mars 29, 2024

Le Cercle des Poètes Disparus – Ode à l’Anticonformisme

Titre Original : Dead Poets Society

De : Peter Weir

Avec Robin Williams, Robert Sean Leonard, Ethan Hawke, Josh Charles

Année : 1989

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Todd Anderson, un garçon plutôt timide, est envoyé dans la prestigieuse académie de Welton, réputée pour être l’une des plus fermées et austères des États-Unis, là où son frère avait connu de brillantes études.

C’est dans cette université qu’il va faire la rencontre d’un professeur de lettres anglaises plutôt étrange, Mr Keating, qui les encourage à toujours refuser l’ordre établi. Les cours de Mr Keating vont bouleverser la vie de l’étudiant réservé et de ses amis…

Avis :

Peter Weir est un réalisateur australien qui a une carrière assez prolifique, mais qui est resté dans deux domaines précis, le drame et le policier. Il commence sa carrière en 1974 avec une comédie fantastique méconnue, Les Voitures ont Mangé Paris, mais c’est en 1975 qu’il noue avec le succès grâce à Pique-Nique à Hanging Rock. Par la suite, il propose alors successivement des films qui font faire plus ou moins de bruit comme La Dernière Vague, Gallipoli ou encore Witness. Peter Weir est bien installé dans les années 80, et il va faire un immense coup d’éclat en 1989 avec Le Cercle des Poètes Disparus. Adapté librement des souvenirs du scénariste Tom Schulman, le film va être un immense succès critique et public. Porté par un Robin Williams touchant, le film va aller bien au-delà du simple drame avec des adolescents, mettant en avant des thèmes importants et bouleversants.

L’histoire du film prend place dans la prestigieuse académie de Welton, où de riches parents placent leurs enfants pour qu’ils aient un avenir brillant. Dans tout ce groupe, on va faire la connaissance de Todd, un garçon timide qui vit dans l’ombre de son grand frère, figure iconique de l’académie. Il rencontre un groupe de jeunes garçons avec qui il va se nouer d’amitié. Dans le même temps, un nouveau professeur de lettres anglaises arrive dans l’académie, M. Keating. Le film se base sur la relation très étroite que vont lier le groupe de garçons et ce professeur atypique, aux méthodes non conventionnelles. Ainsi, dans un premier temps, Le Cercle des Poètes Disparus va raconter la rencontre étrange avec ce professeur et les contraintes de certains élèves qui doivent subir les désirs de leurs parents.

La camaraderie va prendre une place très importante dans cette histoire. Todd, le timide du groupe, va petit à petit s’ouvrir aux autres. Pas forcément avec le club secret des poètes, mais surtout lorsque M. Keating le bouscule et le force à trouver en lui la confiance nécessaire pour faire de la poésie. Le personnage est touchant, et Ethan Hawke est juste dans le rôle. Pour autant, ce n’est pas lui qui va être au cœur du film, mais plutôt son acolyte, son meilleur ami, qui veut faire du théâtre, qui se découvre une passion, mais qui se retrouve brimé par son père. Le scénario ne va pas être tendre avec ce personnage qui croit en un avenir que ne veut pas ses parents. Le Cercle des Poètes Disparus devient alors un drame poignant en montrant un garçon qui s’illumine sur les planches, mais s’éteint face à un père tyrannique.

Et Peter Weir va arriver à nous bouleverser en faisant des choses très sobres. A titre d’exemple, on a vraiment la sensation que ce père n’aime pas son fils, au point de ne même pas le féliciter pour sa représentation alors qu’il a tous les honneurs. Pour autant, au détour d’une simple scène, d’une simple découverte, d’un simple « mon fils » en larmes, on va vite comprendre que ce père aimait son enfant plus que tout. C’est à la fois d’une tristesse absolue, mais aussi d’une rare justesse dans le propos et la façon de mettre cela en scène. Le seul regret que l’on peut avoir autour des personnages adolescents, c’est le manque d’équité entre eux. Si l’on excepte le rigolo de service ou encore celui qui est amoureux d’une jolie blonde, on reste un petit peu sur notre faim quant au reste de l’équipe.

La camaraderie, l’entente, l’amour, l’amitié et les destins brisés par les égos parentaux sont au centre même du métrage, pointant du doigt, par la même occasion, ces parents bourgeois qui imposent un avenir à leurs enfants, vivant à travers eux. Des parents qui refusent de voir le bonheur de leurs enfants (ou le mal-être) et qui vont trouver toutes les excuses possibles pour incriminer le professeur qui ne rentre pas dans le système. Et c’est là qu’intervient l’un des points centraux du film, l’éducation et la norme. M. Keating (formidable Robin Williams) est un professeur qui utilise des méthodes peu orthodoxes pour apprendre à appréhender les lettres anglaises. Ainsi, il commence son cours en dehors de la classe, puis il utilise tour à tour l’humour, l’expression corporelle ou encore la désobéissance pour faire sa classe et ouvrir les esprits d’une manière différente.

Le film aborde alors l’anticonformisme, le fait d’être un être unique, capable de penser par soi-même et de ne pas céder à la masse. On voit le progrès des élèves, on les voit s’épanouir, s’élever même dans leur vie de tous les jours. Sans ce professeur atypique, jamais l’un des garçons n’aurait été aborder cette jeune fille. L’autre n’aurait jamais vécu le bonheur, même fugace, d’être sur les planches. Finalement, ce professeur, malgré des méthodes qui déplaisent à un patriarche qui ne veut que l’ordre et l’excellence, rend ses élèves heureux et capables d’appréhender un monde qui cache bien des trésors. Le Cercle des Poètes Disparus est un sublime pamphlet contre le conformisme et la « normalité » que l’on place dans la réussite, alors que finalement, on ne sert qu’à fabriquer des moutons, incapables de ressentir. Là-dessus, le film est tout simplement un chef-d’œuvre.

Au final, Le Cercle des Poètes Disparus est un formidable film. Tout en sobriété mais abordant des thèmes forts et importants, il permet de percevoir les choses différemment, notamment lorsque l’on fait un métier dans lequel on est un peu anticonformiste. Incroyable ode à la vie et à la découverte par soi-même, portrait sublime d’un professeur atypique qui rend heureux, le film de Pete Weir est aussi un drame dur et poignant, qui fustige une éducation bourgeoise faite de paraître et de contraintes. Bref, un chef-d’œuvre.

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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