janvier 17, 2025

Nosferatu – Relecture et Film Hommage

De : Robert Eggers

Avec Lily-Rose Depp, Nicholas Hoult, Bill Skarsgard, Aaron Taylor-Johnson

Année : 2024

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Nosferatu est une fable gothique, l’histoire d’une obsession entre une jeune femme tourmentée et le terrifiant vampire qui s’en est épris, avec toute l’horreur qu’elle va répandre dans son sillage.

Avis :

Au rayon des auteurs de notre époque, aujourd’hui, on s’arrête sur Robert Eggers qui arrive en cette fin d’année avec l’un des films qu’on attendait le plus, une nouvelle version de « Nosferatu« . Touché à « Nosferatu » n’est pas une mince affaire, car le film de Friedrich Wilhelm Murnau datant de 1922 est une pierre angulaire du cinéma d’horreur. Il n’y avait eu que Werner Herzog qui avait osé en 1979. Pour Robert Eggers, faire « Nosferatu« , c’est un projet qu’il a depuis des années. Après son premier film, « The VVitch« , il avait déjà écrit un scénario, mais il avait mis le projet de côté pour réaliser « The Lighthouse« .

Quatrième film pour Robert Eggers qui annonce ici que « Nosferatu » est son film le plus personnel. Le réalisateur a longtemps rêvé de faire cette adaptation, et pour son passage au film de vampire, il n’a pas l’envie de faire un film de vampire où il serait question de dandy, ou de vampires gentlemen et charmeurs. Non, lui voulait revenir aux vampires qui évoquent la terreur, la mort, la maladie. Plongeant son spectateur dans une ambiance gothique, bercé par une atmosphère incroyable, Robert Eggers propose un film saisissant d’un bout à l’autre, qui se pose comme une magie noire assez incroyable, démontrant qu’on a bien à faire à un auteur qui a une idée du cinéma, et surtout qui n’a pas l’intention de se plier à la mode, ou à l’idée du cinéma de notre époque, et ça, c’est très bien.

« Robert Eggers s’inscrit dans les auteurs qu’on a le plus envie de suivre. »

Thomas Hutter est envoyé en affaire dans les Carpates afin d’y rencontrer le Comte Orlok qui souhaite acquérir le domaine de Grunewald Manor. Après un voyage éreintant, Thomas arrive dans le château du Comte malade. Une fois sur place, Thomas va découvrir un homme effrayant, terrifiant même, qui petit à petit, le tient sous son emprise. Le Comte Orlok n’a qu’une envie avec cet achat, c’est de se rapprocher d’Ellen, la femme de Thomas, femme qu’il convoite depuis des années, et c’est pourquoi il dupe Thomas, le contraignant à signer un contrat dans une langue qui lui est étrangère.

Il y a des projets et des remakes qui font peur d’emblée, puis il y en a d’autres qui, à la simple évocation de l’idée, donnent très envie, et je dois dire qu’un « Nosferatu » par Robert Eggers, réalisateur des terribles « The VVitch« , « The Lighthouse« , ou « The Northman« , ça donne sacrément envie. Une envie qui a été décuplée avec la découverte du magnifique trailer. Sorti pour Noël, cette nouvelle version du Roi des vampires est l’un de nos plus beaux cadeaux des fêtes de fin d’année. Conte macabre et gothique à souhait, film tenant une ambiance et une colorimétrie incroyable, relecture passionnante d’une histoire qu’on connaît par cœur, avec ce quatrième film, Robert Eggers s’inscrit dans les auteurs qu’on a le plus envie de suivre.

Ainsi, si vous cherchiez un film de vampire explosif, ou plus largement un film plein d’action, alors passez votre chemin, car « Nosferatu » est loin, très loin, de cela. Robert Eggers livre là un film d’ambiance, un film qui nous saisit d’effroi petit à petit, en nous contant le récit de ces personnages qui vont être la proie du mal absolu, de la mort en personne. Doté d’un terrible scénario, qui impose le vampire comme la figure de l’horreur absolue, une abomination qui ne provoquera que la terreur et la paralysie, « Nosferatu » version Eggers, ce n’est ni plus, ni moins que deux heures dix d’un récit noir. Un récit pesant, qui navigue à l’intérieur de lui-même entre plusieurs genres, pour mieux les conjuguer et nous entraîner dans une histoire qui tient du conte macabre.

« En plus d’un bon script, « Nosferatu » est une claque visuelle. »

Ce qui est incroyable, et plus qu’intéressant ici, c’est la vision du vampire qu’impose le réalisateur et la sorte de possession qu’il véhicule sur ses personnages. Doté d’un rythme lent mais jamais ennuyant, « Nosferatu » prend le temps de nous raconter sa légende, il prend le temps de nous raconter ses personnages, leurs désirs, leurs craintes, et même leur époque. Puis avec ça, presque de manière dérangeante, Robert Eggers pose aussi un film quasiment érotique de par les possessions et les envies de ses personnages. On sera surpris de la mort qui vient, et du plaisir qu’elle provoque, ce qui est un paradoxal.

D’ailleurs, toutes ces émotions paradoxales sont incroyables livrées par des comédiens en totale osmose avec leur personnage, même s’il faut bien avouer que Lily-Rose Depp et Bill Skarsgård survolent tous les autres, la première en jeune femme perdue qui va prendre et accepter finalement son destin, et le deuxième en figure vampirique on ne peut plus charismatique. On peut même dire qu’il est la terreur incarnée, celle qui glace le sang, rien qu’à sa vision.

En plus d’un bon script, « Nosferatu » est une claque visuelle. Robert Eggers livre là le plus beau film d’horreur de l’année. Le réalisateur s’approprie totalement cette histoire, et tout en gardant l’essence du film de 1922, il lui injecte aussi son cinéma. Un cinéma qui soigne son ambiance, qui travaille ses lumières et ses couleurs qui s’approchent du noir et blanc qui va si bien à cette histoire. Un cinéma qui magnifie les cadres et les séquences, tout en oubliant jamais de se faire intéressant à suivre. « Nosferatu« , c’est un film qui est aussi brutal, cru, cruel, lugubre et gore, que poétique et hypnotique en même temps.

Bref, vous l’aurez compris, cette nouvelle version de « Nosferatu » par Robert Eggers est terrible. D’où que l’on pose son regard, le film passionne. Son scénario, qui ressemble à un conte macabre, son esthétique qui est sombre au possible, ses acteurs qui crèvent l’écran, puis ses images et ses scènes qui restent en tête une fois sortie de la salle… Bref, ce dernier film de 2024 est un très, très, beau cadeau de Noël.

Note : 17/20

Par Cinéted

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