décembre 12, 2024

Linkin Park – From Zero

Avis :

Au tout début des années 2000, Linkin Park déboule en plein délire Nu-Métal et sort son premier album, Hybrid Theory. Le succès est immédiat, le disque est certifié de platine, et cela va lancer la carrière d’un groupe qui va devenir culte, mais qui va aussi se mettre à dos plusieurs fans. En effet, en 2003 sort Meteora, leur deuxième album, qui sera dans la lignée du premier, et deviendra aussi un monstrueux succès, mais par la suite, les choses changent pour le groupe, qui va s’assagir et veut essayer d’autres styles. Les américains s’adoucissent, flirtent constamment avec les limites du Métal et du Rock, pour parfois embrasser des délires électro mainstreams, et si cela va plaire au grand public, les fans de la première heure se sentiront lésés, même s’ils ne renieront jamais vraiment le groupe. Et cela jusqu’au drame de 2017.

En effet, quelques temps après la sortie de leur septième album, Chester Bennington, chanteur charismatique de la formation, se suicide, sonnant, pense-t-on, le glas de Linkin Park. Il faudra alors attendre sept ans pour avoir des nouvelles du groupe originaire de Californie, avec plusieurs teasings, et une recherche active pour remplacer Chester. Le choix se porte alors sur Emily Armstrong, chanteuse du groupe Dead Sara, et lorsque le premier morceau tombe, c’est un peu la honte. Non pas pour le groupe, mais pour les fans qui tombent alors à bras raccourcis sur la nouvelle recrue, ne la trouvant pas à la hauteur de Chester. De ce fait, après toute cette encre virtuelle qui a coulée sur les réseaux sociaux, le huitième album studio de Linkin Park était attendu avec une certaine fébrilité, et il faut dire que c’est peut-être la plus grosse sortie de l’année, du moins pour les rockers.

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut aussi évoquer les attentes des gens, ou tout du moins de certains fans, car Linkin Park est un groupe qui a divisé. Et très clairement, avec ce changement de line-up, on a bien compris que ce qui semblait important, c’était surtout le chant et les mélodies, qu’elles soient hargneuses ou plus douces. Et cela se vérifie avec un changement qui est passé quasiment inaperçu, celui du batteur. Car oui, Rob Bourdon a décidé de rester dans le groupe, mais en tant que producteur/manager, et il a été remplacé par Colin Brittain, dont tout le monde se branle. C’est dire si finalement, d’un point de vue musical et technique, le tout-venant s’en branle la noisette. Certes, les américains ne sont pas les chancres du solo et des pistes tortueuses, mais on peut aussi en attendre d’avantage d’un groupe aussi expérimenté.

Et finalement, que vaut ce From Zero ? Retour aux sources comme semble l’indiquer son titre qui peut signifier un renouveau, ou nouveau départ sur quelque chose de totalement neuf ? Eh bien rien de tout cela. Si l’on exclut l’introduction qui nous prend un peu pour des gogols en explicitant clairement le choix du titre, on va avoir droit à dix pistes (pour une durée d’un poil plus d’une demi-heure) qui s’alterneront de façon métronomique, avec un morceau nerveux, un morceau calme, sans aucune altération. Les hostilités commencent donc avec The Emptiness Machine, le premier morceau dévoilé par le groupe, et c’est plutôt pas mal. Mike Shinoda reprend le chant clair dans un premier couplet, lance le refrain, pour ensuite laisser la parole à Emily Armstrong qui va donner du grain à chaque mot. Sa voix granuleuse apporte un plus indéniable, et elle peut crier comme Chester.

