De : Jennifer Devoldere
Avec José Garcia, Joachim Arseguel, Aure Atika, Cédric Vieira
Année : 2024
Pays : France
Genre : Comédie, Drame
Résumé :
Colin, 14 ans, fait son entrée dans un nouveau collège et il flippe : comment s’en sortir quand, comme lui, on est bègue ? Sa rencontre avec Monsieur Devarseau, charismatique prof de français, va le pousser à affronter ses peurs et sortir de son isolement. Maintenant Colin a une bande de copains et un projet : monter sur scène pour jouer Cyrano devant toute l’école.
Avis :
Jennifer Devoldere est une réalisatrice française dont la carrière a débuté au milieu des années 2000 avec deux films dont Mélanie Laurent était l’actrice principale. « Jusqu’à toi » et « Et soudain tout le monde me manque » se sont posées comme deux sympathiques comédies qui, si elles amusent sur l’instant, ne marqueront pas forcément plus que ça le spectateur. Puis après ces deux films, dont le deuxième est sorti en 2011, nous n’avons plus entendu parler de la cinéaste pendant douze ans, au point qu’on se disait qu’on ne verrait plus de film de Jennifer Devoldere. Puis en 2023, à la surprise générale, débarque en salle « Sage-homme« , une comédie dramatique autour d’un jeune homme qui fait des études, malgré lui, de sage-femme.
Un peu plus d’un an après, voici que la cinéaste est de retour avec « Le panache« , une comédie qui met en avant la tolérance, en suivant le parcours d’un jeune garçon bègue. Film sur l’école, l’apprentissage, et un passage, peut-être pas celui de l’âge adulte, mais il y a une évolution. Joli, plein de bons sentiments, tenu par d’excellents jeunes comédiens dont c’est le premier film, « Le panache » se loge quelque part entre « Le discours d’un Roi » et « Le cercle des poètes disparus » et s’il y a un sentiment de déjà-vu, et derrière ça, un sentiment de lisse et propre, ce « … panache » se laisse regarder avec sa petite touche d’émotion, et même s’il n’en restera peut-être pas grand-chose d’ici quelques années, sur l’instant, cette séance de cinéma se fait plaisante.
« La réalisatrice nous entraîne dans une petite comédie dramatique sociale »
Colin vient d’emménager avec sa mère dans une nouvelle ville, afin de recommencer une nouvelle vie. Colin est bègue et pour éviter le harcèlement scolaire dont il a été victime auparavant, sa mère l’a inscrit dans le privé. Cette année-là, au sein de l’école catholique, voit arriver un professeur de français remplaçant. Un professeur quelque peu particulier, qui va transformer sa vie, et celle de tous les élèves inscris à son cours de théâtre.
« Le panache« , quatrième film de Jennifer Devoldere, est un film qui est loin d’être un mauvais film. La réalisatrice nous entraîne dans une petite comédie dramatique sociale, autour de l’école et comment un professeur peut changer la vie de ses élèves. Dans le fond, « Le panache » est un joli film, bien fait, qui se laisse regarder gentiment, et qui au-delà de ça, apporte son lot d’émotions à la fin. Avec ce récit, le film évoque des sujets importants et que l’on voit assez peu, comme le bégaiement chez un jeune. La difficulté de s’exprimer, l’assurance qu’il faut, ou encore la moquerie d’autres élèves face à cela. Avec ça, il y a l’idée du théâtre comme source d’émancipation, avec « cette libération de la parole », d’autant plus que comme son titre l’indique, le film s’arrête sur « Cyrano de Bergerac ». Les amateurs de beaux textes et belles tirades vont être servis.
« »Le panache » est un film passe-partout, qui laisse un sentiment de déjà-vu. »
Puis derrière ça, autant du côté des élèves que du côté des professeurs, Jennifer Devoldere évoque beaucoup d’autres sujets, l’homosexualité, l’acceptation de soi, les esprits fermés, notamment du côté de l’éducation nationale qui voit d’un très mauvais œil l’arrivée de ce professeur quelque peu excentrique. À bien y regarder, chaque personnage ou presque doit s’émanciper de quelque chose, que ce soit le personnage principal qui doit prendre confiance en lui et oublier les remarques des autres, ou encore cette mère de famille qui vit presque recluse, de peur que son fils grandisse et finalement arrive à se débrouiller sans elle. Même du côté du professeur de français incarné par José Garcia (qui s’offre son « … cercle des poètes disparus« ) doit s’émanciper de son passé.
En un sens, le film et son récit sont intéressants, et l’ensemble se laisse suivre avec intérêt, mais malheureusement aussi, malgré la jolie performance de ses jeunes acteurs, ou la sincérité de la réalisatrice pour ce film, « Le panache » est un film passe-partout, qui laisse un sentiment de déjà-vu. Joli et bien fait, ce « … panache » manque de caractère. Ici, tout est joli, propre sur soi et surtout, on sait d’emblée comment ce récit va se dérouler et rien ne viendra bousculer notre séance.
Ce manque d’originalité fait que finalement, même si l’on passe un sympathique moment, même si ces personnages sont beaux, et au-delà de ça, si le film se laisse suivre en faisant de mal à personne, au bout du compte, sur l’ensemble de cette année de cinéma, et plus loin encore, ce nouveau Jennifer Devoldere sera noyé dans la masse et il n’en reste pas grand-chose. Après, il sera toujours temps de le redécouvrir, car comme je le disais, le film est loin d’être mauvais ou désagréable.
Note : 10/20
Par Cinéted