Carved - Citrouille et Produits Chimiques

De : Justin Harding

Avec Peyton Elizabeth Lee, Corey Fogelmanis, DJ Qualls, Wyatt Lindner

Année : 2024

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur, Comédie

Résumé :

Un groupe de survivants se retrouve piégé dans un village de reconstitution historique lors de la fête d’Halloween, où ils doivent s’unir pour combattre une citrouille intelligente et vengeresse.

Avis :

Pour chaque Halloween, les plateformes de streaming redoublent d’efforts pour nous fournir de quoi sustenter notre appétit en matière d’horreur. Entre sorties exclusives et grands classiques qui popent dans les menus, on peut dire que l’amateur de frissons en a pour son grade. Mais bien souvent, en ce qui concerne les sorties exclusives, on se retrouve avec des films de qualité moindre, voire médiocre. On se souvient encore de l’insupportable Hubie Halloween avec Adam Sandler qui était sorti sur Netflix. Aujourd’hui, on s’arrête sur Carved (sculpté en anglais), une comédie horrifique qui est disponible sur Disney+ via le canal Hulu et qui va de paire avec Mr. Crocket. Mais si ce dernier fut un vrai film d’horreur avec quelques fulgurances comiques via le sadisme de son boogeyman, avec Carved, on est plus dans la comédie qui a des fulgurances gores.

Le film débute avec un flash-forward, c’est-à-dire une situation plus ou moins finale, et par la suite, on revient au début pour expliquer ce qui s’est passé. On va donc voir une scène macabre avec de nombreux morts, et un journaliste qui filme la scène et essaye de s’en sortir avant de se faire tuer par des racines. Le démarrage est gore, sale et laisse augurer du bon pour la suite, même si l’on sait où l’on met les pieds, à savoir une comédie horrifique. Forcément, lorsque l’on revient en arrière, le réalisateur va alors poser les bases de son histoire, et les conditions de la présence d’une citrouille mutante. Il ne faudra pas chercher midi à quatorze heures, on nous explique un accident de train avec des produits toxiques, et forcément, cela a eu un impact sur la nature, mais exclusivement les citrouilles.

« le jeu des acteurs est plus que limite. »

De là découle alors la présentation des différents protagonistes à travers l’organisation d’une reconstitution historique pour célébrer Halloween. On retrouve tous les clichés du genre avec la final girl qui se rêve metteuse en scène pour Broadway, son petit copain qui fait les acteurs, le petit frère qui fait des crises d’angoisse, la jolie blonde un peu neuneu, le prétentieux, le maire qui veut cacher l’histoire de sa ville aux journalistes, et bien entendu, le camé de service qui ne pense qu’à fumer de l’herbe. Bref, on retrouve un panel que l’on connait par cœur, et on sent bien que le principal intérêt du film réside dans sa citrouille et ses intentions. Des intentions ringardes qui trouvent écho dans le mal que l’on fait à ce fruit lors des concours de sculptures pour Halloween, et elle décide donc de se venger.

L’un des points forts du film réside dans son rythme. De son début tonitruant qui surprend par son aspect gore décomplexé à la présentation des personnages, on ne perd pas de temps, et on rentre vite dans l’aspect survival de la chose, en remplaçant un animal menaçant par une plante mutante. Le problème, c’est que malgré le rythme effréné, on va vite se rendre compte que l’histoire piétine, et que l’on fait presque face à un huis-clos où chaque décision sera l’occasion de commettre un meurtre. Ça tergiverse beaucoup pour rien, ça trouve quelques solutions hasardeuses pour courir vers des endroits stratégiques, et ça se plante énormément via des situations grotesques ou des choix débiles. Dès lors, il est compliqué de s’attacher à ce petit monde qui en fait des caisses et qui ne propose rien de nouveau. Sans compter sur le jeu des acteurs qui est plus que limite.

« L’ensemble manque de budget pour être vraiment convaincant »

A cela il faut rajouter des thématiques qui sont à la ramasse, ou tout du moins qui sont là pour faire bonne figure et rentrer dans l’air du temps. Le maire qui veut étouffer cette affaire de pollution, le côté écologique où l’on peut avoir des plantes mutantes dangereuses pour l’homme ou encore le côté LGBT qui sonne comme un passage obligatoire alors qu’il ne sert à rien, on peut dire que Carved veut draguer un public jeune, mais il ne le fait pas pour les bonnes raisons. On sent que tout cela est présent pour caresser dans le sens du poil, et l’ensemble manque cruellement de sens et de fond. Même si l’on est face à une comédie horrifique qui tend à être légère, cela ne doit pas empêcher de traiter son fond avec sérieux et malice, ce qui n’est pas le cas ici.

Et puis il faut mettre en avant une mise en scène qui n’est pas optimale. Certes, Carved n’est pas un film désagréable à regarder, et globalement, c’est plutôt bien filmé, mais on reste face à quelque chose qui n’a pas de personnalité. On peut apprécier les efforts consentis sur les effets spéciaux non numériques, avec cette citrouille mutante, mais on n’évitera pas les moments clichés, les passages obligatoires, ou encore des ralentis qui ne masquent pas le manque de budget, à l’image de cette scène finale avec l’héroïne qui roule sur des bébés citrouilles. L’ensemble manque de budget pour être vraiment convaincant et marquer les rétines. Et il ne suffit pas d’aligner deux/trois effets gores pour être sulfureux ou faire croire que l’on a des idées plein la tête.

Au final, Carved est une comédie horrifique comme il en existe des tonnes. Si le film veut surprendre en affichant un côté gore décomplexé, il tombe bien souvent dans le piège du grotesque et n’arrive jamais vraiment à se faire intéressant. Porté par une mise en scène lambda, des personnages inintéressants et des acteurs qui font le strict minimum, on ne peut pas dire que Carved soit une bonne surprise, ne possédant finalement aucune ambiance, et restant coincé dans un sous-genre dont il maîtrise à peine les codes…

Note : 08/20