décembre 11, 2024

La Plus Précieuse des Marchandise – L’Animation Selon Hazanavicius

De : Michel Hazanavicius

Avec les Voix Originales de Jean-Louis Trintignant, Dominique Blanc, Denis Podalydès, Grégory Gadebois

Année : 2024

Pays : France

Genre : Animation

Résumé :

Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne.

Le froid, la faim, la misère, et partout autour d´eux la guerre, leur rendaient la vie bien difficile.

Un jour, pauvre bûcheronne recueille un bébé. Un bébé jeté d’un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur bois.

Protégée quoi qu’il en coûte, ce bébé, cette petite marchandise va bouleverser la vie de cette femme, de son mari, et de tous ceux qui vont croiser son destin, jusqu’à l’homme qui l’a jeté du train.

Leur histoire va révéler le pire comme le meilleur du cœur des hommes.

Avis :

Michel Hazanavicius est un metteur en scène français qui s’est fait une très jolie place au sein du paysage du cinéma français d’aujourd’hui. Génie de la comédie, Hazanavicius est aussi un metteur en scène qui essaie d’autres genres, comme le drame, le film muet ou encore le film de guerre. De formation, Michel Hazanavicius a étudié les beaux-arts, et il fait du dessin, il dessine même très bien, alors l’idée d’un film d’animation lui parlait depuis un bon moment, mais encore fallait-il qu’il trouve le sujet qui lui donne envie de passer à ce format-là. Puis est arrivé, via un ami producteur, un roman de Jean-Claude Grumberg, « La plus précieuse des marchandises« , et le producteur en question ne voyait que de l’animation pour raconter cette histoire.

Après avoir hésité un bon moment, Michel Hazanavicius s’est laissé embarquer. Méticuleux, « La plus précieuse des marchandises » va alors être un film dont le réalisateur va s’occuper de tout, ou presque, car s’il n’a pas réalisé l’animation lui-même, il a toutefois créé tous les visuels, les décors, les visages des personnages, et au-delà de ça, pour indiquer les intentions qu’il voulait, il a même été jusqu’à storyboarder son film, en filmant en réel les scènes de son futur film, afin d’indiquer au plus vrai et juste ce qu’il voulait que l’on voie dans son film. Il en résulte alors un beau film, à l’histoire bouleversante, et au-delà ça, à l’animation et au visuel incroyable. Seul restera peut-être une fin belle, certes, mais trop précipitée.

« Michel Hazanavicius s’appuie sur un beau livre de Jean-Claude Grimberg« 

Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui habitaient dans une petite maison presque perdue dans la forêt. Ce bûcheron et cette bûcheronne, après avoir perdu leur enfant, se sont résignés à ne jamais avoir d’enfant. Nous sommes alors en 1942, et près de là où ils habitent passent les trains pour Auschwitz-Birkenau et par un après-midi d’hiver, près des rails, la bûcheronne découvre la plus précieuse des marchandises…

Pour son dixième film, Michel Hazanavicius s’essaie à de nouvelles choses, et pour la première fois, il passe donc au cinéma d’animation et il nous offre un joli film qui s’arrête sur un sujet difficile, la Shoah. Pour cela, il le fait à la manière d’un conte avec son traditionnel « -Il était une fois… ». Ce « il était une fois…  » est d’ailleurs dit avec l’une des plus belles voix du cinéma français, feu Jean-Louis Trintignant.

Pour nous raconter cette terrible histoire, qui va se construire en deux parties, Michel Hazanavicius s’appuie sur un beau livre de Jean-Claude Grimberg, et ce sera d’ailleurs avec ce même Jean-Claude Grimberg que le réalisateur va écrire son scénario. Comme je le disais, le film est tenu en deux parties, avec une première qui sera un petit chamboulement d’émotions, la découverte d’un bébé, une vieille bûcheronne pleine d’espoirs et un vieux bûcheron grincheux. Puis le film aborde beaucoup de sujets, sans jamais vraiment les nommer, et c’est dans un sens ce qui rend le film encore plus beau.

« la première partie est pleine de lumière malgré ce qu’il s’y passe »

Alors oui, il va bel et bien citer la deuxième grande guerre, et de par ses images et l’histoire qu’il raconte dans la deuxième partie, on ne peut pas se tromper, mais pourtant, le fait de ne pas nommer réellement les choses confère au film un aspect universel, et pour ma part, il ne m’a pas autant emporté que je ne le pensais. Si la première partie est pleine de lumière malgré ce qu’il s’y passe, petit à petit, Michel Hazanavicius va nous entraîner dans un film d’une noirceur profonde.

Une noirceur qui ne laisse que très peu de place à l’espoir ou à la beauté, et là (comme pour tout le film d’ailleurs) il faut noter le travail incroyable et impeccable des dessins d’Hazanavicius. Les images sont terribles, parfois difficiles, car elles évoquent des cauchemars. On peut même se dire que c’est fou de trouver des images aussi dures dans un dessin animé. Au milieu de tout cela, seule la fin nous laisse un peu sur notre faim. Non pas qu’elle ne soit pas belle, c’est juste qu’elle est quelque peu précipitée.

Alors que le cinéaste a pris son temps pour raconter son histoire et ses personnages, d’un coup, le film passe les années très vite, et alors que l’on ne s’y attendait pas, il nous laisse sur une belle note certes, mais cette dernière est trop rapide, et elle manque d’émotion. D’ailleurs, si le film est beau, dur et terrible, s’il a de quoi être touchant, c’est vrai qu’il manque d’émotion sur son ensemble, comme si le sujet étant très dur, Michel Hazanavicius avait essayé à tout prix de tomber dans le pathos, et pour cela, il s’est restreint dans l’émotion. Il en résulte alors un film qui sait être touchant, mais pas autant qu’il aurait pu l’être.

« les images du film sont tout bonnement incroyables. »

Plus haut, je disais que « La plus précieuse des marchandises » est beau, et si je parle évidemment de son histoire, il faut aussi s’arrêter sur les images du film qui sont tout bonnement incroyables. Michel Hazanavicius a dessiné lui-même l’ensemble de son film. Les traits de ses personnages, les décors, les « matières », les images de cauchemars, comme celles qui sont enchanteresses. Puis il y a un travail assez fou sur les couleurs et les ombres. Pour un premier film d’animation, Michel Hazanavicius fait fort et s’assure un prochain César, j’en mettrais ma main à couper.

Ce dixième film de Michel Hazanavicius se pose donc comme une belle réussite. Oui, le film nous laisse un peu sur notre faim de par la précipitation de son final, mais au-delà de ça, ce conte qui narre la vie d’une vieille bûcheronne qui recueille un petit poupon des griffes de la mort, c’est beau, c’est touchant, et surtout, le film est marquant. Bref, cette « … plus précieuse des marchandises » démontre encore une fois que Michel Hazanavicius est un grand metteur en scène.

Note : 14/20

Par Cinéted

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