avril 27, 2024

Traquée

Titre Original : No One Will Save You

De : Brian Duffield

Avec Kaitlyn Dever, Zack Duhame, Geraldine Singer, Elizabeth Kaluev

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur, Science-Fiction

Résumé :

Brynn Adams est une jeune femme créative et talentueuse rejetée par sa communauté. Solitaire et toujours optimiste, la jeune femme trouve son réconfort entre les murs de la maison où elle a grandi. Une nuit, elle est réveillée par d’étranges bruits provenant d’intrus manifestement non humains. Commence alors un éprouvant face-à-face entre Brynn et une foule de créatures extraterrestres qui, en plus de menacer son futur, l’amèneront à affronter son passé.

Avis :

S’il y a bien une plateforme de streaming qui est un peu à la traine question films d’horreur, c’est bien Disney+. En même temps, tout est dans le nom du service de vidéo à la demande, puisque Disney n’est pas forcément le plus grand producteur d’épouvante de tous les temps. On se rappelle d’ailleurs amèrement la petite tentative durant les années 80 avec Les yeux de la Forêt, qui fut un gros échec au box-office, calmant alors les élans créatifs de la boîte en matière de peur. Pour autant, il arrive que quelques surprises déboulent sans crier gare sur la plateforme, à l’image de Barbare ou Fresh, qui furent des découvertes déconcertantes, et parfois jusqu’auboutistes, prouvant que la qualité doit prévaloir sur la quantité. Néanmoins, on retrouve aussi des productions indignes, à l’instar de Un Date Sans Fin ou de Grimcutty, ce qui laissait craindre le pire pour Traquée.

Ecrit et réalisé par Brian Duffield, le papa du rigolo The Babysitter et du sympathique Love and Monsters, Traquée va reprendre le concept abandonné de Steven Spielberg durant les années 80. En effet, avant de faire E.T. et Poltergeist, le cinéaste culte avait dans l’idée de faire un Home Invasion avec des petits gris, qui devait signer sa première collaboration avec Tobe Hooper. Malheureusement, malgré des concepts arts assez glauques concernant les extraterrestres, le projet ne se fera pas, et le réalisateur scindera en deux son intrigue pour faire les deux films précités. Il semblerait alors que Brian Duffield pioche dans cette idée pour son film, puisque Traquée est un home invasion avec des aliens qui empruntent leur look aux images que l’on peut dénicher sur le net. Pour autant, le jeune réalisateur américain n’est pas idiot, et il va se réapproprier cette idée pour brasser des thèmes intéressants.

« Malgré la lourdeur de son personnage, le réalisateur arrive tout de même à fournir un film qui est un vrai divertissement. »

Car oui, si on pourrait voire Traquée comme un simple film qui allie le survival avec le home invasion, il y a aussi de la matière pour éviter le simple divertissement abrutissant. Ici, on va suivre une jeune femme mutique et solitaire, qui cache un lourd secret et n’ose pas s’aventurer dans sa bourgade. D’ailleurs, la seule fois où elle le fait, elle se fait cracher dessus. Tout cela tient bien évidemment sur un fait passé, que l’on va découvrir par flashbacks durant sa lutte pour survivre. Une lutte qui va prendre des allures christiques sans que cela ne soit frontalement évoqué. En effet, la souffrance endurée par l’héroïne rappelle que pour atteindre une certaine plénitude, il faut souffrir et dépasser ses craintes, tout comme il faut assumer ses erreurs passées et se pardonner. Brian Duffield délivre ce message en filigrane, avec une belle intelligence.

Malgré la lourdeur de son personnage, qui semble vivre un enfer qui se matérialisera avec les extraterrestres, le réalisateur arrive tout de même à fournir un film qui est un vrai divertissement. On ne tombe pas dans une surenchère de cris ou du grand spectacle improbable, puisque le scénario part d’un constat simple, l’héroïne ne parle à personne, et personne ne lui parle. Il en résultera un long-métrage quasi mutique, où tout se joue autour de la musique et de la mise en scène. Une mise en scène ludique, maline, qui évite les redondances malgré un décor quasi unique avec cette grande maison. Brian Duffield joue avec nos nerfs et les petits espaces, créant une angoisse permanente et ne lâchant jamais un rythme relevé qui fait passer l’heure et demie comme une petite demi-heure.

« L’autre gros point fort de ce film, c’est son actrice principale, Kaitlyn Dever. »

L’autre gros point fort de ce film, c’est son actrice principale, Kaitlyn Dever. La jeune femme, déjà vue dans la série Dopesick ou le génial Booksmart d’Olivia Wilde, est très crédible dans ce rôle. Jouant constamment sur son intelligence, son courage et sa volonté de survivre, elle va être forte et faible à la fois, découvrant que sa souffrance ne sera finalement qu’une étape pour atteindre le pardon et la paix. Ce rôle est un vrai tour de force, car elle est quasiment toute seule à l’écran, et elle est de tous les plans. Il n’y a aucun personnage secondaire, si ce n’est les extraterrestres. Et là, on pourrait trouver quelque chose à redire. Leur look est assez insignifiant, ressemblant à l’extraterrestre de Roswell, et les images de synthèse ne sont pas optimales. Mais ils possèdent tout de même une force, des membres longilignes, qu’ils bougent de façon étrange.

Malgré tout le bien que l’on peut penser du film, il n’est pas dénué de défauts, et notamment sur sa fin, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Certes, ce final marque l’état d’esprit de la jeune femme, mais il est mal amené et pose une vraie confusion. Sommes-nous dans la réalité ? La jeune femme rêve-t-elle ? Est-ce une expérience menée par les extraterrestres ? Il est presque dommage d’avoir autant d’interrogations sur cette fin, qui veut simplement cristalliser l’état de joie dans lequel se trouve l’héroïne, après avoir accepté son propre pardon. De plus, les effets spéciaux ne sont pas toujours optimaux, avec des incrustations hasardeuses, ce qui fait que l’on a du mal à croire à ces vaisseaux spatiaux, par exemple. Cela peut paraître anodin, mais ça peut faire sortir du film. N’y avait-il pas de meilleurs choix à faire ?

Au final, Traquée reste une excellente surprise, d’autant plus dans le catalogue de Disney+. Brian Duffield montre une vraie maîtrise formelle de son métrage, diluant son suspens dans un survival teinté de Home Invasion assez classique, mais aux thèmes savamment pensés et amenés. Si on peut regretter quelques choix hasardeux, Kaitlyn Dever tient le film sur ses épaules et offre une prestation spectaculaire, au sein d’un film plus malin qu’il n’y parait. Bref, un film de science-fiction horrifique qui emprunte à Spielberg, ça ne se refuse pas vraiment, surtout quand c’est bien fichu comme ici.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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