avril 20, 2024

Idiocracy

De : Mike Judge

Avec Luke Wilson, Maya Rudolph, Dax Shepard, Terry Crews

Année : 2007

Pays : Etats-Unis

Genre : Comédie

Résumé :

Joe Bowers, l’Américain moyen par excellence, est choisi par le Pentagone comme cobaye d’un programme d’hibernation, qui va mal tourner. Il se réveille 500 ans plus tard et découvre que le niveau intellectuel de l’espèce humaine a radicalement baissé et qu’il est l’homme le plus brillant sur la planète…

Avis :

On a toujours tendance à dire que plus on avance dans le temps, plus l’humanité devient débile. Et on appose toujours à cette tirade l’étiquette de vieux ringard démodé. Néanmoins, si on progresse constamment dans la médecine et d’autres domaines scientifiques, avec l’avènement des réseaux sociaux, on se rend vite compte que la bêtise est plus facile à propager que le savoir (je suis un peu réac aussi). C’est un peu le point de départ d’Idiocracy, comédie culte des années 2000 dont le réalisateur avoue avoir eu l’idée après avoir tourné Beavis et Butt-Head se Font l’Amérique en 1997. Que va devenir le monde si les gens sont de plus en plus cons et sombrent allègrement dans la médiocrité, pourvu qu’elle soit facile d’accès ? Poussant les curseurs au maximum dans la bêtise, Mike Judge va offrir une comédie qui ne passe pas si loin de la vérité par moment.

No future

Avec ce film, on va suivre les mésaventures de Joe Bowers, un miliaire qui est dans la moyenne intellectuelle en 2005. Il va être choisi pour participer à une expérience de cryogénisation qui ne doit durer qu’un an. Malheureusement, le projet est avorté, et Joe est oublié dans le caisson. Il va se réveiller 500 ans plus tard, dans un monde apocalyptique, où la bêtise règne en maître. Il devient alors l’homme le plus intelligent de la planète. Avec la prostituée qui a également fait l’expérience, il va tenter de trouver une machine à remonter le temps pour revenir en arrière. Mais ce périple va être long et semé d’embûches. A partir de ce pitch, le film va partir très loin dans son délire et mettre en avant une humanité qui a tout perdu, de sa dignité à son intelligence primaire.

Ici, il n’est question que de divertissement stupide, de sexe et d’argent, oubliant les éléments essentiels de la vie. D’entrée de jeu, Mike Judge nous présente un monde qui est tombé en désuétude. Les déchets ne sont plus gérés, les émissions de télé ne sont plus que des shows de télé-réalité, les récoltes ne donnent plus rien, les buildings sont rafistolés avec de la corde et les femmes ne sont plus que des poules pondeuses ou des prostituées. Bref, un monde qui fait froid dans le dos où les scientifiques sont moqués et où parler de façon correcte est vu comme un signe d’homosexualité. Avec Idiocracy, le réalisateur peint un portrait au vitriol d’une société qui ne doit son futur qu’à des générations de débiles qui se reproduisent sans cesse. L’introduction est parfois cynique, mais se fait l’écho d’une population de rednecks pas si loin de la vérité.

Tombé juste

D’ailleurs, la vérité se retrouve encore plus avec le temps qui passe et l’évolution de notre société. Bien évidemment, le réalisateur pousse le bouchon très loin, avec notamment une société dystopique qui vit dans la crasse et propose des choses plus que douteuse, comme des magasins de sexe à tous les coins de rue. Mais certains éléments font écho avec notre société contemporaine, comme par exemple, ce président amateur d’armes et ancienne star du porno. Donald Trump en est une image claire et nette. Pourtant, le film est sorti en 2007 ! Il en va de même avec ces sociétés polluantes de boissons énergisantes qui vont remplacer l’eau. Quand on voit le nombre de personnes qui boivent cette merde, c’est juste affolant. Et que dire sur le monopole des marques, où une seule entreprise gère l’ensemble de l’économie. On est en plein dedans.

Pareil pour la place de la femme dans ce monde. Elle n’est qu’un objet et c’est absolument désolant. Et c’est peut-être là que le film bat un peu de l’aile, puisqu’il ne prend jamais un détour féministe et ne se bat pas pour le droit des femmes. Même l’héroïne, la prostituée, ne semble pas vraiment concernée par cette décadence et s’en accommode trop facilement. C’est l’un des points faibles du métrage. Tout comme certains moments vraiment trop débiles, comme ce moment où il fait croire qu’il parle aux plantes pour convaincre qu’il faut utiliser de l’eau. De plus, certains passages vont trop loin, à l’image de cette arène avec de gros monsters. Visiblement, le monde est assez intelligent pour construire des véhicules maous et destructeurs. Idiocracy, malgré son côté prédictible, va parfois trop loin dans son délire, quitte à ne plus être cohérent.

Cynisme

Car oui, malgré la réussite globale du film, la finesse n’est pas ce qui le caractérise le plus et parfois, tout cela va trop loin. Outre la place de la femme dans la société qui n’est jamais remis en cause, on se retrouve face à une morale quelque peu douteuse où l’on doit se prendre d’affection pour des débiles qui ne sont pas sympathiques. Le film les montre toujours dans des moments drôles, où ils ne font pas de mal finalement, si ce n’est dans leurs dialogues crétins. Le président, divinement incarné par un Terry Crews en pleine forme, est toujours dans le show, dans la démonstration et cela le rend presque attachant, alors que ça reste un connard. Le film sombre parfois dans la bêtise qu’il dénonce. Et la réalisation n’est pas forcément à la hauteur.

Les plans sont moches, les effets spéciaux sont dépassés, même pour l’époque, et il est parfois difficile de se plonger dans cette société dystopique. D’autant plus qu’il y a une vraie distance entre les plans larges, qui sont dégueulasses, et les plans serrés, qui démontrent tout de même un budget assez riquiqui avec des décors en carton-pâte. Ce constat est assez triste car les acteurs s’en sortent plutôt bien, à l’image de Luke Wilson, complètement paumé, ou encore Dax Shepard, excellent en débile obsédé avec un cheveu sur la langue. Quant à Maya Rudolph, elle est assez attachante. Il est dommage que son combat pour lus de droits n’a pas plus d’échos au sein du film.

Au final, Idiocracy est une comédie qui doit son statut culte à sa lecture d’un futur parfois possible. Certains éléments sont d’ailleurs flagrants, en allant des émissions de télé-réalité débiles à un président des Etats-Unis inculte et showman (coucou Donald Trump). Cependant, le film ne va pas assez loin sur des problèmes de fond qui sont importants, comme la place de la femme dans notre société ou encore la ruine véreuse qu’apportent les sociétés qui ne pensent qu’à se faire du fric, au détriment de la planète. L’aspect écologique n’est pas évoqué par ailleurs. Bref, un film assez drôle, qui fait froid dans le dos dans ce qu’il décrit, mais qui manque de finesse dans son écriture et son final, qui rapporte qu’il va falloir faire avec les débiles si on veut s’en sortir.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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