avril 28, 2024

Un Date Sans Fin

Titre Original : Jagged Mind

De : Kelley Kali

Avec Maisie Richardson-Sellers, Shannon Woodward, Rosaline Elbay, Jimmy Jean-Louis

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Lorsque Billie revit différentes versions du même rendez-vous, elle se rend compte qu’elle est dans une boucle temporelle créée par sa mystérieuse nouvelle petite-amie dont elle doit sortir à tout prix.

Avis :

Malgré la présence de plus en plus prégnante de femmes dans le monde du cinéma, elles sont encore trop rares derrière la caméra. Et encore plus lorsque l’on évoque le cinéma de genre et d’horreur. Si l’on peut compter sur Jennifer Kent, Julia Ducournau ou encore Karyn Kusama, il semble compliqué pour les femmes de s’imposer dans un courant trusté par les hommes. Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. A titre d’exemple, on peut citer Kelley Kali, nouvelle venue dans le septième art, qui a fait ses premières armes sur un drame en 2021 avec I’m Fine (Thanks for Asking), encore inédit chez nous. Cependant, c’est son dernier film, qui va atterrir sur Disney+, Un Date Sans Fin (ou Jagged Mind en VO, ce qui est bien mieux) et qui lorgne vers l’horreur et le thriller qui nous intéresse aujourd’hui, et qui nous fait poser quelques questions.  

Le scénario du film propose une boucle temporelle, comme le laisse présager le titre. Ici, une jeune femme revit inlassablement le même rendez-vous avec sa petite amie, et elle va s’en rendre compte grâce à l’aide de plusieurs personnes de son entourage. Mais elle reste dubitative car elle a peur d’être atteinte de démence, comme sa mère auparavant. De ce fait, le film va tenter de flouter les lignes entre réalité et fiction pour cette jeune femme, qui va ensuite faire appel au vaudou pour s’en sortir. Bref, en filigrane, de manière plus ou moins délicate, Un Date Sans Fin évoque l’emprise de certaines personnes sur d’autres, et les manipulations mentales que l’on peut subir. La réalisatrice fait un écho sur les relations toxiques et les rapports dominé/dominant en sortant cela du schéma classique homme/femme pour l’introduire dans une relation lesbienne. Soit, pourquoi pas ?

« La subtilité est rangée dans un coffre cadenassé, et rien ne viendra affiner le propos. »

Malheureusement, le film ne va jamais tenir la barque très longtemps, la faute à plein de scories qui entachent l’histoire. En premier lieu, on a droit à un montage décousu et qui veut jouer sur les différentes lignes temporelles. Des lignes qui n’auront aucune incidence sur l’histoire, puisque malgré quelques retours en arrière, on avancera quand même de manière drastique dans le temps, pour montrer l’emprise d’une femme sur une autre. De plus, on va rapidement découvrir le pot aux roses, la faute à des personnages mal écrits et des flashbacks qui montrent rapidement la réponse à toutes nos questions. La méchante est méchante parce qu’il faut une méchante, et on chausse les gros sabots pour nous la présenter. La subtilité est rangée dans un coffre cadenassé, et rien ne viendra affiner le propos. Et certainement pas autour du personnage principal, que l’on va détester, avec ses problèmes, ses déconnexions.

Les actrices ne vont rien faire pour attirer notre intention, rendant l’ensemble encore plus imbuvable, avec un surjeu permanent, que ce soit dans la colère ou dans la dépression. Et que dire de ce pauvre Jimmy Jean-Louis qui joue un sorcier vaudou aux yeux rouges et qui ne sert à rien. De ce fait, entre des personnages inexistants, des acteurs à la masse et un scénario qui n’arrive jamais à entretenir le suspens et son thème principal, difficile de trouver des accroches autour de ce film. Même sur la réalisation, on restera de marbre, avec des passages qui confèrent au téléfilm. Certes, la réalisatrice joue sur des teintes marquées, comme le rouge et le bleu, mais rien ne restera en mémoire, ou servira le propos. En fait, Un Date Sans Fin s’embourbe dans son concept et tente de raccrocher les wagons via un montage chaotique qui délivre les réponses.

« L’horreur ne sera jamais là, et c’est plus l’ennui qui s’invitera. »

Enfin, on nous vend le film comme un thriller horrifique, mais il n’en aura ni les contours, ni l’aspect. Si on pourrait craindre pour cette femme fragile et ressentir de la peur pour elle, on restera de marbre face à ce délire mal dégrossi. De plus, il n’y a aucun moment de frousse ou de peur, il s’agit ici d’une femme qui efface ses mauvaises actions de la tête de sa dulcinée via un procédé magique, se permettant alors d’être tyrannique et de manipuler son entourage. L’horreur ne sera jamais là, et c’est plus l’ennui qui s’invitera. Et même la fin, qui pourrait aller vers du gore, se fait très timide, autant dans la confrontation que dans le gore. On reste sur quelque chose de sage et de lisse, qui manque de relief et qui n’a aucun intérêt.

Au final, on peut se poser une question via la place de la femme réalisatrice au sein du cinéma horrifique. Est-ce un monde réellement misogyne (ce qui plus que probable) ? ou bien certaines cinéastes ont du mal à percer, la faute à de mauvais films ? Car comme tout être humain, les femmes peuvent aussi faire des navets, la preuve en est avec Un Date Sans Fin qui est d’une nullité flagrante et qui pose Kelley Kali comme une réalisatrice pas forcément passionnante. En espérant que la suite de sa carrière soit composée de meilleurs longs-métrages, afin de prouver qu’elle a totalement sa place dans le monde du septième art, aux côtés de Kathryn Bigelow, Jennifer Kent ou encore Ana Lily Amirpour.

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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