avril 26, 2024

The Strokes – The New Abnormal

Avis :

L’histoire de The Strokes débute véritable en 1984 alors que Julian Casablancas n’a que six ans. En effet, c’est à l’école qu’il devient meilleur ami avec Nikolai Fraiture, qui deviendra par la suite le bassiste du groupe. Mais le groupe se forme réellement sept ans plus tard, lors chanteur et bassiste se lie d’amitié avec Nick Valensi et Fabrizio Moretti, qui deviendront respectivement guitariste et batteur. Bien évidemment, il faudra attendre une bonne dizaine d’années avant d’entendre parler de The Strokes, qui perce lorsque le rock redevient à la mode. Une mode qui, pour les vieux de la vieille, a tous les aspects d’un opportunisme tout moche. Car oui, le côté sulfureux du rock a clairement disparu et ce n’est pas les quelques groupes qui chantonnent qui vont venir nous dire le contraire. Néanmoins, The Strokes tire son épingle du jeu, au point de devenir un incontournable.

The New Abnormal est le sixième album du groupe et il intervient sept ans après le précédent opus. Il arrive dans un moment un peu délicat pour le groupe, car toutes les critiques s’accordent à dire que leurs albums passés étaient des déceptions, et forcément, ce nouvel effort attendu au tournant. Produit et mixé par le célèbre Rick Rubin, cette galette portait en elle des attentes véritables auprès des fans et des critiques qui, visiblement, ne furent pas déçus. Certains y ont vu le renouveau de The Strokes, et surtout une inventivité qui fait plaisir à voir. Avons-nous écouté le même album ? C’est la question que l’on peut se poser tant tout, presque tout, semble insupportable dans ce skeud, qui est autant rock que la Reine d’Angleterre est jeune. Il est même symptôme d’un Rock nouvelle génération fade et sans aucune épaisseur.

Le premier titre est The Adults are Talking, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça commence plutôt mal. La rythmique est fadasse, on sent quelques ajouts électro pour remplir du vide, et surtout, le jeu à la gratte est très faible. Il faudra se contenter d’un tout petit riff en milieu de chanson pour avoir la sensation qu’elle est présente. Idem pour Julian Casablancas qui murmure plus qu’il ne chante, et c’est vite lassant et ennuyeux. La suite va être du même acabit, créant alors une sensation de redondance assez pénible. Non pas que les morceaux soient tous les mêmes, loin de là, puisque chaque piste a sa propre identité, mais sur le rythme, c’est d’une mollesse insupportable. D’ailleurs, ce n’est pas Selfless qui viendra nous dire le contraire, avec sa petite mélopée tristounette et ses arrangements tout moche.

Même le côté langoureux ne prend pas vraiment, et on ne sera pas touché par le morceau. Seul Brooklyn Bridge to Chorus arrive à balancer des ondes positives. Encore faut-il accepter l’omniprésence du clavier qui donne l’impression d’écouter du MGMT, certainement l’un des pires groupes associés au rock. Ici, ça fonctionne avec The Strokes qui offrent un titre sympathique, à défaut d’être incontournable. Bad Decisions, qui se fait un plaisir de reprendre un sample existant, manque cruellement d’énergie, même dans son refrain qui est pourtant facile à retenir. Quant à Eternal Summer, il donne une introduction parfaite, ensoleillée, mais le tout s’essouffle très vite quand il faut varier les plaisirs sur plus de cinq minutes. C’est bien simple, c’est trop long pour vraiment marquer, et il manque des variations au sein même des morceaux. Alors oui, le chanteur fait preuve d’un certain talent, mais c’est tout…

At the Door aurait pu être un grand morceau s’il ne se sabordait pas lui-même dans sa redondance et son clavier qui n’arrive pas à surpasser son démarrage agréable. Why are Sunday’s so Depressing manque d’un peu de tout. C’est bien simple, il s’agit d’un titre que l’on oublie très vite et qu’il faut réécouter pour se dire que, finalement, on ne passe pas à côté d’un truc incroyable. Il en va de même avec Not the Same Anymore qui flirte avec la camomille pour nous endormir. Puis le groupe termine avec Ode to the Mets, et les ajouts électro sont vraiment dégueulasses. Tout l’esprit rock a foutu le camp et on se retrouve avec cinq types qui gratouillent deux/trois notes pour se donner un genre, mais ne parviennent plus à retrouver une aura un peu grinçante et percutante. C’est dommage.

Au final, The New Abnormal, le dernier effort en date de The Strokes, est une belle déception. Si c’est ça le rock moderne, il faut mieux écouter et réécouter celui des années 70, où la prouesse technique était toujours en lien avec des mélodies catchy et entêtantes. Même si on peut reconnaître cette envie de fournir des univers différents à chaque nouvelle piste, le groupe américain finit par lasser à force de ne pas prendre de risque et de pousser la chansonnette. Bref, si nouveau Rock il y a, ce n’est pas avec cet album…

  • The Adults are Talking
  • Selfless
  • Brooklyn Bridge to Chorus
  • Bad Decisions
  • Eternal Summer
  • At the Door
  • Why are Sunday’s so Depressing
  • Not the Same Anymore
  • Ode to the Mets

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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