avril 26, 2024

Grimcutty – L’Enfer des Réseaux

De : John Ross

Avec Sara Wolfkind, Shannyn Sossamon, Usman Ally, Callan Faris

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Le Grimcutty, un mème Internet effrayant, sème la panique chez les parents de la ville, convaincus que leurs enfants se font du mal, et tourmentent les autres. Lorsqu’une version réelle du Grimcutty commence à attaquer Asha Chaudry, ses parents, pensant qu’elle s’automutile dans le cadre d’un défi, confisquent son téléphone. L’adolescente va devoir convaincre ses parents et neutraliser le Grimcutty une bonne fois pour toutes.

Avis :

Le cinéma d’horreur regorge d’idées pour faire peur, et c’est peut-être en cela qu’il est passionnant. Entre nanars, navets et bons films qui exploitent de bons concepts, il y a à boire et à manger, mais à chaque fois, il y a toujours quelque chose à en tirer. Que ce soit dans la mise en scène, l’histoire, ou encore le fond qui surfe parfois sur des thèmes contemporains et intéressants. Et on aurait pu croire cela de Grimcutty, le premier film de John Ross, disponible sur Disney+ via la plateforme Hulu. Jouant sur les dangers du web et l’émergence des « memes » qui entrainent des challenges à la con, ce film avait bien des arguments pour être intéressant dans ce qu’il raconte, tout en arpentant un sujet d’actualité (on se souvient encore des challenges dangereux avec Momo). Pourtant, Grimcutty sera un vaste chemin de croix parsemé d’idées débiles.

 On va donc suivre Asha, une lycéenne qui pratique l’ASMR sur le web. Ses parents, inquiets de voir leur fils et leur fille passer autant de temps sur internet, décident de faire des soirées sans téléphone. Et cela tombe plutôt bien, puisqu’une rumeur sur la toile enfle de plus en plus, celle du Grimcutty, un meme qui prendrait forme pour zigouiller les arpenteurs des moteurs de recherche. Asha ne va bien évidemment pas suivre les conseils de ses parents, et va tout faire pour aller sur internet. Elle va se faire alors attaquer par le monstre, mais ses parents y voient de l’automutilation et une forte dépression. Mais pour Asha, le monstre est bien réel, et elle va mener l’enquête pour découvrir les origines de cette histoire. Le pitch est donc simpliste, on peut même dire déjà vu, mais il a le mérite d’essayer d’alerter sur les dérives du web.

Mais cela suffit-il pour autant à faire de Grimcutty un bon film ? La réponse est clairement non, puisque le fond du problème est très fallacieux, tout comme l’enquête que va mener Asha. Le premier problème que l’on va avoir autour de cette histoire, c’est l’absence complète de légende ou de challenge, et juste la présence d’un monstre qui va créer une sorte de frénésie dans la ville. Et uniquement dans la ville où se déroule l’action. On a l’impression que ce problème de meme ne touche qu’un seul endroit, créant une hystérie collective. C’est mal foutu, mais surtout, quand on gratte un peu, on se rend compte que le message final est d’une banalité affligeante. En gros, les parents ne comprennent rien à internet, ils s’inquiètent pour rien, et ce sont eux qui créent les monstres, en mettant des barrières dans l’éducation de leurs enfants.

Là réside tout le problème du film qui ne vise pas à « punir » les gosses qui utilisent mal le web, notamment pour des recherches abjectes (le petit garçon a un moteur de recherche bien chargé mais ce n’est pas ça qui constitue le monstre). C’est la colère des parents, lorsqu’ils se rendent compte de ce que font leurs enfants avec internet, qui va devenir une menace tangible. De ce fait, le film n’interroge jamais sur l’éducation, ou plutôt le manque d’informations et de communication au sein de la famille. C’est réactionnaire à souhait, et sert surtout à culpabiliser les parents. Des parents d’ailleurs à la ramasse, notamment avec ce père tyrannique et colérique, ou encore cette mère qui préfère enfermer son fils dans un placard sans le nourrir pour en plus prendre de coup de couteau. C’est vraiment écrit à la truelle et sans recul.

Mais ce n’est pas tout. Au-delà de son aspect douteux, on va se rendre compte que les personnages sont tous insupportables et sans aucun background. Comment s’attacher à Asha, qui désobéit constamment à ses parents et ne cherche finalement que la notoriété sur le web. A cause de cela, elle fera de mauvaises rencontres et tombera dans un milieu de lycéens tous plus débiles les uns que les autres. Pire, lorsque l’une de ses amies sera entre la vie et la mort, on s’en foutra royalement, ne voyant même pas de qui il s’agit. Le film mise à fond sur son personnage principal, délaissant même un peu sa famille, pour ne finalement rien n’en faire. Et quand on aborde de nouveaux protagonistes, comme cette mère un peu frappadingue, on rentre dans un délire improbable, où elle s’arme d’un fusil à pompe pour régler ses conflits.

Même d’un point de vue visuel, Grimcutty n’a rien pour lui. Non pas que ce soit moche, le film semble avoir tout de même des moyens, mais c’est surtout d’une banalité affligeante. Il n’y aucune recherche pour planter une ambiance particulière. On ne retrouve pas de jeux de lumières, et rien n’est fait pour appuyer les apparitions du monstre, qui seront toutes grotesques. Un monstre en CGI immonde, auquel on ne croit pas une seule seconde. Et la peur dans tout cela ? Elle sera absente pour plusieurs raisons. Notre désintérêt pour les personnages, mais aussi les quelques jumpscares qui ne fonctionnent jamais. S’il y a des effets gores, ils se résumeront à quelques taillades, rappelant alors à tous ces pseudo-films d’horreur pour ados, où il ne faut trop rien montrer pour éviter une éviction d’âge, qui freinerait le nombre de vues.

Au final, Grimcutty est un énième film d’horreur qui ne possède pas d’âme. Si le sujet pouvait amener des réflexions intéressantes et intelligentes sur les dangers du web et son utilisation, le film n’en fera rien. On restera dans un long-métrage pour ados qui préfère surfer sur un effet de mode plutôt que d’interroger sur la place de l’éducation et le rôle des parents face à cette recherche de notoriété via internet. Non seulement, c’est vide et décevant, mais le message de fond est bien réac.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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