La Légende d’Ochi – Guizmo Sylvestre

Titre Original : The Legend of Ochi

De : Isaiah Saxon

Avec Helena Zengel, Willem Dafoe, Emily Watson, Finn Wolfhard

Année : 2025

Pays : Etats-Unis

Genre : Aventure, Fantastique

Résumé :

Dans un village isolé des Carpates, Yuri, une jeune fille élevée dans la crainte des mystérieuses créatures de la forêt appelées Ochis, se voit interdire de sortir après la tombée de la nuit. Un jour, elle découvre un bébé Ochi abandonné par sa meute. Déterminée à le ramener auprès des siens, Yuri va défier les interdits et s’engage dans une aventure extraordinaire au cœur des secrets de la forêt.

Avis :

Isaiah Saxon est un réalisateur et artiste visuel américain né en 1983. Cofondateur du studio Encyclopedia Pictura, après un court-métrage, qui ne rencontre pas le succès qu’il espérait, c’est finalement par la voix du clip qu’Isaiah Saxon va se faire remarquer. Il travaille pour des artistes comme Björk sur « Wanderlust », Grizzly Bear sur « Knife » ou encore Panda Bear sur « Boys Latin ». Pour ces clips, il mêle de l’animation artisanale et de l’expérimentation technologique. Il est aussi à l’origine de la plateforme éducative DIY.org et de la communauté autosuffisante Trout Gulch, entre permaculture et création numérique.

2025 marque un nouveau chapitre pour le réalisateur, puisque « La légende d’Ochi » est son premier long-métrage. Et pour un premier film, on peut dire QUEL premier film ! « La légende d’Ochi » est un petit bijou d’aventures et d’émotions qui nous invite dans un univers fictif, qui dégage une ambiance et un charme fou. Sorte de conte fantastique, « La légende d’Ochi« , derrière sa bande-annonce toute mignonne, cache en fait un joli petit drame sur la peur des autres, la bêtise de l’être humain, la famille, ou encore l’abandon. Plus profond qu’il en a l’air et doté d’une technique ô combien superbe, « La légende d’Ochi » marque les débuts d’un réalisateur que je suis d’ores et déjà curieux de suivre.

« Le film est plein de reliefs. »

Dans un petit village isolé sur une île des Carpates, vit Yuri, une jeune fille qui ne semble pas vraiment être en connexion avec son père. Sur l’île règne une sorte de terreur à cause d’animaux qui sont le fruit de l’enfer, les Ochis. Tous les habitants, la nuit tombée, restent chez eux de peur d’être attaqué. Maxim, le père de Yuri, qui a toujours rêvé d’avoir un fils, forme les garçons du village à la traque des Ochis. Une nuit, Yuri recueille un bébé Ochi et contre toute attente, elle décide d’entreprendre un voyage au cœur de la forêt et des montagnes pour le ramener à sa mère…

« La légende d’Ochi » est un petit film qui a le pouvoir d’arrêter le temps et de nous entraîner avec amour, émotions et aventures dans une histoire particulièrement touchante. Écrit par Isaiah Saxon lui-même, « La légende d’Ochi » est un film qui ressemble à l’île dans laquelle se déroule son histoire, c’est-à-dire que le film est plein de reliefs. Et avec ceci, on peut lire tout un tas de choses. Et surtout, on va être touché par tout un tas de choses et de thèmes. Dans un premier temps, « La légende d’Ochi » est un film qui nous entraîne dans un conte qui va être peuplé de créatures maléfiques. Des créatures qui inspirent la peur dans le cœur des hommes. Et comme dans beaucoup de contes, une guerre a lieu. Puis derrière ça, il y a la découverte de ces créatures, via le regard d’une personne différente.

« Un film qui tient une esthétique à couper le souffle. »

Dès lors, on comprend que « La légende d’Ochi » est un film qui parlera de la différence, de celle qui fait peur. Le film aborde le thème de la communication, il parle d’émancipation, de quitter le père pour suivre sa propre voix. Puis au-delà de ça, le film parle d’oser aller sur une voix différente. Peur de l’inconnu, remises en question, notamment des croyances et des traditions, sont alors explorées. Puis il y a une histoire de famille, avec ses blessures et ses secrets. Puis enfin, histoire d’y mettre un peu plus de reliefs, le film se révèle être écolo, avec un petit tour du côté de la nature, l’harmonie, et le fait de ne pas apprivoiser cette dernière. Bref, le film est aussi étonnant que prenant. À la découverte de sa bande-annonce, on ne pensait pas s’aventurer vers quelque chose d’aussi profond.

Avec ça, « La légende d’Ochi » est aussi un film qui tient une esthétique à couper le souffle. C’est bien simple, ici, tout est beau ! La première chose qui frappe, c’est l’incroyable travail sur l’animatronique et l’animation des marionnettes des Ochis. C’est magnifiquement bien fait, et ça donne un cachet fou au film. Avec ça, impossible de ne pas souligner le travail d’Evan Prosofsky, le chef op, qui livre une lumière à tomber par terre. Chaque plan, chaque séquence, et plus largement, chaque image, est travaillé pour que le rendu soit le plus beau possible, et ça, sans tomber dans la démonstration de talent. Non, tout aide cette histoire à avancer.

« La belle révélation, c’est avant tout la jeune Helena Zengel. »

Toujours du côté de la réalisation, on appréciera aussi les idées de mises en scène, et l’univers qu’il développe. Il y a quelque chose de Wes Anderson et de Spike Jonze, tout en gardant, ou du moins en créant, une identité qui lui est propre.

Enfin, « La légende d’Ochi« , c’est un beau travail d’acting, où l’on trouve un Willem Dafoe amusant dans la peau de ce père dirigé par ses peurs et ses croyances. On trouve aussi une Emily Watson excellente comme toujours dans un rôle plus complexe. Mais la belle révélation, c’est avant tout la jeune Helena Zengel. La jeune fille s’était déjà fait remarquer, notamment dans « Benni » en 2020, et ici, elle est encore une fois extraordinaire.

En conclusion, ce premier film d’Isaiah Saxon est une surprise, pleine d’émotions, de charme et d’aventures. Film artisanal, loin des formats habituels, « La légende d’Ochi » m’a totalement transporté dans son univers. Un univers que je n’avais pas envie de quitter si vite. Je suis très curieux de voir où est-ce que le réalisateur nous entraînera pour une prochaine réalisation.

Note : 16/20

Par Cinéted