décembre 11, 2024

Meshuggah – Immutable

Avis :

Chancre du Groove Métal à tendance Thrash avec des insertions Prog, Meshuggah s’est rapidement fait un nom sur la scène underground. Alliant un son épais avec quelques rondeurs via une ligne de basse qui claque, le groupe suédois propose à chaque album un son massif et compact qui peut en laisser plus d’un sur le carreau. Pourtant, forcé de constater que la sauce prend vraiment et que le groupe connait un bel essor dans les années 2000/2010 avec des titres comme Bleed par exemple. De ce fait, Meshuggah est si bien installé qu’il peut sortir des albums de façon sporadique, peaufinant alors sa lourdeur et s’amusant avec certains concepts, comme créer un morceau en utilisant le nombre d’or. Immutable est le neuvième album studio du groupe, et on peut dire que la formation en a sous la pédale tant ça envoie du lourd.

Il faut dire qu’après six ans d’attente, les fans étaient sur les crocs, et le groupe ne va pas les décevoir sur la quantité, puisqu’ici, on a droit à treize titres pour plus d’une heure d’écoute. Un album qui arrive comme un gros bloc, et qui va nous percuter de plein fouet, pour notre plus grand bonheur. Broken Cog ouvre le bal, et les suédois posent d’emblée une ambiance lourde et sombre. Les riffs et la batterie nous assènent des coups de massue dès le démarrage, et les quelques chuchotements viennent combler une sorte de malaise ambiant digne d’un film d’horreur démoniaque. La grande force de Meshuggah est bien entendu d’arriver à faire coexister une violence accrue avec quelques riffs aériens, et ce sera clairement le cas ici, offrant un morceau d’une extrême virulence, mais qui trouve ses petits moments éthérés.

En abordant The Abysmal Eye, les passages plus aériens sont aux abonnés absents, et c’est de la violence pure que l’on va prendre dans les muqueuses. Le groupe développe un peu plus son aspect dichotomique avec une rythmique infernale qui côtoie des guitares plus douces en fond. Cependant, le chant s’accorde parfaitement avec les riffs brutaux, qui trouvent un bel écho avec une basse tout en rondeur qui appuie un peu plus ce sentiment de lourdeur. Light the Shortening Fuse va frapper encore plus fort, notamment avec une rythmique plus scandée, comme autant de coups de marteau sur le coin de la gueule. On pourrait y voir une sorte de redondance avec les titres précédents, mais le génie du groupe réside dans cette capacité à proposer à chaque fois quelques éléments nouveaux, aussi bien dans sa mélodie que dans sa rudesse.

Phantoms suit le même chemin que les trois morceaux précédents, tout en jouant plus sur les textures, avec notamment des riffs de guitares plus saturés, comme si cela était possible. La réelle surprise viendra de Ligature Marks qui apportera en son sein des éléments plus Djent, avec une mélodie plus distincte, faisant un peu moins parler la poudre. Mais bon, comme on est chez Meshuggah, ça reste du très très lourd. C’est le genre de musique que l’on ne laisse pas entre les oreilles d’un néophyte, sous peine de le voir faire la grimace. God He Sees in Mirrors renoue avec les premiers titres, mais en s’amusant avec des sonorités plus complexes et déstructurés, notamment au niveau des riffs. On se prend un déluge de violence sur le coin de la face, qui sera nuancé via un solo pas forcément technique, mais diablement efficace.

L’une des très grandes forces de cet album réside aussi dans ses morceaux totalement instrumentaux. They Move Below dépasse les neuf minutes, mais propose un véritable voyage mélodique, à la lisière entre folie, violence, et douceur d’un début étonnant. Une réussite pleine qui montre tout le talent technique des musiciens. Kaleidoscope viendra remettre un petit coup de hanche à l’ensemble pour nous réveiller, avant de lâcher l’interlude Black Cathedral, qui pourrait presque se voir comme du Drone Métal, avec un son ultra redondant. Puis I am Thirst viendra nous rappeler à quel point il est difficile de ne pas headbanger face à Meshuggah. Néanmoins, c’est The Faultless qui saura mieux nous combler via son riff incroyable qui descend progressivement vers les graves pour mieux rentrer dans nos têtes. Et que dire de Past Tense, qui clôture l’album de façon sombre et latente, sans jamais vraiment imposer un riff puissant.

Au final, Immutable, le dernier album en date de Meshuggah, est une vraie réussite, malgré une première écoute qui peut laisser sur le carreau, notamment avec un sentiment de redondance dans les sonorités. Pour autant, après plusieurs écoutes, le skeud se dévoile petit à petit et montre tous ses secrets avec percussion et maîtrise totale. Bref, Meshuggah étale sa science dans le domaine du Métal, mélangeant les genres sans une once de frein et offre un album dense, compact, plein et d’une rare violence.

  • Broken Cog
  • The Abysmal Eye
  • Light the Shortening Fuse
  • Phantoms
  • Ligature Marks
  • God he Sees in Mirrors
  • They Move Below
  • Kaleidoscope
  • Black Cathedral
  • I am That Thirst
  • The Faultless
  • Armies of the Preposterous
  • Past Tense

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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