Avis :
Comme dans tout genre musical, le monde du métal est peuplé par des personnages hauts en couleurs, et qui marquent d’une empreinte indélébile le genre. On peut citer les frasques éparses de Phil Anselmo (Pantera), les coups de gueule de Max Cavalera (Sepultura), les colères de Dave Mustaine (Megadeth) ou encore le sourire ineffable de Kerry King (Slayer). Entre les maestros de la guitare, les chanteurs aux égos démesurés ou les groupes qui font polémique, certains noms se retiennent plus que d’autres. Et pour les aficionados de Heavy, Steve Grimmett fait partie de ce lot, notamment parce qu’il a fait partie d’une pléthore de groupes et qu’il fut pressenti un temps pour chanter chez Iron Maiden, avant de se faire souffler au poteau par Blaze Bayley. Bref, Steve Grimmett, malgré un certain anonymat, est connu dans son milieu, et notamment pour son dernier groupe, Steve Grimmett’s Grim Reaper.
Pourquoi dernier ? Tout simplement parce que malheureusement, Steve Grimmett est décédé en 2022, que ce fut son dernier projet et At the Gates, seulement second effort studio de la bande, est la dernière preuve qu’il fut un chanteur hors pair. D’ailleurs, après le décès du bonhomme, le groupe ne fera plus qu’un seul concert hommage, puis se séparera pour que chaque membre vaque à ses occupations. Bref, il s’agit-là d’un skeud particulier, qui pourrait presque résonner comme un chant du cygne. Et force est de constater que terminer sa carrière sur ça, c’est plutôt bon art. L’album débute avec le titre éponyme. At the Gates propose de bons gros riffs des familles, avec une mélodie entêtante et un refrain qui reste bien en mémoire. On aura même droit à un joli solo en guise de break, conférant le morceau à du classique mais efficace.
Histoire de bien nous faire remuer la tête, Venom va venir nous empoisonner avec délice. Les riffs sont nerveux et rugueux, et on a vite envie de headbanger en rythme. En fait, dans les faits, il n’y a rien de vraiment original dans le titre, mais il est d’une rare efficacité et nous emporte dans un Heavy très 80’s qui fait du bien. En abordant What Lies Beneath, on sent que le groupe veut instaurer une petite ambiance en introduction, mais le naturel revient au galop et on aura droit finalement à un titre Heavy simple et sans fioriture. Le seul bémol que l’on peut apporter concerne justement la voix du chanteur qui a du mal à tenir son refrain sur la longueur. Rien de bien méchant, mais parfois, on sent qu’il aurait pu faire plus simple. Et puis tout lui sera pardonner avec The Hand That Rocks the Cradle.
Ici, on revient vers quelque chose de plus brutal, de plus percutant, et qui propose un refrain mémorisable en deux écoutes, ce qui rajoute un certain charme à l’ensemble. Il est dommage que derrière, A Knock at the Door manque un peu de mordant pour continuer sur cette belle lancée. Alors attention, cela ne veut pas dire que le titre est mauvais, il est très bien fichu, d’un point de vue technique, c’est irréprochable, mais c’est juste que c’est moins efficace que certains titres précédents. La faute à une mélodie moins prégnante, ou un refrain qui reste peu en mémoire. Rush va alors débouler pour nous emporter dans sa vitesse d’exécution et sa volonté de nous faire bouger. Le morceau est simple et efficace, et c’est tout ce qu’on lui demande, avec en prime, un superbe solo de gratte et une rythmique qui n’arrête pas un brin.
Comme on peut le constater, cet album se compose de titres nerveux, avec certains plus fortiches que d’autres. On a une alternance qui fait que jamais on ne s’ennuie, et il y a une certaine intelligence dans l’ordre de la playlist. Only When I Sleep fait partie des morceaux rapides et percutants, alors que Line Them up sera plus transparent, moins marquant dans sa composition. Breakneck Speed va rehausser le niveau et nous faire mal à la nuque, avant que Under the Hammer souffle le chaud et le froid avec un démarrage un peu déroutant, puis une nervosité qui arrive assez vite. Enfin, Shadow in the Dark vient clôturer l’album d’une bien belle façon, malgré une introduction vocale qui en fait des caisses pour pas grand-chose.
Au final, At the Gates, le tout dernier album de Steve Grimmett’s Grim Reaper, est un bel effort, qui fleure bon le Heavy des années 80. Carré, efficace et blindé de titres qui donnent envie de bouger la nuque dans tous les sens, on ne peut que regretter la disparition du leader à seulement 62 ans, qui prouvait alors qu’il avait encore de la patate et une belle voix.
- At the Gates
- Venom
- What Lies Beneath
- The Hand That Rocks the Cradle
- A Knock at the Door
- Rush
- Only When I Sleep
- Line Them Up
- Breakneck Speed
- Under the Hammer
- Shadow in the Dark
Note : 15/20
Par AqME