
Avis :
Virevoltant entre Symphonique et Folklorique, Eluveitie marque petit à petit le pas vers ce dernier genre, même si parfois, on retrouve des éléments symphoniques, notamment lorsque la chanteuse du groupe s’en mêle. Pour autant, les suisses ne sont pas là pour faire jouer les orchestres, mais plutôt pour s’amuser avec des instruments médiévaux et des ambiances qui rappellent la nature et notre rapport à cette dernière. Fondé au début des années 2000, le groupe a pas mal bourlingué, ne gardant en son sein que le fondateur, Chrigel Glanzmann, qui growle, mais qui fait aussi toute une palanquée d’instruments. Anv est le neuvième album du groupe, et il permet de voir que le groupe possède un line-up stable depuis près de huit ans maintenant, n’accueillant en son sein qu’une nouvelle tête, celle de Lea-Sophie Fischer, qui joue du violon pour notre plus grand plaisir.
Depuis leur début, Eluveitie proposait des albums relativement longs, qui avoisinaient l’heure d’écoute. Prônant cette envie de mettre en avant des ambiances un peu celtiques et médiévales, jouant constamment avec des interludes instrumentaux, le groupe suisse n’avait de cesse de faire dans la grandiloquence. Avec ce neuvième effort, on sent que les choses changent, puisqu’il s’agit de l’effort le plus court du groupe, avec un petit peu plus de quarante minutes d’écoute, pour « uniquement » douze morceaux. A l’image de certains groupes qui veulent revenir à un son plus brut et à des albums plus courts et concis, il semblerait qu’Eluveitie suive la même trame, sans doute pour faire bouger dans les fosses, revenant à quelque chose de plus brutal et de plus percutant. C’est d’ailleurs le premier ressenti que l’on aura au bout d’une seule écoute, avant de percevoir plus de finesse.
Car si Emerge est une introduction assez douce, dans la veine de ce que l’on connait du groupe, avec Taranoias, on va se prendre un bel uppercut dans la tronche. La rythmique demeure entrainante, les riffs sont violents, et le chant growlé et mis en avant. Puis le refrain en chant clair féminin finit de tout emporter avec lui. On regrette juste la mise en retrait des instruments folkloriques, que l’on retrouve, mais de façon assez discrète. The Prodigal Ones est dans la même veine, mais il essaye de se faire un peu plus léger dans son refrain. Cependant, on retrouve des éléments ultra violents dans les couplets, faisant étalage de l’envie du groupe d’en découdre. Ici, on se rapproche vraiment d’une Death mélodique, et c’est plutôt intéressant, même si ça reste très classique. D’ailleurs, le groupe doit le savoir puisqu’il nous enchante avec le titre suivant.

Anv peut se voir comme un interlude gracile et gracieux, où la chanteuse fait une démonstration de sa voix. C’est court, ça rompt promptement avec les deux morceaux précédents, mais c’est d’une beauté divine. Bien évidemment, après le calme, on a droit à la tempête avec Premonition, qui démarre sur les chapeaux de roues, avant d’aborder des instrus plus folkloriques. Renouant avec une piste plus longue et plus sinueuse, le groupe revient à ses premiers amours, et nous enchante avec une composition qui mêle virulence et douceur, tout en apportant un refrain qui rentre bien en tête. Un excellent titre qui permet alors de relancer la machine. Awen se fera alors plus tendre, avec un chant féminin dominant et un côté Folk beaucoup plus appuyé. Le titre est une réussite dans le genre et démontre que le groupe essaye de jeter un regard sur l’avenir, sans renier son passé.
Anamcara sera un interlude mystérieux à la guitare sèche, et va permettre alors à The Harvest de se faire plus puissant et percutant. Il s’agit-là du morceau le plus violent de l’album, lorgnant presque du côté du Thrash dans sa rythmique et ses riffs. Afin de calmer tout cela, on aura droit à un titre instrumental avec Memories of Innocence. Le violon sera de sortie pour un morceau qui fait très médiéval, mais qui nous emporte avec poésie et élans irlandais. Avec All is One, Eluveitie vers un côté un petit peu plus commercial et accessible. Le titre est bon, il reste un long moment en tête, et la flûte est enchanteresse, mais il manque un petit truc en plus pour réellement nous convaincre. Puis les deux derniers morceaux viendront nous caresser la nuque avec délicatesse. Aeon of the Crescent Moon et The Prophecy sont deux titres sympathiques et puissants.
Au final, Anv, le dernier album d’Eluveitie, essaye de rompre avec les efforts précédents pour aller à l’essentiel et se délester de quelques atours instrumentaux un peu futiles. Il en ressort alors un skeud dégraissé jusqu’à la moelle, plus court et direct, qui n’en oublie pas pour autant son aspect folklorique et son ambiance, mais qui tente de se faire plus virulent et plus percutant. L’essai est transformé, même si on reste dans un domaine assez classique, où la surprise n’est pas forcément présente, mais le plaisir, oui.
- Emerge
- Taranoias
- The Prodigal Ones
- Anv
- Premonition
- Awen
- Anamcara
- The Harvest
- Memories of Innocence
- All is One
- Aeon of the Crescent Moon
- The Prophecy
Note : 15/20
Par AqME