De : Franck Dubosc
Avec Franck Dubosc, Laure Calamy, Benoit Poelvoorde, Joséphine de Meaux
Année : 2025
Pays : France
Genre : Comédie, Thriller
Résumé :
Michel et Cathy, un couple usé par le temps et les difficultés financières, ne se parle plus vraiment. Jusqu’au jour où Michel, pour éviter un ours sur la route, heurte une voiture et tue les deux occupants. 2 morts et 2 millions en billets usagés dans le coffre, forcément, ça donne envie de se reparler. Et surtout de se taire.
Avis :
S’il y a bien un acteur que je n’aime pas, c’est Franck Dubosc, comédien qui n’a jamais réussi à ne serait-ce que me faire sourire. Bien souvent, je fuis les films dans lesquels il se trouve, même s’il y a eu quelques exceptions, comme « Incognito » d’Eric Lavaine, ou encore « Toute ressemblance… » de Michel Denisot. Mais depuis la fin des années 2010, il se murmure que Franck Dubosc aurait des envies d’autres choses, choisissant parfois des rôles plus profonds. Puis derrière ça, en 2018, il est passé de l’autre côté de la caméra, et il parait que ce n’est pas mal du tout. Mais que ce soit « Tout le monde debout » ou « Rumba la vie« , ce n’était pas encore suffisant pour me donner envie de m’y arrêter.
Puis arrive ce troisième film en tant que metteur en scène, « Un ours dans le Jura« . Dès la bande-annonce, le projet donnait envie, avec cette ligne très « Fargo » des Coen. Puis on ajoute à cela la pétillante Laure Calamy que plus rien n’arrête, et l’immense Benoît Poelvoorde… Bref, tout cela donnait pour la première fois très envie de m’y arrêter et j’ai bien fait, car cet « … ours dans le Jura » se pose comme un bon film qui oscille parfaitement encore comédie noire et drame tout aussi sombre. Drôle, décalé, politiquement incorrect, voire même immoral, cette troisième réalisation pour Frank Dubosc est la surprise que je n’attendais pas, et mieux encore, il est le film qui me donne envie de m’arrêter sur les autres réalisations de l’acteur, en espérant qu’il soit du même acabit, même s’ils ne sont pas dans le même genre.
« Très drôle, voire même parfois hilarant »
Michel et Cathy sont un couple qui ne se parle plus vraiment, usé par le temps et les dettes, tirant la ficelle par les deux bouts. Puis un jour, Michel évite un ours sur la route et entre en collision avec un véhicule sur le bas-côté. Résultat, les deux passagers de la BMW sont morts, et comme Frank n’a pas payé l’assurance de sa voiture, il ne déclare pas l’accident. Mais il en parle à Cathy, qui est une grande lectrice de romans policiers. Ensemble, ils décident de faire disparaître les corps, car pas de corps, pas d’accident… Mais ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que dans le coffre de la BM, ils découvrent un sac avec deux millions d’euros. Là, forcément, ça se complique…
Avec son côté thriller perdu dans les montagnes, avec ses quiproquos, et autres plans foireux qui voient un couple lambda, le genre Monsieur et Madame tout le monde, se fourrer dans une histoire plus grande qu’eux, simplement par l’appât du gain, « Un ours dans le Jura » est un film qui se fait étonnant.
Très drôle, voire même parfois hilarant, alors même que les situations rencontrées ne devraient pas prêter à sourire, Franck Dubosc réussit haut la main son passage au film de genre. Alors c’est vrai que le film a certaines maladresses et de manière générale, il se fait un peu longuet parfois, ou encore, il aurait tendance à trop en faire lorsqu’il va voir à gauche, notamment avec ces gendarmes qui ont le cœur sur la main lorsqu’il s’agit de migrants qui servent de mule pour gagner leur eldorado, mais face à cela, il reste tout ce que le scénario et le film apporte de drôle, de passionnant, de tripant et de politiquement incorrect.
« Franck Dubosc et Laure Calamy forment un très bon et beau couple de cinéma »
L’argent corrompt le cœur des hommes, et ici, il est clairement question de cela, et il est assez grisant de voir comment celui-ci est employé tel un poison au cours du film. Ce sont deux millions d’euros trouvés par un concours de circonstances, c’est un peu comme l’anneau de Sauron, tout le monde le veut, et veut en garder une part, ce qui est vraiment drôle. De plus, le film s’amuse avec son genre, poussant le film dans les sentiers d’un « Fargo« . Ici, les corps s’entassent, et bien souvent, ce n’est pas par erreur ou accident, et le plus amusant sera alors tous les plans foireux pour se débarrasser des corps. Point de plan très élaboré, non, malgré le sang-froid, le tout est pris dans la panique et ça, ça rend les plus personnages crédibles et touchants.
Puis il y a cette idée de savoir comment tous ces braves gens vont bien pouvoir se sortir de cette histoire qui ne cesse de prendre de plus grandes proportions. De braves gens qui sont très bien campés par une troupe de comédiens qui s’amusent vraiment. Franck Dubosc et Laure Calamy forment un très bon et beau couple de cinéma, qui va reprendre vie presque malgré eux. Quant à Benoit Poelvoorde, il compose un duo assez drôle avec une Joséphine De Meaux qui trouve enfin un rôle à sa mesure. Ajoutons de petits rôles parsemés ici et là qui attisent la comédie, comme Mehdi Meskar en gendarme qui est loin d’être sorti de Saint-Cyr, ou encore Emmanuelle Devos en patronne de club échangiste, ou Anne Le Ny en flic surprenante. Ou Christophe Canard en curé intéressé… Bref, tous ces rôles sont drôles, bien imaginés et écrits, et surtout bien campés.
« le film respecte trop son genre »
« Un ours dans le Jura » est aussi un film qui va se faire étonnant dans sa réalisation qui s’engage totalement sur les sentiers du thriller/polar sombre, à tendance plan foireux. Isolé quelque part dans le Jura, profitant de ses paysages et de ses décors, Franck Dubosc livre un film étonnant, qui respecte tous les codes de son genre et si, comme je le disais, il a de petites longueurs, l’ensemble est bien fait, et l’on se plaît à suivre ce micmac. Après, même si ça reste très bien fait, on pourrait dire que le film respecte trop son genre, ce qui fait qu’il peut, en un sens, se poser comme classique, voir déjà-vu, même si dans un autre sens aussi, le film sait se faire surprenant.
Quoi qu’il en soit, lorsque l’on conjugue tout cela, « Un ours dans le Jura » est un bon film qui sait amuser son public autant qu’il le tient, car il est presque impossible de savoir comment toute cette histoire va bien pouvoir se conclure. En franchissant le cap du film de genre, Franck Dubosc se pose comme un metteur en scène surprenant et ce film donne alors très envie de voir ses deux précédents longs-métrages.
Note : 14,5/20
Par Cinéted