novembre 22, 2025

Mafia – The Old Country

Résumé :

L’histoire d’Enzo se déroule à une époque où le maniement du stylet était un avantage décisif, où tout le monde s’arrachait la lupara, célèbre fusil à canons sciés, où les vendettas meurtrières pouvaient s’étaler sur des dizaines d’années, et où les mafiosi effectuaient leurs rackets à pied, à cheval, ou encore au volant de voitures du début du siècle.

Avis :

L’univers interlope de la mafia n’a de cesse de fasciner l’imaginaire collectif. À travers la littérature, le cinéma ou le jeu vidéo, les histoires sur le crime organisé ont marqué nombre d’esprits. Dans le domaine vidéoludique, les incursions se sont multipliées au fil des générations de consoles. Par exemple, les adaptations de Scarface ou Le Parrain. Pour autant, la plupart d’entre elles sont éclipsées par GTA. Au vu de l’influence et de la portée du phénomène, il paraît vain de s’atteler à un tel sujet, du moins de manière frontale.

D’où l’angle d’approche historique de la saga Mafia qui, au gré des épisodes, n’hésite pas à varier les lieux et le contexte pour se différencier de son homologue. Avec Mafia : The Old Country, on délaisse les velléités du troisième opus sur l’open-world pour revenir à un récit à l’ancienne, beaucoup plus cadré et classique dans ses intentions. Honneur, loyauté et sacrifice : la Sainte Trinité du crime organisé annonce une aventure aussi entraînante qu’intense…

Aux origines de la loi du silence

À différents égards, Mafia : The Old Country s’avance comme un retour aux sources pour la franchise de 2K Games. Cela porte tout d’abord sur son histoire, où l’on découvre la Sicile, berceau de la Cosa nostra, au début du XXe siècle. L’île bénéficie d’une reconstitution des plus séduisante, distillant un parfum méditerranéen parfaitement dans le ton de l’intrigue. Celle-ci nous fait suivre le calvaire d’Enzo, ouvrier d’une mine de soufre, son ascension sociale dans la famille Torrisi et ses affaires qui conservent les relents sulfureux de son ancien lieu de travail…

D’emblée, il est aisé de deviner le classicisme de la narration. Sur ce point, comme sur d’autres, Mafia : The Old Country n’a pas vocation à révolutionner ni le genre ni la franchise. L’intrigue réitère les archétypes propres à la thématique principale. En cela, il est vrai que l’ensemble reste assez prévisible. Cela porte sur l’évolution globale, comme sur le devenir des personnages, leur rôle respectif. On pourrait donc déplorer un manque de risques évident. Il n’en demeure pas moins une écriture maîtrisée, à même de susciter l’intérêt pour la tournure des évènements.

Il était une fois en Sicile

La dynamique tient également à une trame resserrée par une structure linéaire. Les chapitres se suivent sans temps mort. Dans les dialogues ou les enjeux, on observe un renouvellement constant. Le fait d’adopter une histoire avec quelques ellipses permet de mieux appréhender l’évolution et le parcours des protagonistes sur plusieurs années. Contrairement au précédent opus, on dispose d’une carte plus restreinte avec quelques villages et points clefs à rallier à dos de cheval ou en voiture.

À certains moments, il est d’ailleurs possible de passer les phases de conduite lorsqu’il faut rejoindre une zone éloignée et ainsi ne pas atermoyer entre deux séquences notables. Soit dit en passant, les missions de pilotage, assez rares, sont très permissives, tandis que les sensations au volant sont orientées vers l’arcade. Quant à la variété des modèles (ou des différents spécimens d’équidés), ils font surtout office de cosmétiques et ne présentent pas d’aptitudes particulières.

Le choix des armes

Entre deux déambulations dans la propriété des Torrisi ou dans la campagne sicilienne, le gameplay de Mafia : The Old Country présente trois grands axes. Le premier tient à des fusillades qui lorgnent vers Uncharted. La comparaison se base sur l’usage de l’arsenal, mais surtout sur l’appropriation des environnements. Leur structure dispose d’une ouverture qui offre différents angles d’approche pour le joueur, comme pour les adversaires. Cela sans compter sur des « stratégies » d’attaques par trop similaires avec la franchise de Naughty Dog.

Le second élément notable du titre tient aux séquences d’infiltration. Certaines sont imposées par les circonstances et les objectifs, d’autres demeurent à l’appréciation du joueur. L’idée est louable, mais l’intelligence artificielle altère considérablement l’immersion et l’expérience sur cet aspect. Il est souvent plus pratique de trouver une position avantageuse et d’obliger les ennemis à se mettre à découvert. Quant au troisième élément de gameplay, il s’agit de combats au couteau redondants. Les coups portés et les patterns sont faciles à anticiper.

Au service du parrain pour un long moment ?

Avec ses 14 chapitres (et un prologue), Mafia : The Old Country est un titre qui va à l’essentiel. Il faut compter une douzaine d’heures pour boucler le jeu en mode normal. L’aventure ne présente aucune difficulté particulière et reste très accessible afin de profiter de son histoire. Sur le court terme, la rejouabilité demeure limitée, car on ne distingue pas vraiment de missions secondaires. On doit se contenter de la recherche de panoramas à photographier, d’extraits de journaux, sans oublier les cartes de saints. À cela s’ajoute une collection de bagnoles.

Quant à l’exploration, elle se réserve surtout aux complétistes, à tout le moins pour une première partie. Il existe d’ailleurs un mode éponyme. On peut évoquer les objets cachés pour découvrir les petits secrets de cette Sicile à échelle réduite. Soit dit en passant, la recherche de breloques demeure intéressante, car elle permet de disposer de compétences spécifiques. Par exemple, la rapidité accrue sur les soins, l’augmentation des dégâts ou du stockage des munitions. Ce qui peut s’avérer un avantage décisif dans le mode de difficulté le plus élevé. Il est également possible d’acquérir un arsenal des plus varié pour mener le combat contre le clan des Spadaro.

En conclusion…

Au final, Mafia : The Old Country s’avance comme un titre efficace, même s’il reste dénué d’originalité. En cela, il est vrai que le récit ne nous étonne guère. Cependant, il présente une qualité d’écriture qui emporte le joueur et l’encourage à s’immiscer plus en avant dans ses missions. Celles-ci gagnent autant en dangerosité qu’en intensité. En d’autres termes, l’intrigue est racontée avec maîtrise et sens du rythme. Elle assume pleinement ses facilités scénaristiques et parvient à les rendre intéressantes, ne serait-ce qu’à travers une caractérisation soignée et des personnages bien campés.

Du reste, le gameplay fait aussi montre de classicisme et ne dépaysera pas les amateurs de titres d’action – aventures. Les fusillades demeurent intenses et se déroulent au cœur d’environnements variés. En revanche, on est plus timoré sur les phases d’infiltration. La faute à une intelligence artificielle bancale. Quant aux duels au couteau, ils apportent davantage de répétitivité dans les affrontements qu’une diversité bienvenue. Néanmoins, il en ressort un jeu qui remplit son office et dispose d’une atmosphère soignée, même s’il est dépourvu de surprises. Cela vaut aussi bien pour le fond que pour la forme. Il n’en reste pas moins une incursion recommandable dans le milieu de la Cosa nostra, à ses premières heures.

Note : 14/20

Par Dante

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.