La Pampa – L’Amitié en Moto

De : Antoine Chevrollier

Avec Sayyid El Alami, Amaury Foucher, Damien Bonnard, Florence Janas

Année : 2025

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Willy et Jojo, deux ados inséparables, passent leur temps à chasser l’ennui dans un petit village au cœur de la France. Ils se sont fait une promesse : ils partiront bientôt pour la ville. Mais Jojo cache un secret. Et quand tout le village le découvre, les rêves et les familles des deux amis volent en éclat.

Avis :

Premier film pour Antoine Chevrollier, jeune cinéaste de quarante-deux ans. Né à Angers, le réalisateur a commencé en tant que premier assistant avant de passer à la réalisation avec « Le bureau des légendes« , où entre 2016 et 2018, il va réaliser quatorze épisodes. Par la suite, il va officier sur la série « Baron noir« , avant de mettre en scène pour Disney + quatre épisodes d’ »Oussekine« , série qui retrace l’affaire Malik Oussekine au milieu des années 80. C’est d’ailleurs pendant le tournage de la série qu’il a commencé à songer à « La Pampa« .

Pour son premier film, Antoine Chevrollier est parti tourner dans le village de son enfance. Sans que « La Pampa » soit autobiographique, il nous entraîne dans un film qui se pose comme une superbe histoire d’amitié, et au-delà de ça, il réalise un film qui est un passage de l’adolescence à l’âge adulte. Ce qui est très bien ici, c’est qu’alors qu’on a déjà vu cette histoire, ou du moins cette trajectoire beaucoup de fois, Antoine Chevrollier arrive à livrer autre chose, et il nous saisit petit à petit, grâce à des personnages qui se font de plus en plus touchants au fur et à mesure. Et si le début du film est peut-être un peu compliqué, avec un côté agaçant dans ces personnages, on quittera cette « … Pampa » chargé d’émotions.

«  »La Pampa » avait tout l’air de se poser comme le film inratable de ce début Février 2025. »

Willy et JoJo sont inséparables. JoJo fait de la motocross, et il se pourrait qu’il aille en championnat de France. Willy, même s’il fait du cross, se distingue en tant que mécanicien, les bécanes n’ayant aucun secret pour lui. Entre deux compétitions et les révisions du Bac pour Willy, les deux ados traînent dans le petit village de Longué-Jumelles, en Anjou. L’avenir s’annonce radieux, mais JoJo a un secret, quelque chose qu’il n’ose pas dire, et lorsque ce secret sera révélé, la vie des deux adolescents va voler en éclats.

Porté par un superbe bouche-à-oreille, « La Pampa » avait tout l’air de se poser comme le film inratable de ce début Février 2025. Aimant tout particulièrement les premiers films, et tenant une intrigue qui m’intéressait, je me suis donc laissé tenter par cette « … Pampa« , et il est vrai que ce dernier a fait vriller mon cœur. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance, car si le film se fait très beau et particulièrement touchant, son ouverture et la présentation de ses personnages irritent très vite. En effet, lorsque l’on débarque dans « La Pampa« , le film a tout l’air de nous offrir des personnages de branleurs qui, pour tuer le temps, se fichent des règles et des lois.

Il y aurait comme un syndrome de « Rodéo« , film de Lola Quivoron, qui fut l’une de mes séances les plus douloureuses de 2022. Dans les premières minutes, beaucoup d’éléments agaçants sont réunis, glorification de branleurs, jeunesse qui s’ennuie et qui fout le bordel gentiment pour tuer le temps, langage vulgaire, prise de tête pour rien… Bref, ce n’était pas gagné d’avance, mais heureusement, cela s’efface pour laisser place à une belle histoire d’amitié, entre deux garçons qui rien, ou presque, ne peut séparer.

« Avec « La Pampa« , Antoine Chevrollier livre un film très riche »

Avec « La Pampa« , Antoine Chevrollier livre un film très riche dans ce qu’il raconte. Posant son intrigue dans un petit village, le film aborde tout un tas de thèmes importants. Évidemment, l’amitié est au premier plan, une amitié sans jugement, une amitié pure, de celle que l’on voit peu. Puis avec ça, le film aborde aussi bien la question des mentalités dans des coins plus reculés, il aborde le coming out à la campagne, bien plus compliqué qu’en ville, il parlera de la masculinité toxique, qu’est-ce qui fait qu’on est un homme, et clairement l’homosexualité masculine, dans une certaine mesure, pour certains personnages, ça n’en fait pas partie.

Puis avec ça, « La Pampa » est aussi film sur le deuil, le deuil d’un père, le deuil d’une époque, d’une jeunesse, car plus loin que ça, « La Pampa » est un film de passage, racontant le traditionnel passage de l’adolescence à l’âge adulte. Le film parle de la France de la débrouille, de ces métiers qui comptent, mais qui ne sont pas assez mis en valeur, comme celui de la mère de Willy. D’ailleurs, le film offre de superbes séquences lorsqu’il s’aventure sur ces sentiers, tout comme il offre de belles séquences quand il parle de la famille. Bref, au bout de tout cela, ce sont tous ces sujets que « La Pampa » aborde avec beaucoup de justesse, qui font oublier le côté parfois irritant de certains personnages.

« des acteurs merveilleux, qui tiennent l’affiche avec magnétisme »

Et d’ailleurs, lorsque l’on parle de personnages, « La Pampa« , ce sont des acteurs merveilleux, qui tiennent l’affiche avec magnétisme, charisme et surtout émotions, même si là encore, ils peuvent avoir des côtés agaçants. Si l’on retiendra Artus dans un rôle à contre-emploi qui lui va très bien, si Florence Janas est une belle révélation dans la peau de la mère de Willy, et si on ne peut pas passer à côté d’Amaury Foucher, qui tient là son premier rôle, il est vrai que beaucoup des émotions du film, on les doit à Sayyid El Alami qui tient une très grande partie du film sur ses épaules.

On ajoutera à cela une belle réalisation qui sait se faire intime lorsque son histoire le demande, qui sait se faire tendue, ou encore qui s’incruste parfaitement sur les terrains de cross pour des courses qui offrent de très belles images. De plus, le réalisateur navigue très bien entre les genres, offrant des moments pleins de comédie, pour aller vers le drame, tout en émotion, qui nous emmènera vers ce très beau final.

Comme je le disais, avec sa scène d’ouverture et ses personnages, au départ agaçants, ce n’était clairement pas gagné, mais bien heureusement, cette « … Pampa » à su offrir autre chose et finalement, le film d’Antoine Chevrollier se fait très beau et vraiment touchant dans ce qu’il raconte, nous offrant sûrement l’une des plus belles histoires d’amitié de cette année.

Note : 16/20

Par Cinéted