faire plus sulfureux »
Car oui, on aurait pu croire que Little Monsters allait se faire plus sulfureux, avec notamment des enfants qui allaient se faire buter, mais ce ne sera pas le cas. Le film tente désespérément de se faire un peu gore quand les zombies bouffent quelques bestioles, mais on reste dans quelque chose de très sage, et qui se refuse à être clivant. Les enfants sont rarement en danger, et surtout, on ne craint pas pour eux. La faute à une écriture pataude, et surtout à un axe qui s’orient surtout autour des personnages adultes, et notamment du trio de tête joué par Lupita Nyong’o, Alexandre England et Josh Gad, chacun ayant des rôles différents, avec des choses à apprendre via cette tragédie. Mais encore une fois, même pour eux, les choses sont terriblement balisées et sans surprise, avec notamment une amourette attendue.
Alors le film en lui-même n’est pas catastrophique. Pour en revenir aux personnages adultes, on a droit au type qui va devoir grandir pour se sortir de cette histoire. Son côté égoïste disparait pour sauver la classe de son neveu, et il va devoir apprendre à faire des concessions pour charmer la maîtresse qui est fan de Taylor Swift, et pas forcément de métal. L’évolution est simple et attendue, mais le scénario a le mérite de présenter un personnage qui a du fond, et qui se bonifie avec le temps. Ce qui ne sera pas le cas de l’animateur préféré des enfants, qui va se révéler être un véritable connard, qui déteste son métier. Josh Gad n’est pas spécialement drôle dans ce rôle relativement vulgaire, et dont on connait les ficelles par cœur, montrant que derrière le masque jovial se cache un sinistre personnage mal dans sa peau.
« Little Monsters se sauve avec une mise en scène sympathique »
Il reste alors Lupita Nyong’o, rayonnante dans le rôle de cette maîtresse-courage, qui sait que tout un chacun est différent, et qu’il faut composer avec les caractères des gosses. Son rôle demeure basique, mais l’actrice est solaire, et offre un peu de reliefs dans un film qui en manque cruellement. D’ailleurs, au niveau de l’humour, on reste sur quelque chose de plat. Franchement, faire chanter les zombies sur des comptines pour enfants, montrer un mort-vivant avec des épines plein la bouche parce qu’il a bouffé un échidné, ou encore jouer avec les codes de Star Wars pour donner du courage à un petit bonhomme de cinq ans, ça reste bas du front, et sans grand intérêt. De même que le coup de la peluche qui devient zombie, et signera la mort de l’animateur de façon totalement grotesque. On a la sensation d’avoir déjà vu cela dans d’autres films.
Il reste alors au film une réalisation plutôt agréable. Si Abe Forsythe avait déjà travaillé pour des séries télé, et notamment deux épisodes de la série Mr & Mrs Murder, sa maîtrise est plutôt palpable, et surtout, il ne souffre pas d’une réalisation kitsch avec des effets désuets. On sent qu’il y a un petit budget derrière ce projet, et il est même étonnant de voir un casting aussi « imposant » pour un tel premier film. Et qui plus est, une comédie de zombies ! Ce n’est pas étonnant, d’ailleurs, que le cinéaste soit derrière un projet de suite pour Robocop, même si depuis trois ans maintenant, on reste sans nouvelle. Bref, Little Monsters se sauve avec une mise en scène sympathique, à défaut d’être originale, prônant une image solaire, alors que l’horreur se déroule sous nos yeux.

Au final, Little Monsters est une comédie de zombies qui reste agréable. Si on serait tenté de dire que nous sommes dans le tout-venant du genre, on est un cran au-dessus du panier, notamment à cause de bouses qui parsèment le genre. Le film manque d’originalité, de tension et d’un humour plus rentre-dedans. Le réalisateur reste trop gentil dans son imagerie et on a la sensation qu’il se refuse d’aller dans le sulfureux à cause des enfants, alors que c’est ce qui aurait permis au long-métrage de se démarquer. Dommage.
Note : 11/20
Par AqME