
De : Nathan Ambrosioni
Avec Camille Cottin, Juliette Armanet, Monia Chokri, Manoâ Varvat
Année : 2025
Pays : France
Genre : Drame
Résumé :
Un soir d’été, Suzanne, accompagnée de ses deux jeunes enfants, rend une visite impromptue à sa sœur Jeanne. Celle-ci est prise au dépourvu. Non seulement elles ne se sont pas vues depuis plusieurs mois mais surtout Suzanne semble comme absente à elle-même. Au réveil, Jeanne découvre sidérée le mot laissé par sa sœur. La sidération laisse place à la colère lorsqu’à la gendarmerie Jeanne comprend qu’aucune procédure de recherche ne pourra être engagée : Suzanne a fait le choix insensé de disparaître…
Avis :
Nathan Ambrosioni est un très jeune réalisateur français qui s’est rapidement imposé par un cinéma sensible, intimiste et profondément humain. Film après film, il explore les relations familiales, les silences et les fragilités, avec une maturité d’écriture et de mise en scène qui impressionne pour son âge.

Il y a deux ans de cela, j’ai eu un coup d’amour avec « Toni en famille« , le deuxième film de Nathan Ambrosioni. Le portrait de cette femme qui cherche à reprendre sa vie en main m’avait bouleversé. Du coup, le prochain film du réalisateur (n’importe lequel) était devenu un film que j’attendais avec beaucoup de curiosité. Et nous y voilà, un tout petit peu plus de deux ans après sort « Les enfants vont bien« , un film au pitch sensible, original, et qui pose de très belles questions. Et en plus de ça, Nathan Ambrosioni offre de nouveau la tête d’affiche à Camille Cottin. Alors que demander de plus ?
« Un film intéressant dans ses sujets, dans ses personnages »
C’est donc avec beaucoup d’envie que je suis entré en salle, et je dois dire que j’ai trouvé là un beau film. Un film intéressant dans ses sujets, dans ses personnages. Subtil dans sa mise en scène, qui tient beaucoup de délicatesse. Puis, encore une fois, il y a une très grande Camille Cottin. Mais voilà, si beau soit ce nouveau Nathan Ambrosioni, je dois dire que l’ensemble manque d’émotion. En fait, j’ai été touché, mais pas autant que l’histoire le demande, et j’en ressors donc avec une petite, toute petite, déception.
Un après-midi d’été comme un autre, Jeanne voit sa sœur débarquer chez elle par surprise. La jeune femme arrive avec ses deux enfants, Gaspard, 9 ans, et Margaux, 6 ans. Le lendemain matin, Suzanne a disparu. La jeune femme s’en est allée, laissant une lettre à Jeanne dans laquelle elle explique qu’elle lui confie la garde de ses enfants. Jeanne va devoir composer avec ce nouveau rôle, alors qu’elle n’a jamais voulu avoir d’enfant.
« Les enfants vont bien« , c’est donc le nouveau film de Nathan Ambrosioni, ce jeune, très jeune, réalisateur, aujourd’hui âgé de vingt-six ans, qui ne cesse d’étonner par la maturité de son écriture et de sa mise en scène, film après film. Pour ce nouveau long métrage, Nathan Ambrosioni s’arrête sur un sujet difficile et passionnant : que se passe-t-il lorsque quelqu’un décide de disparaître du jour au lendemain ? Ici, on ne parle ni de suicide ni de mort. Non. Le film nous parle d’une femme, d’une mère de famille, qui étouffe dans sa vie et décide de rompre avec celle-ci. Elle plaque tout, laisse ses enfants à sa sœur et disparaît dans la nature sans laisser de trace. Pour ceux qui restent, que se passe-t-il alors ? Comment gérer cette disparition volontaire et le silence qui l’accompagne ? C’est une épreuve incommensurable.
« »Les enfants vont bien » tient un scénario magnifique »
« Les enfants vont bien » tient un scénario magnifique, profondément marqué par la patte de son metteur en scène. Nathan Ambrosioni parle de la famille, des non-dits, des silences, des regrets, du mal-être et de la manière d’avancer malgré tout. Dans sa mise en scène très épurée, « Les enfants vont bien » est lent, très lent, mais jamais long. Les lenteurs servent parfaitement la douleur et l’incompréhension de cet abandon. Il y a ici quelque chose qui résonne comme un deuil. Le deuil d’une mère. Le deuil d’une sœur. Et plus loin encore, l’acceptation d’un choix incompréhensible. Il est dit à un moment qu’on peut abandonner les siens par amour, parce que peut-être qu’avec quelqu’un d’autre, avec une meilleure vie, ces enfants seraient plus heureux. C’est un paradoxe. C’est difficile à entendre. Et en même temps, c’est profond, troublant, parfois même, très juste. Mais il faut l’entendre. Et surtout, il faut l’accepter.
Avec tout ça, le film creuse aussi ce rôle de “mère” de substitution. Le scénario nous propose une tante qui n’a jamais voulu d’enfants et qui se retrouve, du jour au lendemain, à devoir s’occuper de deux gamins. La vie est bouleversée. Il faut apprendre à se mettre entre parenthèses pour quelqu’un d’autre. Et ça fait peur. Car que se passerait-il si elle en était incapable ? Si elle n’en avait pas envie ? Un vrai dilemme, profondément humain et touchant.
« l’émotion ressentie n’est pas aussi puissante que l’histoire le demande »
Et bien sûr, le film suit aussi ces enfants, confrontés au départ de leur mère et à tout ce que ce silence signifie… ou ne signifie pas. Là encore, l’ensemble est traité avec énormément de délicatesse et de pudeur. C’est beau. C’est juste. Et c’est touchant. Comment ne pas l’être face à ces deux enfants, et notamment ce petit garçon qui cherche à comprendre pourquoi. Si ça vient de lui. Ou d’eux. Bref, c’est très beau.
Mais voilà. Malgré tout ce que le film met en scène, malgré toutes ces émotions, ces silences, et ces acteurs remarquables qui incarnent à la perfection ces moments suspendus, il manque quelque chose à « Les enfants vont bien« . Ce manque, c’est l’émotion. Alors oui, le film est touchant, parfois très touchant même. Mais dans son ensemble, l’émotion ressentie n’est pas aussi puissante que l’histoire le demande. On suit cette trajectoire, cette tranche de vie, avec beaucoup d’intérêt. On est touché par ce qui se joue à l’écran. Mais il y a comme une retenue. Comme si le réalisateur avait eu peur d’en faire trop, de ne pas trouver la limite entre l’émouvant et le pathos. Et cette retenue empêche le film d’être réellement bouleversant.

Ainsi, « Les enfants vont bien« , troisième film de Nathan Ambrosioni, se pose comme un beau film, plaisant et touchant à suivre. Le sujet est magnifique, les portraits sont justes et admirablement incarnés par ses acteurs. Mais malgré tout, une petite déception s’installe, car il manque ce pas de plus, ce basculement émotionnel que son intrigue appelle. Cela reste néanmoins bien au-dessus de beaucoup de films français qui sortent chaque année en salle. Et surtout, je reste toujours aussi curieux de découvrir le prochain film de Nathan Ambrosioni.
Note : 15/20
Par Cinéted
