
De : Grégory Magne
Avec Valérie Donzelli, Frédéric Pierrot, Mathieu Spinosi, Emma Ravier
Année : 2025
Pays : France
Genre : Comédie, Drame
Résumé :
Astrid Thompson parvient enfin à réaliser le rêve de son père : réunir quatre Stradivarius pour un concert unique attendu par les mélomanes du monde entier. Mais Lise, George, Peter et Apolline, les quatre virtuoses recrutés pour l’occasion, sont incapables de jouer ensemble. Les crises d’égo se succèdent au rythme des répétitions. Sans solution, Astrid se résout à aller chercher le seul qui, à ses yeux, peut encore sauver l’événement : Charlie Beaumont, le compositeur de la partition.
Avis :
Grégory Magne est un scénariste et réalisateur français. Après une première carrière de journaliste au Parisien, il se lance dans la voile et participe en 2007 à la Transat 6.50, une course transatlantique en solitaire. Cette expérience devient la matière de son premier documentaire, « Vingt-quatre heures par jour de mer« . A partir de là, il embrasse une carrière dans le cinéma avec un premier film en 2012, « L’air de rien« . Prenant son temps, il sort son deuxième film, le joli « Les parfums« , en 2020. « Les musiciens » est son troisième long-métrage.

Partant d’un souvenir, celui d’une amie violoncelliste qu’il a suivi pour une présentation, il se souvient alors des émotions de la musique. Du son et de l’acoustique dans la grande salle. Si « Les musiciens » ne raconte pas cela, il y a toutefois quelque chose de ce souvenir. Et au-delà de ça, cette histoire de jeune femme qui veut rendre hommage à son père, en achevant son rêve après sa mort, donne un joli film, au charme certain. Un film qui navigue entre la comédie douce et amère, le drame, et le film musical, qui prend une autre dimension lorsque les comédiens, qui sont des musiciens, se mettent à jouer.
« Un film qui navigue entre la comédie douce et amère, le drame »
Astrid est passionnée de musique. La jeune femme a décidé de concrétiser le rêve de son père : organiser un concert exceptionnel réunissant quatre violons Stradivarius. Pour cela, elle fait appel à quatre musiciens virtuoses : Lise, George, Peter et Apolline. Malgré leur talent individuel, ces artistes aux fortes personnalités peinent à s’accorder, tant musicalement qu’humainement. Les répétitions deviennent le théâtre de tensions et de conflits d’egos, ce qui menace la réussite du projet. Face à cette impasse, Astrid sollicite l’aide de Charlie Beaumont, le compositeur de la partition que ces musiciens vont interpréter. Astrid espère qu’il saura instaurer l’harmonie nécessaire au sein du quatuor.
Il y a cinq ans de cela, Grégory Magne faisait dans l’originalité avec « Les parfums« , un film qui parlait de nez, ces gens qui créent les parfums. Aujourd’hui, il revient, et encore une fois, le réalisateur ne choisit pas de faire dans le banal. Avec « Les musiciens« , il s’aventure dans le domaine de la musique classique pour un petit concert, pour le rêve d’une jeune femme qui veut rendre le plus beau des hommages à son père disparu, en bouclant « son œuvre ». Naviguant entre la comédie et le drame, « Les musiciens » est un film qui va réussir à autant amuser avec son combat d’égos mal placés, qu’à toucher de par son histoire, ses personnages, son écriture ou encore sa musique.
« C’est beau, c’est touchant »
Car oui, comme son titre l’indique, « Les musiciens » est un film où la musique a une place très importante, et lorsque ces artistes se mettent à jouer, même mal accordés ensemble, le film de Grégory Magne devient magique. Cette magie naît d’un choix judicieux, celui d’engager des acteurs qui sont musiciens eux-mêmes. Le scénario prévoit beaucoup de scènes de répétitions avant le concert final, et c’est vrai qu’on sent vraiment que ce sont les comédiens qui jouent, qui donnent vie et incarnent ces notes qui s’envolent pour venir directement toucher nos émotions. Grégory Magne aurait pu faire un film uniquement avec ces musiciens qui jouent ensemble, qu’on aurait eu envie de les suivre n’importe où.
Après, il n’y a pas que cela avec ce scénario. Le film parle beaucoup de la musique, de la création, de ce qu’on y met au moment où elle nait. Puis le film parle de ce quatuor, de la difficulté de s’accorder malgré le talent. Il pose la question de la technique face à la passion. L’idée que parfois, il faut une part de défaut au milieu de la perfection pour que naissent les émotions. Bien sûr, derrière ça, il y a l’histoire de cette fille qui a envie de retenir son père un peu plus. Tout comme le film s’arrête aussi sur ce compositeur vieillissant, qui doit se replonger dans une œuvre passée (superbe Frédéric Pierrot). C’est beau, c’est touchant, Grégory Magne sait où il veut nous entraîner et il le fait avec comédie et drame conjugués pour plus d’émotions.
« l’ensemble est très classique. »
Seule petite déception au tableau (et encore, c’est pour pinailler), la réalisation. Si le film est beau, solidement incarné, peuplé de jolies touches, l’ensemble est très classique. Il y a quelque chose qui rappelle le discours de son compositeur dans le film. Ici, tout est trop bien fait finalement. Il lui manque une petite touche d’imperfection, une petite touche peut-être plus personnelle, pour rehausser encore un peu plus le film. Pour l’emporter ailleurs et terminer de nous faire vibrer. Après comme je le disais, c’est vraiment pour pinailler, car des films de cette qualité, avec les émotions qu’il procure, on en veut comme ça tout le temps.

Ainsi, pour son troisième film, Grégory Magne livre un joli, très joli, film, qui nous tient pendant son heure quarante. « Les musiciens » est vibrant, émouvant, plaisant, et je me répète, mais quand la musique est à l’œuvre, c’est tout simplement magique. Vivement le prochain film de son metteur en scène.
Note : 15/20
Par Cinéted