Le but ici, n’est pas de faire la comparaison avec feu le chanteur, mais force est de reconnaître qu’elle lui tient la dragée haute, et que tous les fans qui la conspuaient sont d’affreux malhonnêtes. Néanmoins, le morceau rentre dans les carcans que l’on attend du groupe, à savoir une durée d’un peu plus de trois minutes, ainsi qu’une construction basique pour pouvoir capitaliser un max dessus. Par la suite, Cut the Bridge sera peut-être le plus « nerveux » des titres calmes. Mike Shinoda rappe comme auparavant, Emily se charge d’un refrain mou du gland et si l’on entend plus la batterie, elle reste très martiale et n’apporte pas forcément un truc en plus. Le morceau s’avère assez sympathique, mais il manque d’impact et s’avère trop simple pour pleinement nous porter. Heureusement, Heavy is the Crown va relever le niveau avec quelque chose de plus virulent.

Deuxième single présenté par le groupe pour vendre l’album, le titre est nerveux, Emily Armstrong pousse fort sur sa voix, et démontre qu’elle peut tenir la barre pendant de longues secondes. Les riffs sont pêchus et surtout, Joe Hahn, celui derrière la platine, retrouve enfin une pleine existence dans le groupe. Malheureusement, il faudra ravaler son engouement, puisque Over Each Over déboule, et si le morceau n’est pas mauvais, il reste calme, et sans véritable enjeu. On reste sur un truc simpliste au possible, presque épuré, mais qui manque de variations et de pics d’intérêt. On se rattrapera alors avec Casualty, un titre qu’on n’attendait pas tant il lorgne vers le Post-Hardcore et se révèle surprenant pour du Linkin Park récent. Pour le coup, le groupe montre qu’il peut encore montrer les dents de façon frontale, et fournir un titre qui n’est pas pour le tout-venant.

Malheureusement, le groupe s’engonce ensuite dans le pire morceau de l’album avec Overflow. Si certains y trouveront leur compte en évoquant certains albums qui tirent vers le Trip-Hop, on reste tout de même sur un titre ennuyeux au possible, et qui ne décolle jamais, en plus de ne pas avoir une ambiance prégnante. Two Faced vient alors nous fracasser la nuque avec un rythme effréné, un gros riff bien gras, et surtout, un refrain qui reste un long moment en tête. Un vrai hit en puissance, qui a accompagné d’ailleurs la sortie de l’album. Mais comme dit auparavant, le groupe alterne avec un morceau doux, et Stained reste un truc sirupeux qui ne marque absolument. On dirait du Imagine Dragons, c’est un titre fait pour plaire au tout public, et c’est presque gênant. Mais IGYEIH vient remettre un coup de pied dans la fourmilière.

Emily s’arrache la voix comme jamais, le morceau détient de sacrés moments de bravoure, et on se retrouve face à un titre qui donne envie de se décrocher la nuque. Enfin, pour clôturer cet effort, Linkin Park joue la carte de l’émotion avec Good Things Go, et malheureusement, c’est encore un titre mou, qui pue le mercantile à fond les ballons. Les américains jouent sur la nostalgie, sur les bons sentiments, ça sent la guimauve et la barbe à papa, et franchement, ce n’est guère intéressant. Et même si la fin du titre forme une boucle avec le sample de l’introduction, ça ne fonctionne qu’à moitié, comme finalement tout l’album, où seuls les titres un peu actifs, nerveux et puissants marchent à plein régime, mais sont entrecoupés par des phases mollassonnes et sans réel intérêt.

Au final, From Zero, le dernier album en date de Linkin Park, n’est pas un mauvais album. On pourrait presque le glisser juste après Meteora tant on n’avait pas entendu le groupe aussi en colère sur certains titres. Il est juste dommage que la moitié de l’album, soit cinq titres tout de même, soient si peu intéressants, coupant nette toute l’énergie dégagée par les cinq autres morceaux survitaminés. Bref, un album sympathique, certainement mieux que prévu, rassurant sur la venue de la nouvelle chanteuse, mais qui n’est pas non plus un chef-d’œuvre du genre.

  • From Zero (Intro)
  • The Emptiness Machine
  • Cut the Bridge
  • Heavy is the Crown
  • Over Each Over
  • Casualty
  • Overflow
  • Two Faced
  • Stained
  • IGYEIH
  • Good Things Go

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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