avril 19, 2024

The Stranger

De : Thomas M. Wright

Avec Joel Edgerton, Sean Harris, Ewen Leslie, Jada Alberts

Année : 2022

Pays : Australie

Genre : Thriller

Résumé :

Deux inconnus se rencontrent. L’un va entraîner l’autre dans une vaste et puissante organisation criminelle, lui offrant ainsi la possibilité de se racheter après un passé violent et de prendre un nouveau départ.

Avis :

Acteur à la carrière fournie, Thomas M. Wright est aussi réalisateur à la carrière qui est sur le point de changer. Natif de Melbourne, cet australien à la gueule reconnaissable s’est tout d’abord fait les armes en tant que cinéaste sur des épisodes de séries à la télévision américaine. Ainsi, il a travaillé sur des séries qui n’auront rien à voir avec le cinéma qu’il va offrir par la suite. Au programme de sa filmographie, on trouvera alors des séries comme « Dark Angel« , « Les frères Scott« , et beaucoup d’épisodes de « NCIS« . Son premier long, il le réalise en 2018. Il se titre « Acute Misfortune » et il n’est toujours pas sorti chez nous.

Quatre ans après ce premier essai, c’est au Festival de Cannes que Thomas M. Wright présente son deuxième film, « The Stranger« , un film sombre et torturé qui s’arrête sur l’une des plus grandes et ambitieuses missions d’infiltration de la police australienne. Très intéressant dans ce qu’il raconte, surtout qu’il met un peu de temps avant de se livrer, « The Stranger » va portant se faire assez inégal. Inégal entre son intrigue qui a tout pour être passionnante, et la forme que va prendre ce film, qui ne cesse de traîner en longueur pour pas grand-chose et derrière ça, Thomas M. Wright complique et noircit sa trame, alors que ce n’était là encore pas nécessaire.

2010, deux étrangers se rencontrent dans un bus de nuit. Au travers de discussions, les deux étrangers « se lient » d’amitié et le premier va entraîner alors le deuxième au sein d’une puissante et très discrète organisation criminelle. Au sein de cette organisation, qu’importe le passé et qui est la personne, le seul élément qui n’est pas toléré, c’est le mensonge. Mais en dessous de ça, se cache une mission périlleuse qui vise la résolution d’une enquête commencée huit ans plus tôt…

« The Stranger » est donc un film sombre qui va donner le ton d’entrée de jeu. La photographie est grisâtre, le son est écrasé et directement Thomas M. Wright nous fait comprendre qu’une disparition a eu lieu. D’emblée, le film pique la curiosité à vif, d’autant plus lorsqu’on découvre la tête de Sean Harris, qui pourrait en terrifier plus d’un avec ce look poisseux et barbu.

Si le scénario est basé sur des faits réels et s’aventure à raconter une enquête terriblement longue et complexe, très vite, on va se sentir comme perdu au sein de cette trame. « The Stranger » est un film qui résonne un peu comme un puzzle et évidemment, il faut que ce scénario rassemble toutes les pièces pour que le tableau se dessine et c’est de là que vient le problème de cette narration. « The Stranger » est, au départ, volontairement compliqué pour pas grand-chose, et à la place de créer du mystère, le réalisateur enchaîne les longueurs, au point qu’on finit par se demander où va cette histoire, faite de faux-semblants, d’illusions, de fausses pistes et d’interventions du duo de policiers qui enquête sur une disparition bien des années plus tôt.

Tous ces sujets peinent au départ à se rassembler et il faut donc attendre, mais heureusement, après une première heure passée dans le flou, partagée entre deux sentiments opposés, Thomas M. Wright finit par bien rassembler ces éléments et son enquête, sa mission d’infiltration, gagne en importance et en impact. Dès lors, le film prend de l’ampleur et l’intérêt ne va faire que croître, pour nous emmener sur un excellent final. Un film logique d’un côté et qui de l’autre est assez osé, car le réalisateur nous laisse libre d’interpréter ce que l’on veut.

Au travers de cette histoire, « The Stranger » nous présente des personnages complexes et fournis qui, même si l’on peut se demander où le réalisateur veut en venir, ces personnages demeurent intéressants. Puis ils sont bien tenus, avec notamment le duo Sean Harris et Joël Edgerton qui s’impose à l’écran, le premier étant énigmatique et presque flippant, quant au second, on ne cesse de se demander ce qu’il veut, jusqu’au rassemblement des pièces du puzzle.

Malgré ces bons personnages, et malgré l’intrigue qu’ils peuvent animer chez nous, il faut toutefois souligner que l’ensemble du film manque cruellement d’émotion, notamment pour le personnage tenu par Joël Edgerton, qui se révèle être très torturé et au-delà de ça, sa vie, entre parenthèses, sur une si longue durée, méritait d’être plus développée et plus émotionnelle que ce qui nous est offert-là.

Enfin, du côté de la réalisation de Thomas M. Wright, « The Stranger » est un film qui a son cachet et son empreinte. Le réalisateur nous entraîne dans un film très sombre, à l’ambiance maîtrisée de bout en bout. Franchement, cette photographie grisâtre, ce manque de vie au travers des couleurs, cette BO oppressante, et derrière ça, quelques séquences très bien fichues, notamment vers la fin, démontrent bien le talent et l’ambition de Thomas M. Wright. Après, malheureusement, tout son film n’est pas ainsi et l’on regrettera un manque de rythme, des égarements, des séquences qui se répètent et qui sonnent comme du remplissage, et des erreurs de montage, une sensation de « mal coupé », qui en plus de parfois casser le rythme, sont assez voyantes, ce qui nous sort l’espace d’une demi seconde du film à chaque fois.

Ainsi, « The Stranger » sonne comme une déception, mais une déception intéressante. S’il est vrai que le film est bien trop long et bien trop flou, surtout dans sa première partie, sur son ensemble, « The Stranger » aura su se faire intéressant, et même très intéressant, notamment dans cette mission d’infiltration qui plus elle se dévoile et plus elle gagne en ampleur, en ambition et en illusion. S’appuyant sur une histoire vraie, « The Stranger » ne bousculera pas notre année de cinéma, mais entre défauts et qualités mélangés, finalement, je ne regrette pas de m’y être arrêté.

Note : 10/20

Par Cinéted

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