septembre 26, 2025

Saor – Amidst the Ruins

Avis :

S’il y a bien une chose qui force le respect dans le monde du métal, ce sont les one man band, ces groupes qui ne sont formés que d’une seule personne, jouant alors de tous les instruments. On retrouve souvent cela dans le monde du Black, avec des techniciens hors pair qui s’amusent à faire ce qu’ils veulent, sans devoir rendre des comptes à quiconque. Et si ces « groupes » sont obligés de se faire accompagner pendant des sessions lives, chaque album studio peut se voir comme une prouesse artistique, avec un travail de titan derrière. Derrière Saor se cache Andy Marshall qui, depuis 2013, gère sa barque de manière phénoménale. Jouant un Black atmosphérique qui s’associe à de la Folk, Saor est un projet fou où chaque album bénéficie d’une ambiance particulière, et Amidst the Ruins, sixième effort, ne déroge pas à la règle.

Ce qui surprend lorsque l’on découvre le groupe, c’est la toute petite tracklist. Ici, seulement cinq morceaux, mais le plus court dure dans les huit minutes, alors que les autres avoisinent le quart d’heure. Forcément, cela fait une durée de quasiment une heure, et on sent que l’on va avoir droit à des morceaux fleuves. Mais des titres qui sont d’une puissance assez hallucinante, et surtout, qui arrivent à osciller entre douceur, violence, mélancolie et un sens tragique de la narration. En gros, écouter du Saor revient à se rendre en terre du Milieu, mais avec quelques orques qui jouent de la gratte électrique. On ressort de l’album à la fois apaisé et heureux d’avoir entendu un type qui ne cède jamais face à l’adversité et à la modernité, pour nous plonger dans une atmosphère animiste verdoyante, mais qui recèle aussi des parts d’ombre.

Le skeud débute avec Amidst the Ruins, et c’est tout simplement sublime. L’entame laisse à supposer que nous faisons face à du Post-Black, avec ce qu’il faut de riffs brutaux et de blast à la batterie, et rapidement, la musique dévie vers quelque chose de plus aérien, de plus éthéré, et surtout de plus riche. On a droit à du violon en arrière-plan qui vient adoucir l’ensemble, puis des partitions de cornemuse viennent apporter un aspect Folk magnifique qui permet d’apaiser le chant crié du frontman. L’ensemble est cohérent, mais surtout, on ressent un côté épique totalement assumé. La musique pourrait parfaitement s’adapter à un film de Fantasy tant on ressent une narration complète, où chaque instrument s’exprime pleinement (difficile de résister à ses élans de violons dans le dernier tiers du morceau). Bref, ce premier titre est complètement fou et promet de belles choses pour la suite.

Echoes of the Ancient Land démarre de façon tonitruante. Le chant crié est plus guttural que d’habitude, mais surtout, il est plus mis en avant que dans le titre précédent. Le début est donc virulent, mais il garde toujours son côté aérien grâce à des riffs de guitares assez légers qui survolent la rythmique plutôt lourde. Comme pour le premier titre, on aura droit à des nappes différentes au fur et à mesure du morceau, avec notamment un passage très calme et doux à la flûte, qui nous fait penser aux plaines verdoyantes de l’Ecosse. On s’imagine très bien en pleine forêt, encore humide de la rosée du matin. C’est vraiment d’une beauté transcendantale, en plus d’être un morceau idéal pour l’introspection. Glen of Sorrow poussera le bouchon encore plus loin avec une longue introduction à l’ambiance doucereuse et spectrale. La beauté de ce titre est complètement zinzin.

En abordant The Sylvan Embrace, on aura droit à une douceur incroyable. Le chant est chuchoté ici, donnant alors un sentiment de plénitude très agréable à entendre. La flûte va prendre le dessus, nous plongeant alors le long des châteaux écossais en ruine, avec une brume planant au-dessus d’un lac. Bref, c’est tout simplement magnifique. Puis Rebirth va vite nous rappeler que nous sommes face à un groupe de Post-Black, et en ce sens, la batterie viendra nous secouer, alors que les guitares seront plus douces, plus aériennes, avant de partir vers quelque chose de plus rugueux. Avoisinant le quart d’heure d’écoute, ici, l’ennui n’a pas sa place, et Saor nous offre un sacré titre, blindé de références, de différentes nappes instrumentales, et d’une richesse dingue. Le morceau est à la hauteur de tout le reste, survolant avec brio nos émotions et nous donnant un sentiment entre plénitude et grâce.

Au final, Amidst the Ruins, le dernier album en date de Saor, est une réussite sur absolument tous les points. C’est à la fois puissant, sombre, tout en gardant des impulsions lumineuses, d’une douceur extrême et d’une richesse folle. C’est génial de voir à quel point Andy Marshall maîtrise son art, jouant de tous les instruments et constituant des pistes de près d’un quart d’heure sans jamais perdre en cohérence et musicalité. Bref, sans doute l’un des albums de l’année.

  • Amidst the Ruins
  • Echoes of the Ancient Land
  • Glen of Sorrow
  • The Sylvan Embrace
  • Rebirth

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.