Avis :
Pour se lancer dans la musique, il faut du courage et un certain cran. En effet, aujourd’hui, il semble assez facile de diffuser sa musique via le net, mais il est très compliqué de se faire connaître. Il faut trouver le bon son, le bon crédo, et faire en sorte de buzzer de façon positive pour se faire reconnaître par le plus grand nombre. Et certains n’ont pas les moyens de faire partie d’un groupe, décidant de se lancer tout seul, de façon autonome, pratiquant alors plusieurs instruments. On retrouve énormément cela sur la scène Black Métal, avec de nombreux One Man Band qui s’entourent de musiciens pour faire des sessions live. Aujourd’hui, on s’arrête sur quelque chose de plus alternatif, entre Prog, Death et Rock avec Matt Danger (Goorahoo de son nom complet de scène) qui a sorti cet album, Age of the Monolith, en 2017.
Guitariste talentueux, maîtrisant à la perfection le growl aussi bien que le chant clair, c’est en 2016 qu’il sort un premier album de façon indépendante (Enceladus), puis l’année suivante, il enchaîne avec Age of the Monolith. La première crainte que l’on puisse avoir, notamment en regardant la jaquette, c’est de tomber sur quelque chose d’inécoutable, la faute à une production inexistante. Combien de fois sommes-nous tombés sur des groupes indépendants avec un son horrible, à cause d’un budget avoisinant les zéros et un enregistrement au fin fond d’un garage ? Heureusement pour nous, ce ne sera pas le cas ici, puisque Matt Danger va nous offrir un excellent album, qui contient quelques scories, mais qui démontre un savoir-faire hors pair et une belle envie de musique. Et cela va s’avérer payant, puisque maintenant, le bougre fait partie d’un groupe de Death progressive, Ellimist.
Le skeud débute donc avec Age of Monolith, qui se décline en quatre parties. Le début est plutôt timide, avec une jolie guitare qui offre une mélodie plutôt sympathique, puis le chant clair vient nous faire croire à un Rock un peu mélodique. Mais Matt Danger va bien nous tromper, puisque de façon assez abrupte, on va avoir droit à un growl ténébreux et des riffs beaucoup plus agressifs. Si la production n’est clairement pas le point fort de l’album, le multi-instrumentiste a la bonne idée d’offrir de la rondeur à sa musique, avec notamment une ligne de basse discrète, et une batterie qui semble être programmée, mais qui fait amplement le taf. La rupture pour ouvrir sur la deuxième partie est mal gérée, mais elle permet tout de même de monter d’un cran dans la violence. Le chant devient presque plus guttural et la violence est plus prégnante.
Par la suite, l’interlude ne sert pas à grand-chose, sinon à poser une ambiance assez pesante qui ouvrira alors sur une troisième partie plus complexe qui fait la part belle à la guitare. Si la batterie semble provenir d’un logiciel, ce n’est pas le cas de la six cordes, et l’artiste fait étalage de tout son talent. Certes, on pourra lui reprocher d’avoir repris quelques éléments du Master of Puppets de Metallica dans les paroles, mais globalement, ça fait le taf. Et surtout, il ne faut pas oublier que le type gère tout, tout seul. The Fermi Paradox va s’aventurer vers quelque chose de plus industriel dans son démarrage, avec une voix robotique et un rythme scandé assez puissant. Le titre est intéressant à plus d’un titre, même s’il manque un peu de rondeur et d’une production plus cadrée. On sent néanmoins tout le potentiel du type.
Calling of the Void embrasse quant à lui des éléments progressifs, notamment dans son introduction, avec un chant clair qui n’est pas dénué d’intérêt et une guitare plus légère mais qui va se durcir avec le temps. Quant à Rex, le début évoque Chevelle, avec ce gros riff lourd, qui va par la suite se marier avec un growl bien nerveux, offrant un morceau puissant et vraiment réussi. On restera plus circonspect autour de Fiberoptic qui manque d’allant et d’une envie de nous bousculer un peu plus. On a la sensation d’écouter un morceau un peu bouche-trou. License to Lie sera un autre interlude prouvant la maîtrise de la guitare, et ouvrant alors sur Run to You, un titre qui sort de l’album, arpentant le chemin du Hard Mélo, mais avec un refrain entêtant et une mélodie qui fonctionne à plein régime.
Au final, Age of the Monolith, le second album de Matt Danger, qui assure tous les postes, n’est pas une mauvaise surprise. Si on n’évite pas les scories propres à un album indépendant, auto-produit avec les moyens du bord, il démontre néanmoins les talents techniques de l’artiste et son ouverture d’esprit pour embrasser différents genres au sein d’un seul et même album. Bref, sans être un immanquable, il réside là-dedans un bon moment autour d’un musicien qui gagne à être connu.
- Age of the Monolith Pt. 1
- Age of the Monolith Pt. 2
- Age of the Monolith Interlude
- Age of the Monolith Pt. 3
- The Fermi Paradox
- Calling of the Void
- Rex
- Fiberoptic
- License to Lie
- Run to You
Note : 13/20
Par AqME