Toni en Famille

De : Nathan Ambrosioni

Avec Camille Cottin, Léa Lopez, Thomas Gioria, Louise Labeque

Année : 2023

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Antonia, dite Toni, élève seule ses cinq enfants. Un job à plein temps. Elle chante aussi le soir, dans des bars, car il faut bien nourrir sa famille. Toni a du talent. Elle a enregistré un single qui a cartonné. Mais ça, c’était il y a 20 ans. Aujourd’hui ses deux aînés s’apprêtent à rejoindre l’université. Alors Toni s’interroge : que fera-t-elle quand toute sa progéniture aura quitté le foyer ? A 43 ans, est-il encore temps de reprendre sa vie en main ?

Avis :

Ce que j’aime avec le cinéma, c’est qu’il ne cesse d’être étonnant et de se renouveler. Parmi les nouveaux visages du cinéma français, il y a Nathan Ambrosioni, vingt-quatre ans, et déjà trois longs-métrages au compteur. Trois longs qu’il a écrits, réalisés, et montés lui-même, alors même qu’il n’a fait aucune école de cinéma, et mieux, qu’il est éloigné de ce milieu-là. Son premier film, Nathan Ambrosioni le réalise à l’âge de dix-sept ans avec ses potes. Par la suite, le jeune réalisateur arrive à se faire produire, et mieux, il se trouve être même le plus jeune cinéaste à bénéficier de l’avance sur recette.

Cinq ans après « Les drapeaux de papier« , Nathan Ambrosioni revient après avoir pris le temps d’écrire un portrait de femme. Et quel portrait le jeune réalisateur nous offre là ! Beau, tendre, triste et drôle à la fois, généreux, naturel, subtil et profond, son « Toni en famille » est l’un de ces films qui se pose presque instantanément comme un coup de cœur.

«  »Toni en famille » est le rayon de soleil de la rentrée. »

Porté par une Camille Cottin bouleversante, porté par de jeunes acteurs incroyables, « Toni en famille » est le rayon de soleil de la rentrée. J’ai adoré passer du temps avec Toni et ses enfants, au point que je n’avais pas envie que cette chronique de famille, et ce portrait de femme, se finisse, c’est dire !

Toni est une ancienne star d’un télécrochet. Aujourd’hui, Toni est mère célibataire et au foyer. Toni a cinq enfants, tous plus ou moins adolescents et elle s’en occupe comme elle peut, avec tout l’amour et l’attention dont une mère peut faire preuve. Mais voilà, Toni a quarante-deux ans, et elle n’a jamais vraiment fait ce qu’elle avait envie dans la vie. Et à quarante-deux ans, Toni se verrait bien reprendre ses études afin de devenir professeur…

« Toni en famille » est donc la très belle surprise de la rentrée, pourtant, lorsqu’on regarde le film de Nathan Ambrosioni, « Toni en famille » n’a rien de vraiment incroyable ou de nouveau. « Toni en famille« , c’est un portrait de femme, sorte de maman courage qui essaye tant bien que mal de s’occuper de ses enfants. Ce genre de portrait et chronique court les écrans de nos salles de cinéma depuis des années, et l’on est tant habitué au genre, que bien souvent, pour ne pas dire la plupart du temps, on pense avoir fait le tour de la question. Puis arrive une petite merveille, un petit film qui, sans révolutionner le genre, va nous prendre aux tripes, nous passionner et nous bouleverser, et c’est le cas du nouveau Nathan Ambrosioni.

« Nathan Ambrosioni a réussi à capturer quelque chose d’aussi sensible que vrai. »

Le scénario de « Toni en famille » est un parcours fait de rires, de larmes, de difficultés, de craintes, d’évolutions, de doutes, de remises en question et d’amour, et là où chez certains on tomberait dans le déjà-vu épuisant, chez Nathan Ambrosioni, avec ce regard plein de tendresse et de vérité qu’il pose sur son personnage et cette famille, « Toni en famille » se fait tout autre. À force de bons mots, de bonnes scènes, de bonnes situations, et de spontanéité, Nathan Ambrosioni a réussi à capturer quelque chose d’aussi sensible que vrai.

Parcouru par de très beaux sujets que le jeune cinéaste sait très bien mettre à la place qui leur faut, ce film qui se présentait comme anodin se transforme et ne cesse de piquer notre intérêt et notre attention. Difficile alors de ne pas se laisser emporter par la vie de cette famille, par ses petits problèmes, et au-delà de ça, par cette femme, cette mère qui, la quarantaine passée, aspire à être autre chose qu’une « simple mère de famille ».

Si Nathan Ambrosioni nous raconte les joies et les difficultés d’être parent, il interroge aussi l’intimité du parent, avec notamment ce moment où l’on remet tout en cause, où il faudrait presque couper une deuxième fois le cordon, afin de se regarder soi-même, de faire le bilan pour avancer. La manière dont Nathan Ambrosioni aborde ces sujets est sublime, et l’on restera très étonné par la maturité des écrits et du film du jeune homme de vingt-quatre ans.

« Cottin impressionne et bouleverse en permanence. »

En plus de s’intéresser au parent avec le personnage de Toni, Nathan Ambrosioni questionne aussi les enfants, les relations frères/sœurs, les différences d’âge. Puis il y a le choc des générations avec les évolutions incessantes de notre époque. Le réalisateur abordera aussi bien les études que le coming out, ou encore l’absence d’un parent, et les influences des réseaux sociaux. Bref, comme je vous le disais, le scénario est complet, et « Toni en famille » se fait bien plus profond qu’il ne le laissait présager.

L’autre très bel atout du film de Nathan Ambrosioni, c’est bien sûr Camille Cottin qui trouve là assurément son plus beau rôle. Jamais l’actrice n’aura été filmée comme ça et jamais elle n’aura été aussi touchante. Portrait sur mesure, Cottin impressionne et bouleverse en permanence, au point qu’on se dit qu’il serait bien dommage qu’elle n’aille pas chercher un César de la meilleure actrice l’année prochaine.

Touché en plein cœur, les émotions émerveillées, je ressors de ce « Toni en famille » avec un trop-plein d’amour. Portrait d’une femme à un moment charnière de son existence, portrait d’une mère à l’amour inconditionnel, portrait d’une famille simple et complexe à la fois, tenu par une immense Camille Cottin, ce troisième long de Nathan Ambrosioni est excellent et il me tarde déjà de le revoir.

Note : 17/20

Par Cinéted