Titre Original : Vincent-N-Roxxy
De : Gary Michael Schultz
Avec Emile Hirsch, Zoë Kravitz, Emory Cohen, Zoey Deutch
Année : 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Thriller, Romance
Résumé :
Deux jeunes rebelles tombent amoureux mais doivent composer avec le retour de leurs violents passés respectifs.
Avis :
S’il y a bien une chose à laquelle il faut faire attention lorsque l’on veut voir un film, ce sont les taglines issues de différents journaux ou sites internet. Les chargés de communication l’ont bien compris, il suffit de prendre une phrase sortie de son contexte pour créer le buzz, alors même que l’auteur de la critique a voulu dire tout son contraire. Prenons l’affiche française de Roxxy comme exemple. Pour appâter le chaland, on nous dit que Variety a écrit que ce film est un digne représentant de la filmographie de Tarantino. Forcément, quand on colle un nom aussi prestigieux que celui du papa de Pulp Fiction sur un film qui n’a aucune publicité pour lui, ça peut attiser la curiosité. Mais certains détails ne doivent pas nous échapper, à commencer par le fait que le film ne sorte chez nous qu’en DTV, et qu’il n’a fait aucun buzz.
L’histoire est très simple à comprendre. Un jeune homme s’arrête à une adresse, hésite avant de sortir de sa voiture, mais il est témoin de l’agression d’une jeune femme, et décide de lui venir en aide. Ensemble, ils fuient et trouvent refuge chez le frangin de l’homme, un mécano un peu à la dérive, qui souhaite relancer son affaire. Alors que l’amour commence à apparaître entre les deux jeunes gens, leur passé va ressurgir et un déluge de violence va alors s’abattre sur eux, et sur leurs proches. Bref, vous l’aurez compris, deux âmes en peine se trouvent, tombent amoureuses, mais il va y avoir un problème assez massif qui leur tombe sur le coin de la tronche. Le rapprochement avec Tarantino ? Sans doute un ton assez sombre, un délire autour de la drogue et de l’argent et un final qui se veut explosif et sanglant.
« il n’y aura rien de Tarantino. »
Pour tout le reste, il n’y aura rien de Tarantino. D’ailleurs, la première chose que l’on constate, c’est que le film est long, très long à démarrer. Le début présente les personnages, et montre des écorchés vifs qui tentent de donner un sens à leur vie. Vincent est un type qui semble fuir quelque chose, et qui se décide à se poser pour aider son frère. Roxxy demeure mystérieuse jusqu’au bout, mais semble montrer patte blanche, en trouvant du travail pour s’en sortir. L’alchimie entre les deux personnages n’est pas forcément palpable, mais elle semble inévitable, tant le film s’efforce à tourner autour du pot, notamment en les comparant sans arrêt au couple formé par le frère de Vincent et sa petite amie qui bosse au bar. Rien de bien folichon et on va suivre des rails pendant une bonne heure, où il ne va pas se passer grand-chose.
Sinon quelques rivalités entre pécores, notamment avec un type qui drague lourdement la copine du frère du héros, et qui va montrer que la justice semble se faire par soi-même. Ce délire mettant en avant une certaine jalousie va permettre alors de découvrir le vrai visage de Vincent, un type violent, qui sait se battre et qui n’accepte pas que l’on s’en prenne à son frère. Pour le reste, toute la construction du quatuor principal consiste à ressentir de l’empathie pour eux, afin de rendre le dernier acte plus percutant. Malheureusement, les choses ne se passent pas vraiment comme prévu, la faute à une mise en scène timide, mais surtout à des personnages peu attachants, qui n’ont pas de traits particuliers, sinon que le frère boîte pour on ne sait quelle raison et que l’on sait qu’il y a un passif violent qui va arriver. C’est trop peu.
« les personnages nous laissent de marbre. »
Alors forcément, le dernier tiers du film pourrait s’avérer réussi, notamment dans son déluge de violence. On voit alors arriver les méchants, le petit grain de sable dans une mécanique presque bien rôdée, et le réalisateur va quelque peu se lâcher. Outre un nihilisme qui peut faire froid dans le dos, le film va partir sur les ornières de la vengeance, avec quelques passages percutants et même assez gores. Tout d’abord avec une mise à mort rugueuse pour le héros, mais aussi de la part de l’héroïne, Roxxy, qui alors se transformer en final girl pour affronter un petit cartel. Là, le cinéaste délivre quelque chose d’un peu plus pêchu, et on sent qu’il y prend plus de plaisir, car sa mise en scène est plus inspirée, avec un jeu sur les lumières, et une volonté de percuter le spectateur, lui montrant que la violence est bien réelle, bien tangible.
Encore une fois, il est juste dommage que l’on ne craigne pas grand-chose pour les personnages, qui nous laissent de marbre. Il faut dire que Emile Hirsch ne semble pas trop inspiré et hormis tirer la tronche durant tout le métrage, il ne sert pas à grand-chose. Il en va de même pour Zoë Kravitz, qui reste totalement éteinte dans ce rôle de fille paumée qu’elle maîtrise à la perfection. Mais son personnage est trop maigre pour réellement exister dans ce long-métrage, et même la fin ne sauve pas vraiment les meubles. Quant aux personnages secondaires, ils sont sans réel intérêt. Le couple formé par Zoey Deutch et Emory Cohen ressemble à n’importe quel couple un peu redneck sur les bords, et on ne ressentira aucune empathie pour eux, malgré leur envie de s’en sortir de façon honnête.
Au final, Roxxy est un film moyen. Ce n’est pas foncièrement mauvais, mais ce n’est pas bon pour autant. Il s’agit-là d’un film lambda, qui manque de fond, qui manque de punch et d’envie de cinéma. Si on sent les références du cinéaste qui, effectivement, semble lorgner vers le thriller à la Tarantino, pour le reste, on pourra repasser, car l’écriture est assez pauvre, la mise en scène assez plate et les acteurs ne semblent pas investis. Bref, un petit film aussitôt vu, aussitôt oublié…
Note : 10/20
Par AqME